L’inclusion de la population immigrante à Sherbrooke

29 octobre 2017Sarah Beaudoin

Voyant que l’enjeu de l’inclusion de la population immigrante sherbrookoise avait très peu été discuté durant la campagne électorale municipale, Monsieur Mohamed Barouti, candidat pour Sherbrooke Citoyen dans le district de Saint-Élie, m’a approché en soulignant ce fait et en incitant le Journal Entrée libre à rédiger un article sur le sujet. Les organismes communautaires en lien avec l’accueil et l’inclusion des personnes immigrantes de toutes origines ont été approchées afin de prendre part à la rédaction de cet article ainsi que certain.e.s candidat.e.s au poste de conseiller municipal représentant bien cet enjeu du fait de leur statut d’immigrant mais également du fait de leurs implications bénévoles.

Le Service d’Aide aux Néo-Canadiens (SANC), fondé il y a de cela 63 ans, est un organisme sans but lucratif ayant pour principale mission d’accueillir les personnes immigrantes, surtout de statut de réfugié.e, afin de faciliter leur intégration dans la vie socio-économique québécoise et les guider dans celle-ci. Madame Mercedes Orellana, directrice générale du SANC, nous a mentionné ceci:

« La structure des instances décisionnelles telle Destination Sherbrooke n’est pas faite pour avoir des représentants de certaines clientèles tels que les personnes immigrantes, ou les personnes handicapées, ou les personnes judiciarisées, etc. Toutefois, ce qui est primordial c’est d’inclure dans les préoccupations de ces instances décisionnelles la réalité des personnes immigrantes dans leurs décisions, et ce, dans l’optique de faciliter l’accès aux services de la municipalité. »

Actions interculturelles en est à sa 27e année d’existence. La mission principale de cet organisme sans but lucratif est de valoriser la diversité culturelle pour montrer les gains possibles que l’inclusion des personnes immigrantes peut amener. L’organisme focalise ses actions sur trois volets concernant l’inclusion des personnes immigrantes, soit l’organisation d’activités de sensibilisation et d’information sur la réalité immigrante, la gestion de la diversité culturelle (recherche d’emplois, création de programmes de financement, formations, etc.), ainsi qu’un volet recherche en collaboration avec l’Université de Sherbrooke. Monsieur Mohamed Soulami, directeur général d’Actions interculturelles, nous a mentionné ceci :

« Bien que la Ville ait un assez bon contact avec la population immigrante, il y a toujours des améliorations à apporter. Parmi elles, il y a la création d’emplois diversifiés au sein de l’appareil fonctionnel de la Ville. Il y a très peu d’emplois pour les personnes immigrantes et, bien que quelques emplois aient été créés à la Ville, on trouve ça dommage que ce soit seulement à un niveau, on aimerait que les personnes immigrantes puissent s’intégrer à tous les niveaux à la Ville. Il y a aussi un problème de rétention de la population immigrante. Il serait intéressant que la Ville se présente comme modèle d’emploiement de personnes immigrantes pour inciter les autres employeurs à engager davantage d’immigrant.e.s. »

Il est important de mentionner que quelques candidat.e.s aux élections municipales représentent bel et bien la diversité culturelle. Il y a tout d’abord Edwin Moreno, candidat pour Sherbrooke Citoyen dans Ascot, Hélène Pigot, candidate pour Sherbrooke Citoyen à la mairie, Mélanie Lemay, candidate pour l’équipe Bernard Sévigny – Renouveau Sherbrookois dans Brompton, Mohamed Barouti, candidat pour Sherbrooke Citoyen dans Saint-Élie, Nadia Choubane, candidate pour l’équipe Bernard Sévigny – Renouveau Sherbrookois dans Carrefour, ainsi que Raïs Kibonge, candidat pour Sherbrooke Citoyen dans Lac-Des-Nations.

Madame Nadia Choubane, candidate mais également présidente de la Fédération des communautés culturelles de l’Estrie de 2004 à 2007, a voulu se prononcer sur l’inclusion des personnes immigrantes dans la ville de Sherbrooke :

« Une personne immigrante qui arrive ici à Sherbrooke et partout ailleurs au Québec a deux principales préoccupations, soit l’emploi et son intégration à la culture québécoise. L’emploi reste et demeurera toujours la première préoccupation. Il y a eu de l’évolution à la Ville car, notamment, des personnes issues de l’immigration travaillent maintenant dans l’appareil municipal. De plus en plus d’entrepreneurs s’intéressent à la population immigrante comme main-d’œuvre, également. »

Monsieur Mohamed Barouti a également voulu  se prononcer sur l’enjeu en question :

« Selon moi, la Ville n’est pas en bon contact avec la population immigrante. Depuis 2007, il y a eu beaucoup d’améliorations, mais je trouve ça dommage que les partis politiques s’intéressent à nous seulement lorsqu’il y a des attentats, par exemple. Je connais bien des gens qui tente de joindre la Ville en appelant par exemple, et qui n’ont jamais de retour. Il est difficile pour les personnes immigrantes de s’intégrer au sein de structures telle que l’appareil municipal sans que l’on vienne les chercher. Il faut que la Ville écoute davantage la communauté musulmane et les autres communautés culturelles afin de mieux entendre et comprendre les besoins des personnes immigrantes. »

Il semble évident, à la lecture de cet article, que la Ville a quelques améliorations à faire pour améliorer leur relation avec la population immigrante sherbrookoise et, selon les organismes et candidat.e.s consulté.e.s, cela commence par l’écoute des principales personnes concernées ainsi que la mise en place de stratégies pour créer des emplois d’une façon à avoir une bonne diversité et à assurer la pérennité de ceux-ci.


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