L’intervention qu’Hubert Richard avait préparé pour le conseil municipal du 4 juin 2018

12 juin 2018Hubert Richard

Madame la Présidente… lors de la dernière séance du conseil, le maire a affirmé publiquement que le Québec était la seule province où l’on retrouve des partis politiques municipaux. Or, cela n’est pas exactement vrai, le Québec et la Colombie-Britannique sont deux provinces à permettre des partis politiques au municipal.

Se peut-il que monsieur le maire cherche à nous tromper? Car, ce ne serait pas la première fois qu’un élu cherche à tromper la population… Quand on se permet d’utiliser la confiance de la population, soit en tant qu’élu, ou en tant que directeur, pour berner la population, en abusant de cette confiance, cela, à mon avis, n’est plus de la politique. C’est aller à l’encontre de la justice et des principes de nos lois!

Madame la Présidente, je suis désolé de vous l’apprendre, mais si autour de vous, personne n’ose vous parler de gratuité du transport en commun, c’est parce que la STS a tout fait pour saboter l’idée en abusant de cette confiance. Mais pourquoi la STS a-t-elle agi ainsi? Quel était son mobile? Je me souviens d’une conversation téléphonique avec madame Huguette Dallaire, l’ancienne directrice de la STS, où elle me confiait avoir un peu paniqué dans les premiers mois de gratuité pour l’université. L’achalandage l’avait obligée à ajouter trois nouveaux autobus. Elle avait alors acheté 5 autobus usagés de la Californie. La STS ne pouvait pas compter sur des subventions pour ces autobus et avait dû en assumer entièrement les coûts. Madame la Présidente, je crois que le véritable mobile pour la STS, à l’époque, de berner la population avec la gratuité, c’est en fait que…  Madame Dallaire n’avait pas la capacité de gérer une société de transport en commun en si rapide croissance. Elle était bonne à gérer un réseau de la taille comme Sherbrooke et n’était aucunement intéressée à voir notre réseau se développer rapidement. Ce qui semble encore le cas avec la direction actuelle.

Madame la Présidente… Monsieur Denault est le premier président de la STS qui ose mettre un chiffre pour gérer la gratuité à 15 millions. Vous pourriez saisir la balle au bond…  Sherbrooke a besoin d’évoluer dans sa culture de mobilité, et de le faire rapidement afin de prendre en main son développement urbain. La gratuité n’est pas juste bonne pour l’accès à la culture! La gratuité, c’est pas juste un grand geste d’humanité! La gratuité, c’est le moyen le plus efficace pour les villes comme Sherbrooke pour propulser le transport en commun de manière optimum et performante. Et la meilleure façon de le prouver, c’est de l’essayer! Et si vous ne voulez pas augmenter les taxes… Vous n’avez qu’à vous entendre pour emprunter 15 millions afin de permettre à la STS d’envisager la gratuité comme projet pilote.

Madame la Présidente… un des impacts structurants de la gratuité quand on se donne la peine d’y réfléchir, c’est de forcer la ville à prendre très au sérieux tout ce qui pourrait nous permettre d’encourager les gens à marcher ou à prendre leur vélo pour se déplacer. Avec la gratuité, la ville a tout intérêt à veiller à l’amélioration de l’efficacité de nos déplacements actifs. Car, en rendant le transport en commun agréable et facile à prendre, elle doit éviter que le transport en commun porte ombrage sur le transport actif… La gratuité vient donc apporter à la ville cette justification si précieuse afin que la ville prenne tout aussi et même encore plus au sérieux le développement du transport actif.

Par exemple, selon la réglementation municipale, en l’absence d’une signalisation qui le permette, il est interdit de traverser en diagonale une intersection, lorsque les feux de piétons bloquent la circulation automobile sur l’ensemble de l’intersection. Étant donné, qu’il y a effectivement absence d’une telle signalisation à Sherbrooke, selon vous, faudra-t-il attendre la gratuité du transport en commun, avant que la Ville installe dans ces intersections une signalisation permettant de traverser en diagonale?

Autre exemple, avec la venue du nouveau code de la sécurité routière, les villes peuvent autoriser les cyclistes à emprunter les trottoirs à condition qu’ils roulent tranquillement et donnent la priorité aux piétons. Madame la Présidente, faudra-t-il attendre la gratuité du transport en commun avant que la ville se décide à autoriser les cyclistes à emprunter les trottoirs?


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