Vert est la couleur de la nation

10 octobre 2012Alexandre Demers (CREE)
Catégorie : Environnement

Que savons-nous vraiment de la gestion des déchets au Québec? Sommes-nous réellement des leaders en matière de recyclage tel que notre gouvernement veut l’entendre? La réponse à ces questions peut en frapper plus d’un : c’est non. Le documentaire PouBelle Province de Denis Blaquière, fait le tri des différentes pratiques en matière de gestion des matières résiduelles au Québec.

Le message est clair : la population du Québec produit beaucoup trop de déchets par rapport à ce qu’elle est capable de traiter. Malgré la popularité du recyclage dans de nombreux foyers, on enfouit encore beaucoup trop de déchets, et, trop souvent, au même endroit. La grande majorité des déchets (75 % de toute la production québécoise) sont enfouis dans 5 méga-dépotoirs. En raison de la faible efficacité des centres de tri et de leur survie précaire, la matière recyclable ou compostable se retrouve dans ces mêmes dépotoirs.

Le réalisateur Denis Blaquière (Sans banque et sans regret) dresse ici un triste portrait de la province et condamne le manque de volonté de nos gouvernements. Les centres de tri peinent depuis des années à effectuer efficacement leur travail. Quatre grosses compagnies gèrent avec un quasi monopole l’enfouissement des déchets et offrent un prix si bas qu’elles font concurrence déloyale aux centres de tri. Pourquoi les citoyens paieraient-ils pour recycler quand on peut enfouir ses déchets au rabais?

À ce sujet, le gouvernement ne légifère pas assez sur la question d’enfouissement, au point où aucune demande d’agrandissement de méga-dépotoirs n’a été refusée en 15 ans. Avec les coupures au Ministère de l’Environnement, la surveillance et l’analyse de la conformité des dépotoirs ont été reléguées non pas à une équipe externe, mais au dépotoir même. Autrement dit, faute d’argent, on se base sur la bonne foi de ces compagnies.

Comme l’ont déjà fait bien des documentaristes avant lui, Blaquière réalise un film-choc combinant drame et cynisme. Cette technique provocante peut en décourager plus d’un lors du visionnement sans tomber dans les complaintes déchirantes de Michael Moore ou les théories du complot qui tapissent le Web. On veut faire réagir les gens, en montrant la paresse du gouvernement et les failles du système. Le spectateur se doit d’être alerte à cette technique de réalisation pour bien assimiler le message : la réalité du recyclage n’est pas aussi verte que l’on pense. Pour éveiller la conscience chez la population, il ne suffit pas de leur montrer le fond de leur poubelle. Il faut leur pointer où vont leurs déchets et qui les traite. PouBelle Province, malgré ses quelques faiblesses techniques et son cynisme, mérite d’être vu par tous ceux qui doivent être conscientisés : la population et nos gouvernements.


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