Je ne suis pas étudiant, mais…

23 avril 2012Martin Méryl
Catégories : Éducation , Grève étudiante

Je ne suis pas étudiant, mais aujourd’hui j’ai manifesté. J’ai crié des slogans toute la matinée et j’ai perdu 10 ans au compteur. Je découvre que battre le pavé, ça rajeunit : c’est plutôt une belle surprise.

Oh, ce n’était pas une grosse manifestation, nous avons peu perturbé les automobilistes, mais les étudiants ne lâchent pas, même après que le gouvernement les ait une nouvelle fois rabaissés et humiliés. Parce que les mots employés par mesdames et messieurs les ministres tendent à les priver de leur légitimité, à les discréditer aux yeux de la population (nous, parents, travailleurs, épuisés et endettés) pour mieux écraser le mouvement. Diviser pour mieux régner, c’est vieux comme le monde.

Quand les jeunes demandent la tenue d’états généraux sur l’éducation, M. Charest leur répond que le « débat » qui a eu lieu au sujet de l’industrie de la construction (ou était-ce de la corruption? J’ai déjà oublié…) a été amplement suffisant ces derniers temps et que ce n’est donc même pas la peine d’y penser.

Il me semble que c’est toute la population qui devrait se sentir humiliée par ces paroles.

Et pendant ce temps-là, dans ma cuisine, dans les centres commerciaux et sur nos écrans télé… pendant ce temps-là, la masse se laisse assommer.

Pourtant, il me semble que nous n’avons pas le luxe d’être collectivement aveugles de la sorte. Nous n’avons pas le luxe de regarder l’envol et d’applaudir à la chute ; nous ne pouvons pas les laisser tomber.

Je me demande si notre société est à ce point divisée pour que nous tous, parents, retraités et adultes, laissions passer une si belle occasion de mettre cartes sur table. Et toutes les cartes. Pas seulement l’éducation, pas seulement le Plan Nord, mais aussi la santé, l’évitement fiscal, la place réelle des peuples dans le monde d’aujourd’hui. Nous devrions même aller chercher les patrons pour discuter, parce que tous autant que nous sommes, nous ne voulons pas abolir le système tel qu’il est (du moins, pas encore), mais simplement le rendre plus juste et réellement durable pour tous.

Ce que nos jeunes ont entamé, nous devrions le poursuivre. Unissons nos revendications et nos rebuffades, inspirons-nous de ceux qui luttent depuis plusieurs semaines déjà, grands enfants que nous sommes, nous qui nous plaignons sans cesse de vieillir trop vite, nous qui tentons désespérément de nous renouveler par la consommation. Changeons le cap.


Partager cet article
Commentaires