Une impression des Cabarets Well-King

18 avril 2015Alexandre Demers
Catégorie : Paroles

Sortez vos habits du dimanche, on fait la fête jeudi! Depuis 2013, les artistes de tout acabit peuvent se réunir au centre de diffusion ArtFocus pour présenter leur projet grâce aux micro-ouverts des Cabarets Well-King. Pour l’occasion, j’ai rencontré les créateurs des Cabarets, Jean-François Vachon et Mathieu Proulx, afin d’en apprendre plus sur les dessous de ce projet.

(AD) D’où vous vient cette idée de créer les Cabarets Well-King (CWK)?

(Mathieu Proulx) Il n’y avait pas de micro-ouvert qui permettait aux gens de faire autre chose que de la poésie ou du slam. Moi au départ, je faisais du rap et j’aurais aimé arriver quelque part et faire une toune de rap aux gens sur le coup…

(Jean-François Vachon) C’est similaire pour moi. J’ai commencé par faire des monologues humoristiques sur la scène de slam au Tremplin. L’idée est venue ensuite d’avoir un micro-ouvert pour toutes sortes de performances. On s’est dit faut faire quelque chose d’original, pas juste que ça soit un micro-ouvert parmi tant d’autres (malgré qu’il n’y en avait pas tant d’autres), et avoir un concept accrocheur. J’sais pas d’où est partie l’idée des chapeaux, mais on a pensé à toi Alex comme source d’inspiration: on pourrait faire un cabaret un peu vintage années 30. Alors on a ajouté à ce concept-là une animation humoristique pour rendre ça intéressant.

Votre plus beau moment, selon vous, depuis le début des Cabarets, ça serait quoi?

(MP) Un de ceux que je me souviens, c’est la performance de Vincent Poirier. Il a une bonne carrière en 20 ans comme musicien et comme prof de musique. Même s’il n’avait jamais fait ses propres chansons, il a accompagné ben du monde et en a aidé d’autres avec leurs compos. Vincent a un peu au-dessus de 40 ans et il est venu faire ses chansons pour la première fois. Et il était super nerveux. De voir cet homme-là avec son charisme et sa carrière venir aux Cabarets pour lancer ses premières tounes, j’ai trouvé que c’était un beau moment.

(JFV) En septembre dernier, on a fait une collaboration avec la Cuvée Artistique de l’Estrie. On a monté une soirée spéciale avec les artistes de la Cuvée où ils pouvaient produire leur matériel. En juillet, dans le cadre du Camp artistique de l’Estrie à l’Auberge la Grande Ligne à Racine, on a aussi fait un spécial avec une très belle ambiance. Ce qui est important à mentionner, c’est que nos soirées sont multidisciplinaires. Il y a encore du monde qui pense que c’est juste du slam ou juste de l’humour. L’agencement des numéros peut être très intéressant. Tu peux avoir de la musique, puis un numéro d’humour, puis un texte.

À quoi le public peut s’attendre de voir au CWK en 2015?

(MP) Heu nous-mêmes, on le sait pas ce qu’on va avoir comme invité. Le public peut donc s’attendre à être surpris?

(JFV) On a des artistes invités un peu d’avance comme Sébastien Doyon en avril. Si tout va bien, on va refaire le cabaret de juillet dans le cadre de la Cuvée. On a aussi un gros projet avec MAtv où on fait des capsules avec eux. L’artiste invité est automatiquement invité à l’émission Lezarts où on pose, Mathieu et moi, des questions sur ce qu’il fait. Aussi, on va chercher l’artiste dans une mise en situation, fictive, soit chez lui ou en prison. Les capsules sont ensuite mises en ligne. À chaque fois, on a une totale liberté sur le scénario qu’on peut faire. Tout ça va nous permettre, on l’espère, de faire la promotion des Cabarets dans la même ambiance ludique et décontractée que dans les soirées.

Quel serait votre invité de rêve, quelqu’un que vous aimeriez voir aux Cabarets, fictif ou non? (oubliez-moi comme je suis déjà passé par là)

(MP et JFV) Mesmer ou du style, mais on serait déficitaire pendant une couple d’années.

Pourquoi Mesmer?

(MP) Ce qui rend la scène des Cabarets vraiment intéressante, c’est qu’on accepte vraiment de tous les genres et on aimerait vraiment des propositions de performances intéressantes. Par exemple, un gars qui avale des couteaux, un magicien, un mime, ou des trucs qu’on n’est vraiment pas habitué de voir. Ça serait vraiment rafraîchissant.

(JFV) Ce qu’on a découvert avec le temps, c’est que le premier public des Cabarets, ce sont les artistes et un de nos objectifs, c’est de devenir un lieu de réseautage. Par exemple, on aimerait ça savoir où se tiennent les artistes à l’université. On aimerait ça faire le tour des organismes qui regroupent les artistes et qu’on puisse y faire la promotion des Cabarets et qu’on nous suggère des artistes invités.

D’où la collaboration avec la Cuvée, le Slam du Tremplin, les Écritures du dimanche et le Festival du texte court?

(JFV) Oui! Et on veut faire d’autres endroits: on va regarder avec le cégep, les écoles, les conservatoires, etc.

(MP) Avant tout, c’est une scène qui existe POUR les artistes qui veulent performer sur la scène. C’est aussi la meilleure place pour se roder et acquérir de l’expérience. On donne aussi un accès facile et intéressant pour tout artiste qui a envie de commencer. C’est bon pour nos carrières, ça nous fait prendre de l’expérience aussi, mais en même temps, c’est une façon d’aider la communauté artistique.

Quel genre de message vous aimeriez lancer à la relève?

(MP) Si vous pensez avoir du talent: venez! Osez sortir de votre chambre, de montrer vos chansons à vos amis, venez affronter le vrai monde, c’est la meilleure manière de se construire en tant qu’artiste.

(JF) Venez aux Cabarets essayer vos choses, de nouvelles tounes, faut le mentionner on a des gens très généreux comme on a un technicien de son qui vient aux Cabarets pour une somme très généreuse.

Un message à faire aux vieux de la vieille et aux vétérans-artistes?

(MP) Faut jamais prendre pour acquis son art. C’est pas parce que t’as fait beaucoup de spectacles que tu peux dire «j’ai pas besoin de me renouveler, j’ai trouvé la recette.» C’est toujours important pour les vétérans qu’ils gardent en tête de rester actifs à créer du nouveau matériel, de pousser un peu plus loin leur talent et aux Cabarets, c’est une excellente place pour roder du nouveau matériel. C’est un peu le rôle des vétérans d’aider les artistes qui débutent et d’être du mentorat. C’est intéressant d’avoir des vétérans qui viennent aux Cabarets: ça m’inspire.

(JF) On a des artistes de tous les âges et de tous les styles. L’aspect important toutefois: il faut que ça soit du matériel original. On n’est pas ouvert aux interprétations et il faut que l’artiste ou le groupe ait écrit la chanson. Si on veut, c’est la seule restriction.

(MP) Dernière chose: les Cabarets, c’est pas juste pour les artistes invités. Ceux qui ont des chansons ou textes peuvent venir au micro-ouvert et faire leur performance. Après, ils ont de la rétroaction des autres. On prend un verre, on jase, on a du plaisir garanti. C’est plus amusant venir aux Cabarets que de rester dans ton salon.


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