#napomo

18 avril 2015Collectif Entrée Libre
Catégorie : Poésie

Des poètes se sont appropriés avril et l’ont déclaré mois de la poésie. Merci.

Anthony Lacroix

dans notre ligue
y’avait
deux teams:
le silence
pis la poésie

j’ai pitché mes émotions
au centre
sans rien espérer
de ben grand

le regret
ça fait
partie de la game

y’a rien qui se passe

comme à tv

on joue away

pas de pauses
pas de fans

juste toé
moé

nos genoux qui flanchent

pis des mots
qui résonnent
partout dans le corps

comme un snap
pas de gants
qui rate
le net

scrape la vitre
pète la sonnerie

c’est 4 à 3
dans le public
qui se lève
Jean-Benoit Baron

Du temps
Du temps pour accomplir
Du temps pour s’affranchir
Du temps à gagner
Du temps à donner
Du temps des cathédrales
Du temps de la gale
Du temps du bon
vieux temps
Du temps de nos
grands-parents
Du temps qui était là
Du temps que je n’ai pas
Selma Tannouche Bennani

Le café glacé
Le gros manteau évincé
La goutte de sueur sur le dos
Les baskets d’ado
La banquette colorée
Le jeune homme concentré
Les feuilles de révision
Les prémices de la fin de session
Les bourgeons comme des verrues
Les chiens dans la rue
Les démarches ralenties
Les styles extravertis
Le retour de la séduction
Les désirs en action
En avril, découvre-toi d’un fil
Y’a l’espoir qui se faufile
Amélie Aubé Lanctôt

un coup de marteau par-ci,
un coup de marteau par-là
tu travailles fort pour te bâtir
une quelconque réussite

si petite,
si géante soit-elle

la vie est un clou qu’on enfonce jusqu’au bout

bon an, mal an

tu marches au rendez-vous
de la ligne d’arrivée

avec juste assez de gaz
pour rêver à côté

tu poursuis ton étoile

peu importe
son éclat
Marianne Deschênes

Je me surprends encore
à penser à toi
Doux souvenirs
aux creux de tes bras
Tes courbes sinueuses
tes falaises abruptes

Je niche chez ta jumelle
sur le bord de la rivière
Ce n’est pas ton fjord,
mais elle me rappelle
combien haute au nord
était la montagne
avant de revenir jusqu’ici

Je gravis des échelons
loin de ta côte
Toujours je resterai chétive
au versant de ses voûtes paisibles
Sécurisante et délicieuse
à la culture abondante
Catherine Migneault

out
de batterie
devant l’omniprésent
achalandage
de la caisse
auto tamponneuse

défraie-moi
mes coûts
hypoglycémiques
et mon insouciance frénétique
à refuser tes air miles

papier, plastique, panier
à répéter trois fois par jour
avec un indice de glucose
de gras et d’amnistie
Sophie Jeukens

mon pays le sais-tu
que j’ai la lutte courailleuse
la colère freestyle
qui ouvre les jambes
au plus offrant

je me bats comme on baise
dis-tu
pour rien
à bâtons rompus
dans la nuit râpeuse

juste pour faire
des fuck you à la mort
débaptiser ton corps
et le ramancher d’un seul coup

je me bats
pour chier du vivant
me fourrer de l’humain
dans toutes les craques
des creux

pour extirper de mon ventre
notre révolte
comme un enfant
Isabelle Boisclair

Une larme de sel
Une vallée de larmes
Une bordée d’injures
Une pelletée de cochonneries
Une brassée de linge sale
Une pincée de poivre
Une goutte de rhum
Une bonne dose de courage
Une cuillerée de maalox
Un doigt d’honneur
Un char de police

Avec un peu de feu
Pour faire un printemps
Rassa Faray Koubideh

C’est le bruit du papier qu’on froisse
Du vêtement qu’on frôle
Du poil qui se dresse
Sur la peau qui frissonne
Du fil qui cède
Dans l’ampoule qui grille
De la brindille qui craque
Dans le feu qui dort

C’est la fin d’une chanson

C’est la salle qui se rallume
Dans le cinéma
C’est les gens qui partent
Pendant le générique

Un homme qui crie
Longtemps dans la nuit
Un ongle cassé
Un robinet qui fuit

Un putain de bris de craie

C’est un peu ça
Que ça me fait
En dedans
À chaque fois
Nathaniel Allaire Sévigny

T’avais 7 ans 3/4
Pis tu voulais que j’te parle du soleil.

J’avais les yeux rougis
Par la fatigue
De ma vie.

T’avais une robe bleu
De ciel
Pis l’allégresse des dimanches matins.

Tu flottais à la verticale
Entre mon café
Pis ton infini.

Ton frère fabriquait du temps
À coup de 100 pièces
Pis de patience.

Il m’a dit:
C’est toi le plus beau jour
De toute ma vie

Tu m’as dit:
Oh my gosh
Oublie pas ta passe

C’est toi qui fabrique ma poésie.
J’ai jamais su rien inventer d’autre
Que le réel.
Marie-Pier Boisvert

Non, reste là, je te ramasse chez vous
Faut ben que ça serve à quelque chose d’avoir un char
C’est juste deux heures, une heure et d’mie si on roule vite
Ils et elles seront encore là, je les connais
assis en tailleurs sur le béton, les 100, les 200, peut-être 300 par le temps qu’on arrive.
On va leur dire: on est venus de Sherbrooke pour se faire tabasser par votre police ou par
votre recteur
Ou ben on dira rien on va juste s’assoir
Pis se bercer
fredonne que’q chose sur le beat des
caméras qu’on arrache
chante-moi « fuck toute »
en faisant des claquettes sur la vitre concassée

En Caroline du Sud la scène du crime a été filmée
le policier qui a tué de sang-froid un homme that happens to be black va subir un procès pour meurtre

si à soir je manque de batterie dans mon cell
On va-tu être correct
tu penses
J’aimerais mieux le slogan
«Étudiant-e-s partout, police nulle part»
Frank Poule

manuel de préservation de la bonhommie face à la pornographie des malheurs

Rire de tout
Rire pour rien
Rire tout doux
Rire fort
Rire tout seul
Rire ensemble
Rire gras
Rire acide
Rire à plus soif
Rire de moi-même
Rire inégal
Rire par le nez
Rire par le ventre
Rire dans ma tête
Rire des pouvoirs
Rire différent
Rire diffamant
Rire de mes peurs
Rire quand tu me touches le bout de l’âme
Rire animal
Rire en baisant
Rire de mon corps
Rire du tien
Rire des erreurs
Rire vaudevillien
Rire des machines
Rire des menaces
Rire des malaises
Rire excité
Rire machiavel
Rire parapluie
Rire paravent
Rire en pleurant
Rire dans mes rêves
Rire dans les tiens
Rire de la mort
Rire de la mort
Rire de la mort
Rire de la mort
Rire de la mort
Sylvain Bérubé

Fuck toute
Love toute


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