Discours de victoire (Faucille et canne de Noël, épisode 11)

19 décembre 2017Pier-Luc Brault

Farandole réapparut dans l’astronef, au côté de Paindépices, qui y était déjà revenu. La Fée des étoiles était manifestement repartie.

— Alors, tu crois qu’on a réussi notre mission? demanda Paindépices avec un sourire.

— Si je me fie à ce que j’ai vu sur le téléviseur de la dernière maison que j’ai visitée, je dirais que oui! répondit Farandole en lui rendant son sourire. Tu es prêt à retourner à la maison?

— Oh que oui! Je suis épuisé, admit Paindépices.

— Astronef: Retour! commanda Farandole.

Le véhicule volant reprit la direction de la Terre pendant que les deux jeunes lutins se partageaient des anecdotes des deux semaines qu’ils venaient de vivre chacun de leur côté. Lorsque l’astronef se déposa enfin, ils ne se firent pas prier pour en sortir, ravis d’être de retour dans leur patrie.

En quittant le terrain du garage municipal, ils remarquèrent aussitôt qu’une foule de lutins s’était massée non loin de là. Parmi celle-ci, on remarquait également la présence de quelques humains de diverses origines, munis de lourdes caméras de télévision, toutes pointées dans la même direction. Au milieu de la foule, sur une scène de fortune, se tenait un immense homme à la barbe blanche et au manteau rouge, en train de prononcer un discours dans un microphone. Farandole le reconnut aussitôt: il s’agissait de Romarin, son père, qui, grâce à la poussière d’étoiles, avait pris une fois de plus l’apparence attribuée au Père Noël.

— Chers amis, commença la voix artificiellement grave de Romarin, chers enfants du monde entier, j’ai le bonheur de vous annoncer que vos voix ont été entendues! La distribution de jouets, pour cette année et pour celles à venir, est belle et bien sauvée!

Il fut interrompu par les acclamations de la foule de lutins qui l’entourait, et on devinait que les foules d’enfants réunies un peu partout dans le monde en faisaient tout autant.

— Le Pôle Nord vous doit une fière chandelle, reprit-il. Vous pouvez maintenant retourner dans vos écoles, avec la fierté du devoir accompli. Le Pôle Nord a cependant un message à adresser à vos parents, et je vais laisser la présidente Doucenuit leur adresser ce message.

Romarin sortit de scène sous le bruit des acclamations qui avaient repris de plus belle, puis rejoint son épouse, Marie-Noëlle, pendant que Farandole et Paindépices s’approchaient d’eux.

— Chères citoyennes et citoyens du monde, lança Doucenuit, chères lutines et chers lutins, j’ai l’honneur de vous annoncer que l’entente conclue aux petites heures du matin entre la République du Pôle Nord et un grand nombre d’autres pays, est dans l’intérêt de vous toutes et tous. J’aimerais d’abord m’adresser à mes concitoyennes et concitoyens de la République du Pôle Nord: cette année difficile que vous avez vécue est maintenant derrière vous.

La foule acclama de plus belle.

— Elle est derrière vous, puisque vous ne serez plus seuls, désormais, à fabriquer les jouets qui seront distribués aux enfants du monde entier, chaque nuit de Noël. Vous pourrez compter sur l’aide de milliers de travailleurs et de travailleuses de tous les pays, auxquels j’ai maintenant envie de dire: unissez-vous! Car ce que je veux annoncer au monde entier aujourd’hui, c’est que ce n’est pas à des entreprises privées que la République du Pôle Nord sous-traitera une partie de la fabrication des jouets. C’est plutôt à des coopératives de travailleurs, dont vos gouvernements soutiendront la formation!

La présidente eut droit à une autre salve d’applaudissements et d’acclamations. Farandole et Paindépices ne portèrent cependant pas attention à la suite de son discours, puisqu’ils venaient de rejoindre Marie-Noëlle et Romarin. Ce dernier avait repris son apparence normale. Paindépices resta légèrement à l’écart pendant que Farandole courait vers ses parents en s’écriant: « Papa! Maman! » Ces derniers se retournèrent avec un air ébahi, l’air de réaliser soudainement qu’ils n’avaient pas eu de nouvelles de leur fille cadette durant deux semaines.

— Mais… Farandole? Où étais-tu passée tout ce temps? s’étonna Romarin.

— Oh, juste partie déclencher des grèves d’enfants, un peu partout dans le monde. Paindépices faisait la même chose, ajouta-t-elle en pointant son ami.

Romarin et Marie-Noëlle se tournèrent vers Paindépices.

— Après le discours de Doucenuit, vous allez nous devoir des explications, jeunes gens, indiqua Marie-Noëlle d’un ton sévère.

Le roman-feuilleton Faucille et canne de Noël est la suite de La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala. Voici les épisodes de cette seconde saga:


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