L’AIDE FINANCIÈRE POUR LES PERSONNES À L’AIDE SOCIALE

« LA CONSTRUCTION COLLECTIVE EST FONDAMENTALE POUR FAIRE FACE AU MONDE D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN. LA CRISE A ÉGALEMENT MIS EN ÉVIDENCE LA SOLIDARITÉ ET LA CONSTRUCTION D’ALTERNATIVES, EXISTANTES ET NOUVELLES, QUI DOIVENT ÊTRE LE MOTEUR DE NOS FUTURES ACTIONS COLLECTIVES. NOUS NE REVIENDRONS PAS À LA “NORMALITÉ” DE LA VIOLENCE, AUX SITUATIONS PRÉCAIRES. LE CAPITALISME N’A RIEN À OFFRIR À NOS PEUPLES, SEULEMENT LA VIOLENCE, L’EXPLOITATION ET LA MORT.

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale,

Nous joignons de nouveau notre voix aux appels en faveur d’une forme d’aide financière pour cette partie de la population qui vit difficilement la crise actuelle du coronavirus, mais qui, contrairement à d’autres, ne bénéficie d’aucune mesure d’aide financière spéciale à l’heure actuelle.

Ces personnes vivent une situation particulièrement difficile en raison de la COVID : impossibilité de travailler quelques heures par mois depuis la mi-mars (et jusqu’au 4 ou 19 mai, selon les régions, ou à une date encore indéterminée, tout dépendant de la catégorie d’emplois) ; services communautaires (banques alimentaires par exemple) moins disponibles ; spéciaux beaucoup plus rares en épicerie ; frais de livraison pour commandes à l’épicerie (avec un minimum d’achats à faire pour profiter de la livraison) ; recours accru au crédit pour faire face aux obligations financières ; ou coût élevé de ce crédit, etc.

Nous avons appuyé la demande du Collectif pour un Québec sans pauvreté à l’effet de bonifier le crédit d’impôt pour solidarité, le temps de la crise, afin d’apporter une aide temporaire significative. Cette demande est restée sans suite de votre part.
Pour vous inciter à l’action, nous désirons par la présente illustrer concrètement ces difficultés vécues actuellement, par des témoignages récoltés dans les dernières semaines auprès de nos diverses associations membres.

En Beauce : Une mère raconte que son fils est prestataire de la solidarité sociale. Il occupait un emploi sur un plateau de travail en usine, géré par un organisme communautaire qui a dû fermer ses portes en raison de la COVID. Il était payé 5 $ par jour et travaillait de 3 à 4 jours par semaine — il subit donc actuellement un manque à gagner de 80-100 $ par mois. Ce travail lui permettait aussi d’avoir un remboursement de sa passe taxibus (65 $) qu’il utilise pour plus que le travail (commissions, rendez-vous, etc.).

-Un prestataire, vivant seul, reçoit 690 $ par mois. Il survivait avec un supplément de 200 $, en travaillant comme concierge dans un salon funéraire du coin — qui a fermé ses portes. Il n’a donc plus ce revenu supplémentaire pour boucler ses fins de mois.

Dans Lanaudière: Madame est mère monoparentale d’une fille de 7 ans. Elles vivent en milieu rural dans une municipalité de moins de 3000 habitants. Madame est sur le programme de solidarité sociale, car elle a une maladie chronique dégénérative. Sa fille ne pourra retourner à l’école en mai, car ce serait trop dangereux pour la santé de la mère. Elle bénéficie encore d’aide alimentaire livrée à domicile, mais elle remarque qu’il y a moins de viande dans les paniers qu’avant la crise, et qu’elle doit jeter 3 certains produits dont l’expiration date de plusieurs années. Aussi, madame doit maintenant faire ses commissions à l’épicerie de sa localité où les prix sont plus élevés, où il y a moins de spéciaux et où des produits sont absents des tablettes. Sa fille ne profite plus des petits déjeuners gratuits à l’école. Concernant sa fille, madame a dû lui acheter du matériel pour qu’elle ne s’ennuie pas. Elle a réussi à acheter de la peinture et du matériel de bricolage, mais les pots de peinture et la colle se vident rapidement. Elle aimerait avoir un ordinateur pour sa fille afin que celle-ci puisse avoir accès aux nombreuses ressources éducatives dont on parle abondamment. Cela serait aussi utile pour qu’elle puisse se divertir, car elles n’ont pas le câble.

En Estrie : Résidente d’un petit village, et ancienne femme de ménage frappée par une longue maladie dont elle a encore des séquelles, madame vit ou plutôt survit, sur l’aide sociale. Elle complète son revenu par du travail d’entretien ménager chez les deux seules clientes qui lui sont restées fidèles. Cela lui rapporte 150 $ par mois en moyenne, un montant dont elle a absolument besoin pour boucler ses fins de mois toujours difficiles. Le confinement dû à la COVID-19 lui fait perdre ces 150 $ par mois.

Ces cas illustrent clairement que, contrairement aux travailleurs et aux entreprises qui perdent des revenus, aucun programme ne vient compenser la perte de revenu des personnes à l’aide sociale, qui sont pourtant parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de notre société. Alors que les prestations sont insuffisantes pour assurer un niveau de vie décent en temps normal, nos membres reçoivent quotidiennement des appels similaires de gens à l’aide sociale qui arrivent encore moins qu’avant à joindre les deux bouts en cette période de pandémie.
Il nous apparaît donc primordial que des mesures d’aide soient annoncées à leur intention, dans les plus brefs délais.

Veuillez agréer, messieurs, l’expression de nos sentiments distingués.

Élisabeth Gibeau, analyste, politiques sociales et fiscales Et le comité Politiques sociales et fiscales d’Union des consommateurs : – Sylvie Bonin, ACEF Estrie – Dominique Gagnon, ACEF du Nord de Montréal – Martine Marleau, ACEF de l’Est de Montréal – Anne Plamondon, ACEF Lanaudière -Samuel St-Denis-Lisée, ACEF Grand-Portage – Chantal Lebeau, ACEF Appalaches-Beauce-Etchemins


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