Le plan de Farandole (Faucille et canne de Noël, épisode 2)

19 décembre 2017Pier-Luc Brault

À quelques kilomètres du bureau de Romarin, sa fille cadette, la jeune Farandole, se balançait nonchalamment dans une balançoire située sur le terrain de l’école primaire Sainte-Guirlande. Elle conversait avec son ami Paindépices, assis à sa droite. Seuls au fond de la cour de récréation, les deux jeunes lutins paraissaient bien isolés des autres enfants.

Farandole n’avait plus beaucoup d’amis, depuis quelques temps. Les autres enfants la pointaient du doigt en disant qu’elle était la fille du ministre Romarin, et que c’était à cause de ce dernier que leurs parents devaient travailler des heures impossibles depuis plusieurs mois, afin que tout soit prêt pour la nuit de Noël. Les lutins vivaient mieux avant, disait-on, et le prince Bradley était un bien meilleur dirigeant que la présidente Doucenuit.

La conversation de Farandole et Paindépices portait justement sur les circonstances qui avaient mené Romarin et Doucenuit à la tête de l’État:

— Ton père, comment il a fait pour prendre la place du Père Noël, l’an dernier? demanda Paindépices.

— Je te l’ai déjà dit, répondit Farandole, c’était grâce à la poussière d’étoiles. Elle permet de faire toutes sortes de choses. C’est elle qui a permis de faire voler le traîneau tiré par les rennes.

— Alors, c’est avec de la poussière d’étoiles que ton père a pu se transformer en gros monsieur à barbe blanche, juste pour une nuit?

— Oui, et c’est aussi grâce à elle que les membres de ma famille ont pu fabriquer des milliers de jouets en bois en moins d’une journée.

Paindépices parut songeur pendant un instant.

— Et cette poussière d’étoiles, vous l’avez eue comment?

— Nous avons pris un astronef, c’est une genre de boule volante qui permet d’aller dans l’espace, et nous sommes allés demander de la poussière à la Fée des étoiles. Il y avait moi, mon père, Doucenuit, et un autre adulte qui s’appelait Atoca. C’était lui qui pilotait l’astronef.

— Mais la Fée des étoiles, elle ne donnait pas de poussière au prince Bradley, avant?

— Elle refusait de lui en donner depuis que le Pôle Nord s’était mis à acheter des jouets au lieu de les fabriquer. Pour la convaincre de nous en donner, mon père et Doucenuit ont dû lui promettre de fermer la bourse et de rétablir le vieil atelier.

Ce fut au tour de Farandole de paraître songeuse.

— Tu sais, reprit-elle, l’autre soir, j’ai entendu mon père raconter à ma mère qu’Atoca avait installé un système d’autopilotage sur l’astronef. N’importe qui est capable de l’utiliser, maintenant.

— Pourquoi tu me racontes ça? demanda Paindépices, confus.

— Tu ne crois pas qu’on devrait aller voir la Fée des étoiles, pour lui demander pourquoi il est si important que le Pôle Nord fabrique ses propres jouets au lieu de les acheter, alors que les adultes trouvent que c’était mieux avant?

Paindépices sembla penser que Farandole était devenue folle.

— Mais… nous ne sommes que des enfants! objecta-t-il. Pourquoi la Fée des étoiles prendrait la peine de nous écouter et de nous répondre?

— Tu sais, l’an dernier, les adultes n’ont pas vraiment réussi à la convaincre avant que je m’en mêle, affirma Farandole en prenant un air important.

Paindépices eut l’air impressionné.

— Et cet astronef, tu sais où il est? s’informa-t-il.

— Mon père parle souvent d’un endroit qu’il appelle le garage municipal, indiqua Farandole après avoir pris un moment pour y penser.

— Je sais où c’est! C’est dans mon quartier!

Farandole se tut un instant pour penser à un plan.

— Tu crois que tes parents voudraient que je dorme chez toi cette nuit? demanda-t-elle à Paindépices.

— Puisqu’on est vendredi, je crois bien qu’ils voudraient.

— Alors voici mon plan: dès que la nuit tombe, on prétend dormir. Ensuite, on attend que tes parents dorment aussi, puis on sort de chez toi discrètement. On se rend au garage municipal pour prendre l’astronef et aller voir la Fée des étoiles.

Paindépices réfléchit pendant quelques secondes, puis acquiesça au plan de Farandole.

Le roman-feuilleton Faucille et canne de Noël est la suite de La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala. Voici les épisodes de cette seconde saga:


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