La météo, un sport national?

2 mars 2020Fanie Lebrun
Catégories : Climat , Environnement , Réflexions

Les  Québécois·es jasent de météo et ça ne date pas d’hier! Aussi, on pourrait bien en parler avec les 622 000 personnes tuées par les catastrophes naturelles liées au temps et au climat entre 1992 et 2001. Ces catastrophes ont affecté la vie de plus de deux milliards d’individus, laissé derrière elles des millions de personnes sans-abri, dévasté des terres arables et contribué à la propagation des maladies selon l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM).

Depuis 1950 , le 23 mars est la journée internationale de la météorologie. L’OMM a fait remarquer que les activités humaines sont soumises à l’influence du temps, du climat et de l’eau. L’économie mondiale est de plus en plus sensible au temps et au climat avec un nombre croissant d’activités avec une marge de manœuvre réduite pour faire face aux risques.

Quelle est la différence entre la météo et le climat? La météo, c’est le temps court du jour et le climat, c’est le temps long avec le défi des prédictions. Malgré les progrès accomplis en observation à distance (radars, satellites, etc.) et de la qualité et de l’exactitude des prévisions et des alertes météorologiques, les prévisions météorologiques restent un défi de contentement du peuple. La météo, c’est le résultat issu des processus physiques qui se produisent dans l’atmosphère et les océans ainsi que leurs interactions avec les autres composantes du système terrestre en interaction. Précisons que cela varie de sept à dix jours à l’avance dans les régions extra tropicales et trois à quatre jours à l’avance dans les régions tropicales.

Les bulletins météo ont le bon côté de nous préparer aux aléas de la météo. Amène ton parapluie ou mets ta tuque, selon. Par contre, avouons-le, il y a une hyperdramatisation ou un sensationnalisme dans les termes utilisés tel que les bombes météo! À l’autre extrême, si on ne s’arrête qu’au pictogramme, cela manque de perspective. La météo est beaucoup plus complexe qu’une image!

Il y a 30 ans, on écoutait le Prof Lebrun nous expliquer la météo! (Même patronyme que moi cela explique que je fantasmais sur Pascal Yacouvakis!) Maintenant, on chiale sans comprendre.

Parlons des fameuses probabilités

Quand on annonce samedi matin environ 40 % de probabilité de précipitations à Sherbrooke, c’est qu’il y a 40 % de risque qu’il tombe x  mm de pluie à un endroit donné dans la région de Sherbrooke pendant cette période. Cela se peut que des gens ne reçoivent aucune goutte de pluie, aucune. Magique han! Malgré tout, certains annulent leurs réservations en voyant les prévisions… 14 jours à l’avance! Apparemment qu’Eve Christian, météorologue à Radio-Canada, refuse de présenter les prévisions trop à l’avance et surtout lorsque les probabilités sont minces!

L’expression « t’es une petite nature » rappelle notre perception sur la météo a un impact sur notre santé! Se priver des bienfaits du dehors alimente la sédentarité (peut-être même la hausse du stress et de l’anxiété) parce qu’on manque une occasion d’aller au grand air à cause des prévisions météorologiques. (Ok, nos écrans aussi peuvent nous retenir à l’intérieur).

La nostalgie aussi fait son œuvre quand la population vieillit et rappelle qu’on n’a plus les étés qu’on avait. On affronte de moins en moins, on craint de plus en plus et, au final, on se sent lésé par la nature!Les milliards de calculs pour arriver à des prédictions ne sont pas infaillibles et peuvent changer, nous donnant l’illusion d’être loin de la réalité. D’ailleurs, à trop s’y fier, on manque des opportunités.

Si l’on apprenait à s’adapter

En 2016, un promoteur d’un circuit de course a poursuivi un propriétaire de station météo pour 6540 $ à la Cour des petites créances. Le promoteur tenait la station météo entièrement responsable des pertes de profits résultant des prévisions fausses et erronées. Finalement, il n’avait pas plu, malgré le mauvais temps annoncé qui l’avait incité à annuler deux événements. Puisque les prévisions d’Environnement Canada furent « retransmises de bonne foi », la juge a estimé qu’une condamnation « équivaudrait à imposer aux intervenants de l’industrie de la météorologie un standard de perfection impossible à rencontrer en raison du caractère parfois imprévisible des conditions météo ».

Il y a lieu de se demander pourquoi tant lier notre existence à la météo. À qui revient le pouvoir sur nos vies? Au ciel, aux nuages, au présentateur météo ou à notre jugement? À quand un cours sur le recul critique face à la météo. En même temps, au point où l’on est, je comprends bien les crises existentielles que cela peut susciter et pourquoi on prend cela tellement à cœur.

Face aux risques

Avec les gaz à effet de serre qui viennent ajouter une touche de fantaisie aux dérèglements climatiques, à la pollution atmosphérique, à la raréfaction des ressources en eau douce, etc., en plus des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes plus fréquents (inondations, sécheresses, vagues de froid / chaleur), il y a de quoi en faire un sport national. Selon l’Organisation météorologique mondiale, certaines études démontrent que le nombre des catastrophes naturelles liées au climat s’est multiplié par trois au cours de ces trente dernières années. Comme les résultats des Canadiens, on n’a pas fini d’en parler.


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