Farandole (La nuit de Noël, épisode 2)

15 décembre 2016Pier-Luc Brault

C’était le 22 décembre, et Romarin venait de compléter sa dernière journée de travail avant les vacances des fêtes. Il avait trouvé Bradley particulièrement irritable ce jour-là. C’est donc avec un soupir de soulagement qu’il enfila ses bottes et son manteau, et quitta la résidence officielle du Père Noël après lui avoir souhaité de joyeuses fêtes. C’est d’un pas léger qu’il se rendit au stationnement du Palais pour y retrouver sa voiture. Il prit place à l’intérieur du véhicule, avant de mettre la clé dans le contact et de démarrer le moteur.

Romarin passa une dizaine de minutes à sillonner les rues tranquilles de Trèsaunord, avant d’emprunter une route rurale qui le mena au beau milieu d’une immense sapinière, à une vingtaine de kilomètres de la zone urbaine. Il immobilisa son véhicule devant un enclos abritant quelques rennes et deux ou trois pingouins. À côté de l’enclos, se trouvait une chaumière chaleureuse, la seule résidence à une lieue à la ronde. En cette veille des fêtes, la maison brillait de mille feux. C’était assurément l’endroit le mieux décoré de la Principauté.

Le lutin ouvrit sa portière pour sortir de sa voiture. Après avoir ramassé sa mallette sur le siège arrière du véhicule, il se dirigea d’un pas tranquille vers sa demeure, s’arrêtant au passage pour caresser les deux rennes venus l’accueillir. Il poursuivit ensuite son chemin jusqu’à la porte. Sitôt ouverte, il fût attaqué par une fillette déguisée en pirate et armée d’une épée en mousse. C’était Farandole, sa fille cadette, terreur des mers de l’Arctique. Elle s’enfuit à l’autre bout de la pièce après lui avoir asséné trois coups de sa lame inoffensive.

— Attends un peu que je t’attrape, moussaillonne! s’exclama Romarin d’une voix faussement menaçante en ôtant ses bottes en vitesse.

Puis le lutin poursuivit sa fillette sous le regard amusé de Marie-Noëlle, son épouse, qui les observait en posant les dernières décorations sur l’immense sapin qui régnait en maître dans le salon de la maisonnette. Romarin parvint à attraper Farandole juste en haut de l’escalier reliant l’étage au rez-de-chaussée. Il entreprit de la chatouiller avec grand enthousiasme.

— Qu’as-tu à dire pour ta défense, jeune pirate?

— Hihihi! Hahaha… Arrêt-te, papa-haha!

— C’est tout? rétorqua Romarin en interrompant les chatouilles. Je dois m’avouer un peu déçu! Je croyais avoir devant moi la terreur des mers de l’Arctique.

— La terreur des mers de l’Arctique est trop fatiguée pour ce genre de sottises, répondit Farandole d’un ton faussement hautain en se libérant de l’étreinte de son père. Maintenant que tu m’as attrapée, tu vas devoir me raconter une histoire.

— Ah bon? Laquelle? demanda Romarin en feignant l’ignorance.

— Tu le sais bien! Celle des Noëls d’antan, comme chaque année!

— Ah, cette histoire-là! Tu sais, Farandole, je crois que cette année, j’ai encore mieux à t’offrir qu’une histoire.

La fillette prit un air intrigué.

— Qu’est-ce que c’est?

— C’est une surprise. Commence par aller te brosser les dents et mettre ton pyjama, je te rejoins dans ta chambre dans cinq minutes.

La fillette ne se fit pas prier pour courir à la salle de bain et empoigner sa brosse à dents.

Lire la suite du roman-feuilleton La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala


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