Femmes et toponymie: lancement réussi!

26 septembre 2019Sophie Parent
Catégorie : Féminisme

Suite au lancement de leur livre Femmes et toponymie: de l’occultation à la parité, je suis allée à la rencontre de Gabriel Martin et Sarah Beaudoin pour en apprendre davantage sur le processus ayant mené à la rédaction de l’ouvrage.

Selon l’auteur et l’autrice, leur ouvrage ne traite pas d’une question nouvelle, mais est bien la résultante d’une lutte de longue date. Mme Beaudoin soulève d’ailleurs le fait que les PÉPINES (un organisme visant à promouvoir la participation des femmes au développement socio-économique de l’Estrie) mènent le combat depuis 2002, avec l’implication marquée de Mme Nicole Dorin. L’organisme a travaillé de pair avec le comité toponymie de la ville à documenter l’histoire de femmes marquantes et à les faire reconnaître par la Commission de toponymie du Québec. Depuis, ConcertAction Femmes Estrie (CAFE) a aussi planché sur la parité toponymique et des organismes, tels que le CALACS Agressions Estrie, ont appuyé la cause. Toutefois, bien que ces revendications aient été entendues par le comité de toponymie de la ville de Sherbrooke, bien peu d’actions concrètes sont allées en ce sens.

Dossier chaud au conseil municipal

Pour leur part, l’idée d’écrire un livre sur les femmes et la toponymie n’a commencé à germer qu’en novembre dernier, suite à une demande de Sarah Beaudoin à la séance du conseil municipal du 5 novembre 2018 pour obtenir un engagement de la ville à adopter plus de toponymes féminins. La question a été rapidement balayée, ce qui a encouragé l’auteur et l’autrice à s’allier pour rédiger d’abord une série d’articles, puis le présent ouvrage.

Depuis, le débat a été réouvert et la conseillère Évelyne Beaudin a beaucoup défendu l’idée d’une politique municipale visant à rattraper l’écart entre les toponymes masculins et féminins. Si le débat a causé beaucoup de tensions, le conseil municipal a tout de même adopté en mai dernier une résolution qui vise à adopter le même nombre de toponymes masculins et féminins pour le mandat en cours, qui se termine en 2021.

Quand j’interroge Mme Beaudoin et M. Martin sur cette résolution, l’autrice et l’auteur disent demeurer critiques, puisqu’aucun pourcentage n’est donné et qu’aucun objectif clair n’est défini. De plus, Mme Beaudoin souligne que cette résolution indique la fin d’une discrimination ayant lieu dans le choix de toponymes sherbrookois, mais qu’une politique de rattrapage serait nécessaire, puisque seulement 11% des toponymes à Sherbrooke sont féminins, contre 89% de toponymes masculins. M. Martin souhaiterait une résolution plus concrète, à l’instar de celles adoptées par les villes de Laval et Gatineau.

Le 1er octobre prochain, Sarah Beaudoin et Gabriel Martin rencontrent la Commission de toponymie du Québec, suite au lancement de leur livre. Leur espoir est d’ouvrir le dialogue avec le comité de toponymie de la ville de Sherbrooke, sans les heurter et d’offrir un outil à ce dernier, dans le but d’atteindre la parité toponymique à Sherbrooke.

Des femmes à connaître

Pour conclure, comme femmes à connaître, Mme Beaudoin parle d’Anna Canfield, pionnière de la ville de Sherbrooke et épouse de Gilbert Hyatt, ayant déjà quelques lieux à son nom. De plus, elle désire voir des femmes qui ne sont normalement pas représentées dans la toponymie sherbrookoise, en raison de leur statut socio-économique ou parce qu’elles font partie de minorités. Elle fait entre autres mention de Madame Bou!, connue à Sherbrooke, et Charlotte Trim, une esclave s’étant affranchie. Pour sa part, M. Martin suggère Maggie Sirois, une femme forte ou An Antane Kapesh, une cheffe innue.


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