1er mai : Revoir les salaires

Communiqué de presse

Le Québec comme bien d’autres provinces, États et pays s’est doté d’une législation concernant le salaire minimum en 1885 et nul ne semble remettre en question cette intervention de l’État. Le salaire minimum aura connu différentes lois régissant son application soit l’Acte des manufactures, la Loi sur le salaire minimum des femmes, la Loi sur les salaires raisonnables, la Loi sur le salaire minimum et finalement, la Loi sur les normes du travail.  Depuis 1980, cette loi est chargée de l’adoption et de l’application du taux horaire du salaire minimum qui est fixé par règlement et qui entre en vigueur au 1er mai depuis plusieurs années.

La revendication pour une augmentation du salaire minimum existe depuis de très nombreuses années.  Nous luttons pour que le salaire permette aux bas salarié.e.s de sortir de la pauvreté  et de l’endettement.   Depuis quelques années, la revendication qui retient l’attention concerne un taux horaire à 15$. Plusieurs organisations, coalitions et groupes militent pour cette revendication commune avec certaines nuances.  Pour notre part, notre organisme participe activement à la poursuite de la campagne 5-10-15 (obtenir son horaire 5 jours à l’avance, avoir 10 jours de congés payés par année en raison de maladie ou de raisons familiales et le salaire minimum à 15$ de l’heure). Nous constatons encore une fois cette année que l’augmentation du salaire minimum à 13,10$ est nettement insuffisante en ce 1er mai, journée internationale des travailleurs et des travailleuses.

Bien des personnes travaillent très fort, sont essentielles pour la société, rendent des services inestimables et ont des salaires ridicules. En cette période de pandémie, le gouvernement a admis que les salaires étaient trop bas et a revu à la hausse les salaires octroyés dans certains secteurs. Par exemple, les préposé.e.s aux bénéficiaires et le personnel en santé ont eu des primes temporaires de 4% ou 8% dans le secteur public et de 4$ de l’heure de plus dans le secteur des résidences privées pour aîné.es.  Notons toutefois que le personnel d’entretien ménager et d’alimentation dans ces résidences privées n’a pas eu d’augmentations et travaille souvent en bas du 15$ de l’heure.

Avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU) du gouvernement fédéral de 2000$ par mois, plusieurs personnes travaillent à temps plein et gagnent moins que la PCU…Pour inciter ces personnes à conserver leur travail et en attirer de nouvelles dans les secteurs essentiels, le gouvernement du Québec a mis sur pied le Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels (PIRTE). Ce programme vise les personnes qui gagnent moins de 550$ par semaine et  subventionne l’écart avec la PCU. Certaines grandes chaînes de distribution comme les épiceries (2$ de plus de l’heure) et Dollorama (10% de plus) ont offert temporairement des salaires plus élevés sans contrainte des gouvernements. Le gouvernement a aussi mis de l’avant des incitatifs de 100$ par semaine pour trouver preneur pour le travail agricole pour les gens travaillant au moins 25 heures par semaine. Notons que les travailleurs étrangers temporaires ne toucheront pas ce bonus selon les informations à ce jour. Nous déplorons qu’il ait fallu une pandémie pour que le gouvernement se réveille sur la faiblesse des salaires dans bien des secteurs, bien que nous ayons sonné la cloche depuis de nombreuses années à cet égard.

Si la cette triste période appelle à des nouvelles pratiques et des réflexions sur les salaires pourquoi ne pas mettre de l’avant un autre débat sur une situation aberrante qui engendre aussi de nombreuses critiques. En effet, s’il existe un salaire minimum ne serait-il pas normal qu’il existe un salaire maximum? Quand on constate les montants en salaire, prime et bonus qui sont octroyés à des dirigeants de compagnies, des médecins, des sportifs et d’autres hauts salariés cela devient indécent, immoral et injuste.  Qu’est-ce qui peut justifier un tel écart entre les personnes salariées? Les études, le talent, le mérite…

Il y a plein de monde qui font de longues études et qui n’ont pas de salaire exorbitant. Le talent d’un.e  artiste est-il moins important que le talent d’une personne oeuvrant dans le sport?  Une personne à la haute direction d’une entreprise travaille-t-elle plus que les travailleuses et les travailleurs de la compagnie? Le travail manuel de plusieurs personnes est aussi important que le travail intellectuel de certains autres.  Quant à lui, l’argument du mérite est une insulte et une discrimination qui n’a pas sa place et sa raison d’être.  Vivement un débat sur le salaire maximum…

Illustration: Faujour

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