Quand l’endettement dépasse l’entendement

19 décembre 2012Vanessa Cournoyer-Cyr
Catégorie : Économie

Le temps des Fêtes est généralement une période de réjouissance et de retrouvailles en famille. Pour plusieurs, la période de festivités est aussi synonyme de dépenses et d’endettement. D’ailleurs, les Québécois dépensent en moyenne entre 400$ et 600$ pour faire plaisir à leurs proches à Noël. La carte de crédit devient alors une alliée précieuse dans la chasse aux cadeaux. Rapidement, elle peut toutefois devenir notre pire ennemie car qui dit carte de crédit, dit souvent endettement!

En effet, au lendemain des Fêtes, le réveil est souvent brutal pour de nombreuses familles. Plusieurs Québécois se sentent étouffés par leurs dettes des fêtes qui s’ajoutent à leurs dettes courantes et se retrouvent alors dans une spirale de l’endettement, où le recours au crédit devient la seule solution.

Un problème croissant

En octobre dernier, on apprenait que l’endettement des Canadiens atteignait un niveau record. Longtemps calculé en fonction des ménages canadiens et des organisations à but non-lucratif, le taux d’endettement a été revu pour n’inclure que la part des ménages canadiens. Surprise : l’endettement s’élevait alors à 162% de la valeur du revenu disponible, plutôt que 151% tel qu’estimé antérieurement. Cela signifie que pour chaque dollar durement gagné, les Canadiens doivent rembourser 1,62$. Prêt hypothécaire, prêts étudiants, carte de crédit, marge de crédit, les Canadiens ont de plus en plus recours au crédit. Pourquoi?

De nos jours, l’accès au crédit est de plus en plus facile. Les banques proposent plusieurs produits de crédit, tous aussi complexes les uns que les autres. Les Canadiens ont d’ailleurs de la difficulté à s’y retrouver dans cet univers de taux d’intérêt, d’amortissement et de paiements minimaux. En plus de s’endetter, les Canadiens semblent sous-estimer le rôle de l’épargne sur leur santé financière. Les statistiques sont assez éloquentes en ce sens : les Canadiens mettent de côté seulement 5% de leur revenu pour parer aux imprévus. C’est le plus bas niveau d’épargne enregistré au Canada. On est bien loin du 20% de taux d’épargne de 1980. Qui plus est, une personne sur trois ne met pas d’argent de côté, devenant du même coup beaucoup plus vulnérable à l’endettement. Les ménages à faible revenu et les jeunes adultes sont les plus à risque lorsqu’il est question d’endettement, de même que les personnes faiblement scolarisées qui ont souvent des difficultés en compréhension de texte et en mathématiques. Les conséquences de l’endettement peuvent être importantes : anxiété, conflit, rupture, maladie, épuisement…

Pièges à éviter

Alors, comment ne pas tomber dans le piège de l’endettement? En apprenant à mieux gérer ses finances personnelles! La première étape pour y parvenir est la réalisation d’un budget. Même s’il semble un peu rébarbatif, le budget est un outil indispensable qui permet de faire le point sur ses revenus et ses dépenses. C’est l’occasion de revoir certaines dépenses. Par la suite, les différentes options d’épargne doivent être envisagées. Les experts s’entendent sur un point : 10% de notre revenu devrait être économisé pour faire face aux imprévus.

Quant au crédit, il ne doit pas être vu comme le diable incarné. Quand il est utilisé judicieusement, il peut être très utile. Surtout, il ne doit jamais être considéré comme un revenu, mais plutôt comme un coup de pouce temporaire. Un petit truc? Payer son solde de carte de crédit au complet à tous les mois évite de payer des intérêts. Il faut garder en tête que l’intérêt sur le crédit peut faire gonfler une facture de façon très importante.

De l’aide

La question de la littératie financière, c’est-à-dire l’acquisition de connaissances, de compétences et d’une confiance en soi permettant la prise de décisions financières réfléchies, gagne en importance au sein des organisations. En 2009, le gouvernement fédéral a d’ailleurs créé le groupe de travail sur la littératie financière, chargé de le guider dans l’adoption d’une stratégie nationale. Sur le terrain, plusieurs organisations ont décidé de s’attaquer à ce problème d’illettrisme financier. Depuis septembre dernier, le Centre de services éducatifs populaires du Haut-Saint-François (CSEP) mène un projet visant à permettre aux adultes faiblement scolarisés fréquentant le CSEP d’acquérir les connaissances requises pour avoir des comportements avisés et responsables en ce qui a trait à la consommation des produits financiers. Situé à East Angus, le CSEP propose 6 ateliers de formation sur les thématiques de l’endettement, de l’épargne et de la fraude. Un guide pédagogique sera bientôt élaboré et distribué à l’ensemble des organismes communautaires désirant implanter une démarche d’éducation financière dans leurs activités.

D’autres organisations de la région ont emboité le pas afin d’aider des groupes de personnes à assainir leurs finances personnelles. Créée en 2011, l’Académie du trésor est un projet éducatif implanté dans certaines écoles de la région et dont le but est de transmettre des outils et des connaissances essentielles à la santé financière de chaque individu. L’ACEF de l’Estrie offre également des services de consultation aux personnes à faible revenu aux prises avec une situation financière difficile. Enfin, Solutions Budget plus concentre notamment ses efforts sur les services de consultation budgétaire et de cliniques d’impôt.

Pour éviter que le temps des Fêtes devienne à nouveau un cauchemar et dire adieu à l’endettement, il faut donc être en mesure de prendre en main ses finances. Cela passe par une meilleure compréhension du crédit, de la consommation, de l’épargne, du budget… Apprendre à mieux gérer ses finances personnelles pour moins s’endetter, une bonne résolution à l’approche de la nouvelle année!

L’auteure est chargée de projet en éducation financière au CSEP. Pour questions et information sur le projet mené par le CSEP, contactez l’organisme à csep@videotron.ca ou au 819-832-4059.


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