Escapade dans l’espace (Faucille et canne de Noël, épisode 5)

19 décembre 2017Pier-Luc Brault

La nuit était tombée depuis quelques heures sous le ciel artificiel de la cité de Trèsaunord. Dès la minute où la lumière avait laissé place à l’obscurité, Farandole en avait profité pour rappeler à Paindépices qu’en cette contrée, l’alternance quotidienne entre le jour et la nuit était l’oeuvre de son grand-père, plus grand ingénieur lutin de son époque. Paindépices lui avait alors rétorqué de bien vouloir se taire et faire mine de dormir.

À présent, les bruits de ronflements en provenance du rez-de-chaussée confirmaient que les parents de Paindépices s’étaient assoupis. Sans faire un bruit, les deux jeunes lutins sortirent de leurs lits respectifs. Encore tout habillés, ils quittèrent la chambre de Paindépices sur la pointe des pieds. C’est de cette façon qu’ils se rendirent au hall d’entrée de la maison, où ils enfilèrent leurs bottes et leurs manteaux avant de s’aventurer à l’extérieur, en toute discrétion. Épris d’un incontrôlable sentiment de liberté, ils coururent en riant jusqu’au bout de la rue.

— Alors, il est où, le garage municipal? s’informa Farandole en reprenant son souffle.

— Par là, répondit Paindépices en indiquant une direction.

Ils marchèrent pendant une dizaine de minutes avant d’arriver devant l’imposant bâtiment qui faisait office de garage municipal. Convenant que l’astronef était sans doute stationné à l’extérieur, ils contournèrent l’édifice, à la recherche de ce que Farandole décrivait comme une immense boule de verre, qu’ils trouvèrent facilement: l’astronef se dressait fièrement au beau milieu de la cour arrière, sur une sorte de socle.

Farandole et Paindépices s’approchèrent de l’engin. Près du socle, se trouvait un court poteau surmonté d’un clavier numérique muni d’un petit écran qui affichait le mot « VERROUILLÉ ».

— Tu connais le code de sécurité? demanda Paindépices.

— S’il y a un code pour chaque personne autorisée à utiliser l’astronef, alors je connais assurément celui de mon père! rétorqua Farandole.

Elle utilisa alors le clavier pour saisir la date de naissance de sa mère. L’opération fut couronnée de succès: le mot « VERROUILLÉ » se changea pour « BONJOUR ROMARIN », puis la vitre de l’astronef pivota pour créer une ouverture à l’avant du véhicule.

Les deux jeunes lutins pénétrèrent à l’intérieur du véhicule. Ils sursautèrent lorsqu’une voix les accueillit:

— Bienvenue à bord de l’astronef. Veuillez prendre place sur les sièges du véhicule et attacher vos ceintures.

Farandole et Paindépices s’exécutèrent.

— Une fois que tous les passagers auront pris place à bord du véhicule, reprit la voix, dites: « Astronef: Fermer la portière ».

Farandole répéta les derniers mots prononcés par la voix. Aussitôt, la vitre de l’astronef pivota à nouveau pour refermer l’ouverture.

— Quelle est votre destination? demanda la voix.

— Euh… Nous voulons aller voir la fée des étoiles, essaya Farandole.

— Très bien. Le trajet vers « Zone de dialogue avec Fée des étoiles » va bientôt commencer.

Les moteurs de l’astronef s’allumèrent après quelques secondes. Ils prirent un moment pour s’échauffer, puis le véhicule volant démarra son ascension.

— Tu avais raison: n’importe qui est capable d’utiliser l’astronef, maintenant, commenta Paindépices, déconcerté par la facilité avec laquelle ils avaient entamé leur périple vers l’espace.

L’appareil prit quelques minutes pour atteindre le sommet du dôme recouvrant Trèsaunord. Il s’immobilisa un court instant pendant qu’une ouverture apparaissait dans le dôme pour le laisser passer. L’astronef reprit son ascension, cette fois-ci avec une accélération constante. Il quitta l’atmosphère terrestre quelques minutes plus tard, alors que ses jeunes passagers s’émerveillaient de la vue spectaculaire que leur réservait leur planète bleue.

Le roman-feuilleton Faucille et canne de Noël est la suite de La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala. Voici les épisodes de cette seconde saga:


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