Un urubu est parti en voyage (Les bonnes intentions, épisode 4)

30 août 2016Evelyne Papillon
Catégorie : Les bonnes intentions

Cette année, nous sommes deux pour les vacances. Ça veut dire à la fois plus de possibilités et plus de compromis. Je dis à Martin que pour les vacances, on peut faire n’importe quoi sauf du camping ou des trucs chers. J’aime la campagne à petite dose, mais l’offre culturelle de la ville me manque rapidement. On a décidé d’aller faire un tour à Montréal quelques jours, ville où le choix d’activité pullule, mais avant on arrête à Saint-Jude pour découvrir Chouette à voir.

On s’assoit dans l’herbe. Une dame arrive avec un oiseau de proie qu’elle nous présente. Je tripe parce que ces oiseaux sont souvent à des distances qui ne permettent pas de bien les observer. J’apprends que les grands-ducs peuvent chasser même des moufettes.

Vers la fin de la présentation, on nous demande de ne pas bouger parce qu’un urubu à tête noire volera parmi nous. L’urubu, c’est un peu notre vautour. Mon cœur bat vite lorsque je sens une de ses plumes frôler mon oreille. Je suis tellement privilégiée! Dans ce refuge, on retrouve des oiseaux blessés en provenance de partout au Québec. Ils arrivent par boîte par la poste expresse. Certains seront réintroduits en nature, d’autres ayant un handicap majeur (problème de vision, membre manquant, etc.) seront gardés pour faire de l’éducation. Je ressors de là reconnaissante et émue.

Nous avons choisi un hôtel près du stade olympique parce que c’est proche d’attractions intéressantes: Jardin botanique, Biodôme, Insectarium, Planétarium. Martin voudrait tout faire, mais je le modère. On est mieux de passer plus de temps à un ou deux endroits et d’en profiter vraiment que de courir partout. Martin se rend compte à l’aide du site Internet que le Jardin botanique est en réfection. Pas moyen de visiter le jardin chinois, son préféré. Je suggère donc le Biodôme, moi qui ne suis jamais rassasiée d’en apprendre plus sur les animaux.

On arrive là et c’est bondé. On sait qu’il y a un animal à observer dans la forêt tropicale quand tout le monde regarde dans une même direction. J’aperçois un paresseux, hissé au plus haut point sur une branche. Martin a un faible pour le mignon singe tamarin. Dans notre climat, on peut apercevoir des loutres dormir collées, mais on ne voit même pas leur visage. Une mère lynx et son petit dorment eux aussi. Par contre, les ratons laveurs sont bien actifs… mais qu’est-ce qu’on s’en fout de ceux-là! Ce que j’aime du Biodôme, c’est qu’il faut chercher les animaux un peu. Ce que j’aime moins, c’est qu’il n’y a pas le nom de chacun et il n’y a pas des tonnes de guides à qui on peut poser des questions.

En sortant de là, nous mangeons un lunch rapide et nous repartons vers le Planétarium. Je ne sais pas si c’est la concentration que j’ai mise dans l’observation d’animaux, mais je me sens fatiguée. L’exposition au Planétarium me semble soit s’adresser aux enfants, soit aux initiés. C’est trop abstrait pour mon état d’esprit. Mais c’est sans importance, car Martin nous a réservé des billets pour deux présentations dans un dôme 360. Décidément, nous aimons les dômes aujourd’hui! La première partie est un film sur les astéroïdes. J’y apprends que l’idée de les faire exploser en cas de collision avec la Terre est plutôt farfelue (maudits films américains), on peut simplement faire dévier l’astéroïde.

Mais c’est le deuxième film qui nous fait vraiment voyager. Nous allons sur Mars, pas une reconstitution, mais de véritables images qu’un robot a prises. On apprend que Mars est une planète rouge parce qu’elle a déjà eu de l’eau et du fer et qu’elle a en quelque sorte rouillé. L’homme qui commente le film nous explique qu’on peut la voir au télescope. Par contre, il déplore la pollution lumineuse de Montréal. Il faut bien passer des vacances dans la grande ville pour entendre un citoyen lui-même la dénigrer!

Arrivée à l’hôtel, le soir, je suis brûlée. On s’est acheté du cidre, mais on a oublié l’ouvre-bouteille. J’observe mon environnement, c’est ce que j’ai fait toute la journée après tout, et je trouve des poignées de tiroir qui pourraient faire l’affaire comme point d’appui. Martin parvient à ouvrir le cidre non sans faire quelque broue sur le tapis. On démarre le bain-tourbillon, j’essaie de ne pas penser au gaspillage d’eau. On macère, on boit, puis on dort comme des bébés.


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