On n’augmentera pas les frais de scolarité, mais…

16 septembre 2015Sylvain Besombes
Catégorie : Éducation

Le mois de septembre arrive à grands pas. En plus de la belle température, il amène les fameux 5 à 8 et les agréables soirées sur le bord du feu. Au grand bonheur (ou malheur) de certains, le mois de septembre sonne aussi le temps de la rentrée scolaire. Qui dit retours à l’université dit achat de livres et, surtout, la fameuse facture bien salée des frais de scolarité. Qu’est-il arrivé avec cette fameuse facture?

En 2012, plus de 200000 étudiants manifestaient leur désaccord avec l’augmentation des frais de scolarité imposée par le Parti libéral québécois. De telles augmentations ne visaient qu’à économiser un maigre 216M$ en 5 ans.

La voix des étudiants entendue, l’ancien Parti québécois abolit cette mesure promettant de ne jamais toucher aux frais de scolarité. Réflexion faite, durant leur mandat de 2012 à 2014, on n’augmentera pas les frais de scolarité, mais on y ajoutera une indexation de 3% en plus d’une diminution des crédits d’impôt qui chuteront à 8% au lieu de 20%. Morale de l’histoire, mieux vaut attaquer les étudiants de dos que de les attaquer de face.

Bien qu’éternels rivaux, le Parti libéral et le Parti québécois semblent bien s’entendre sur cette belle morale. Philippe Couillard promet aux étudiants de ne pas toucher leurs frais de scolarité avec ses mesures draconiennes visant le Saint-Équilibre Budgétaire. Effectivement, on n’augmentera pas les frais de scolarité, mais on coupera plus de 350M$ à l’enseignement primaire et secondaire, plus de 125M$ à l’enseignement supérieur en plus d’imposer un quasi-gel budgétaire de 0,2% au secteur de l’éducation pour 2015-2016.

Au lieu de s’attaquer aux étudiants, le gouvernement s’attaque à l’éducation elle-même. À Sherbrooke, on traduit les effets de cette attaque par la fermeture précipitée de la Faculté de théologie et d’études religieuses, par l’abolition et la fermeture de 102 postes à l’Université de Sherbrooke de l’automne 2014 à l’hiver 2015, par une diminution de 167 chargés de cours en plus d’une fusion forcée entre l’UdeS et Bishop pour réduire les coûts liés à l’administration. Il y a de quoi s’alarmer pour l’avenir de l’éducation supérieure en Estrie.

Le maire de Sherbrooke, Bernard Sévigny, est tout aussi inquiet de la situation. Il confie à La Tribune qu’on «fonde le développement d’une ville universitaire sur le savoir alors c’est effectivement préoccupant de voir le manque d’intérêt de la part du gouvernement». Le maire indique que, toutes coupures provinciales confondues, la région de Sherbrooke se voit amputée de 50M$.

Martin Coiteux, président du Conseil du Trésor, se veut rassurant pour les jeunes en évoquant que «L’effort de retour à l’équilibre budgétaire vous place au cœur des priorités de l’État. Les gestes que pose le gouvernement sont tout particulièrement destinés à votre génération». En réalité, le gouvernement rétablit l’équilibre budgétaire en créant un déficit social.

On n’augmente pas les frais de scolarité, mais on diminue la qualité de l’éducation. Le gouvernement a compris que s’il ne peut frapper le secteur de l’éducation de face, il peut le poignarder de dos à coup de restrictions budgétaires.

Selon le MELS, les écoles secondaires souffrent d’un taux de décrochage scolaire avoisinant les 16%. De plus, selon le Ministère de l’Éducation, Enseignement supérieur et Recherche, seulement 30% des diplômés vont vers des études postsecondaires. Il est plus que temps que Monsieur Couillard s’affirme comme le véritable «allié des jeunes» et qu’il protège notre bien le plus précieux, notre éducation.


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