Une « coloc » de « Jeunes Socialistes » ressuscite « La rue Principale »

31 janvier 2020Collectif Entrée Libre

Des affiches sont apparues sur les murs du centre-ville pour dénoncer « l’embourgeoisement » (gentrification) que vont entrainer les travaux sur la rue Wellington Sud avec la destruction du milieu de vie de personnes aux revenus faibles. Entrée Libre (EL) a rencontré des membres des « Jeunes socialistes pour le pouvoir populaire » (JSPP) qui soutiennent cette action pour nous présenter leurs revendications.

EL : Ces affiches au centre-ville ont fait un peu de bruit et ont effrayé le bourgeois, qui se questionne sur leur provenance. Pouvez-vous nous présenter votre organisation ?

JSPP : Tout d’abord, ces affiches ne se veulent pas directement liées à notre organisation. Elles visent à être diffusées par tous nos groupes alliés afin de formuler un appel commun à la population du quartier : « face à la gentrification, autodéfense populaire ».
Ce slogan décrit, en fin de compte, bien notre organisation. « Les Jeunes Socialistes pour le Pouvoir Populaire » est un regroupement de jeunes travailleu·r·se·s et d’étudiant·e·s, basé présentement à Montréal et Sherbrooke, qui vise à offrir à la jeunesse une possibilité de revendiquer leurs droits et de se défendre contre les mauvaises conditions dans lesquelles celles et ceux-ci vivent. C’est en ce sens que l’autodéfense populaire définit bien notre groupe. Il s’agit de combattre la violence du système par l’entraide et l’organisation de la population, en créant un rapport de force qui défend nos intérêts collectifs et nos droits face aux intérêts privés des grands capitalistes et de l’État.

EL : La question du droit au logement et de l’embourgeoisement des quartiers populaires est de plus en plus présente, non seulement à Montréal, mais dans plusieurs villes, dont Sherbrooke. Pourquoi votre organisation s’intéresse-t-elle à cet enjeu ? Quelles solutions préconisez-vous pour assurer un logement de qualité pour tout le monde ?

JSPP : L’embourgeoisement, et plus largement la question du logement, est bien sûr actuellement une des manifestations centrales des problèmes que l’exploitation et l’oppression capitalistes causent aux classes populaires. Dans cette optique, il est essentiel d’investir ces luttes afin de combattre le capitalisme et de le révéler pour ce qu’il est vraiment : une économie et un mode de fonctionnement parasitaires qui ne profitent qu’à une poignée d’individus tout en bloquant le progrès social.
Pour ce qui est de la question de Sherbrooke précisément, on retrouve dans la lutte contre la gentrification une certaine unité des forces progressistes de la ville. Étant une organisation qui prône également l’anti-sectarisme et l’unité dans la lutte, nous avons jugé primordial de centrer nos activités autour de ce combat. De plus, avec la construction du projet Well Sud, le momentum est idéal pour lancer une grande mobilisation pour sauver le centre-ville des griffes de la gentrification.
Afin de sauver le quartier de cette menace, il est essentiel que les résident·e·s du quartier soient les premier·ère·s à être mobilisés. C’est avant tout elles et eux qui ont avantage à bloquer l’embourgeoisement. Dans la même ligne d’idée, nous croyons que ce n’est pas à un regroupement externe de dicter aux résident·e·s du quartier les solutions pour sauver leur quartier. Ce sera à elles et eux de décider comment ils entendent lutter pour défendre leurs droits. À terme, il est clair que l’embourgeoisement, étant un mouvement naturel du capitalisme, ne pourra être stoppé sans sortir de ce système pourri.

EL : Pourquoi avoir choisi d’afficher massivement, et avoir choisi ce message parodié de la célèbre chanson du groupe Les Colocs, « la Rue principale »?

JSPP : L’affichage massif est un moyen efficace dans certains contextes pour populariser un enjeu et lancer un appel général à l’action. Évidemment, en soi, cette technique n’est pas suffisante pour mobiliser un quartier. L’idée de parodier « La Rue principale » vise à informer du danger de la gentrification en utilisant un référent culturel très répandu de manière combative et ludique.


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