Voyage en traîneau (Faucille et canne de Noël, épisode 12)

19 décembre 2017Pier-Luc Brault

Si Romarin et Marie-Noëlle avaient finalement décidé de ne pas punir Farandole pour avoir volé l’astronef et voyagé partout dans le monde sans l’autorisation de ses parents, c’était parce que Doucenuit le leur avait interdit. Il en allait de même pour les parents de Paindépices. La présidente avait même convaincu les deux couples de parents que les jeunes lutins méritaient plutôt une récompense pour avoir sauvé la République du Pôle Nord. Cette récompense se devait même d’être la plus belle qui puisse être offerte à de jeunes lutins, soit de prendre place à bord du traîneau pour la distribution des cadeaux.

L’heure du décollage avait d’ailleurs sonné pour le traîneau du Père Noël. Paindépices, Farandole et Romarin y montèrent chacun leur tour. Romarin avait repris l’apparence du Père Noël, toujours grâce à la poussière d’étoiles. Derrière les trois passagers du traîneau, se trouvait un immense sac vert, qui, également grâce à la poussière d’étoiles, contenait beaucoup plus d’objets que ce que son volume et son poids laissaient penser.

Ils s’y prirent à tour de rôle pour appeler les noms des huit rennes attelés au traîneau:

— Tornade!

— Danseuse!

— Furie!

— Fringante!

— Comète!

— Cupidon!

— Tonnerre!

— Éclair!

Les rennes coururent sur une distance de quelques mètres avant de prendre leur envol, emportant le traîneau avec eux. Arrivés à la paroi du dôme qui recouvrait Trèsaunord, ils le traversèrent comme par magie.

C’est ainsi que Romarin et Farandole, pour la deuxième fois de leur existence, visitèrent les maisons du monde entier en entrant par les cheminées, accompagné de Paindépices, dont c’était la première expérience en la matière.

Le lendemain, on pouvait lire et entendre, dans les médias du monde entier, que les cadeaux distribués par le Père Noël étaient les produits d’un pur génie. Cette nouvelle attisa beaucoup d’intérêt de la part d’une multitude de travailleurs et travailleuses de toutes les régions du monde, enthousiastes à l’idée de se rassembler au sein de coopératives qui pourraient contribuer à ce succès dans l’avenir.

Joseph Richman n’arborait plus la même arrogance à l’égard des lutins, surtout depuis que Doucenuit l’avait menacé de déclencher une occupation par des enfants de tous les bâtiments appartenant à ses entreprises. Ils étaient même parvenus à un accord assurant un taux d’intérêt préférentiel à la République du Pôle Nord pour le remboursement du prêt qu’il lui avait accordée.

C’est avec une sérénité retrouvée que la République du Pôle Nord compléta son processus d’assemblée constituante. Suite à celui-ci, Doucenuit décida de se présenter à la première élection présidentielle de l’histoire du pays. C’est avec une forte majorité qu’elle fut reconfirmée dans son rôle de présidente de la République. Romarin, pour sa part, abandonna sa carrière politique pour être reconduit dans son poste de Père Noël, que la nouvelle constitution avait rendu incompatible avec toute charge politique.

Par-dessus tout, on ne trouva plus jamais un lutin, en République du Pôle Nord, pour affirmer qu’il regrettait l’ère du prince Bradley.

Le roman-feuilleton Faucille et canne de Noël est la suite de La nuit de Noël n’est pas un dîner de gala. Voici les épisodes de cette seconde saga:


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