FAIRE LA LUMIÈRE SUR LE SYSTÈME QUI PREND « SOIN » DES AÎNÉS

Catégories : COVID-19 , Opinion , Santé

« La mort, c’est long des fois, ça veut vivre avant de finir » (Les grands-pères, Victor-Lévy Beaulieu).

Cela va faire plus de deux mois que nous sommes confinés en raison d’un redoutable virus. Depuis le début de la pandémie, l’AQDR Sherbrooke (Association québécoise de défense des droits des personnes préretraitées, retraitées et aînées), suit de très près le déroulement de la crise et ses impacts auprès de la population aînée. Nous entamons un déconfinement qui fera du bien à la santé physique et psychologique de tous.

Au travers du point de presse quotidien du premier ministre et de l’abondante couverture médiatique, nous voyons comment la population s’est soumise aux consignes de protection pour elle-même et pour les personnes les plus vulnérables de la société. Le sacrifice demandé a été le confinement pour sauver la vie des aînés.
On nous répète qu’ils sont vulnérables. On les savait vulnérables. Depuis des semaines, la muraille de protection dans plusieurs CHSLD et résidences privées pour aînés (surtout dans la région de Montréal) se fissure de plus en plus. C’est avec tristesse et désarroi que nous avons appris les horreurs dans certains de ces lieux et les nombreuses fins de vie dans la solitude, loin des proches.

Ainsi, apparaît-il au grand jour les lacunes du système de santé public pour la protection des aînés en temps de crise : manque d’effectifs, manque de soins hygiéniques, manque d’équipement de protection individuelle, instabilité dans les équipes, insécurité ressentie par les employés et les patients, manque de tests auprès des employés et des résidents, consignes gouvernementales arrivées trop tard, peu ou pas respectées, etc.

Depuis des décennies, les gouvernements successifs ont négligé le développement du maintien à domicile en favorisant le développement de grands centres de résidences et de CHSLD privés. En coupant dans les budgets de santé, ceux-ci ont réduit le personnel de préposées et d’infirmières auxiliaires; ont maintenu leurs salaires à la baisse et, par le fait même, ont conduit à une dévalorisation de leurs emplois. De plus, les gouvernements ont favorisé les réformes et ont investi dans d’immenses structures décisionnelles les éloignant des institutions locales. Le temps presse de remettre les conseils d’administration dans ces dernières.

Face à la situation et à l’inquiétude éprouvée par plusieurs personnes âgées, l’AQDR Sherbrooke revendique pour celles-ci le droit à des services à domicile accessibles et de qualité. L’association demande une augmentation et la protection du financement public des activités dédiées aux soins et services à domicile ainsi qu’aux activités de répit. Ces services incluent le recours à des services professionnels et les soins prodigués par les proches aidants.

La crise actuelle a fait ressortir le manque de préposé·e·s aux bénéficiaires auprès des personnes âgées. L’AQDR Sherbrooke revendique le droit à des services sociaux et de santé publics de qualité pour les aînés. Pour ce faire, il est important d’augmenter le nombre de personnes prodiguant des soins et des services en leur offrant un salaire décent et en améliorant de manière significative leurs conditions de travail. Il faut que cesse le travail à temps partiel et sur appel, le déplacement des employés d’un lieu d’une résidence à une autre, d’un étage à un autre. Il est plus que temps de valoriser ce travail.
Les personnes âgées, qu’elles vivent à domicile, dans un CHSLD ou dans une résidence privée pour aînés, s’attendent à recevoir les soins auxquels elles ont droit et à se sentir en sécurité au même titre qu’elles ont le droit de vivre et de mourir dans la dignité. Nous sommes d’avis que nous leur devons une commission d’enquête publique sur les manques inacceptables voire scandaleux apparus dans les CHSLD et les résidences privées pour aînés pendant cette pandémie.

À l’instar d’autres associations d’aînés, l’AQDR Sherbrooke réclame également la tenue d’états généraux afin de dépolitiser l’enjeu de la place des aînés dans le système de santé en temps de crise. Pour ce faire, il faut tendre vers un consensus le plus large possible formé d’experts, de syndicats, du secteur privé et d’organismes communautaires. En somme, il faut redonner de l’espace aux acteurs du milieu en santé… pour le plus grand bien des aînés.


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