DANS LE SECRET DU CABINET #16

17 décembre 2020Steve le Bienheureux

CHER JOURNAL INTIME,

Voici venir enfin ce moment tant attendu des enfants, grands comme petits, du « Temps de fêtes ». Que de souvenirs émus et émerveillés je garde de mon enfance des 40 dernières années lorsque la ville revêt des habits de lumières scintillants de mille feux. D’ailleurs, c’est ce même sentiment enfantin qui m’habitait lorsque j’ai fait mon discours d’inauguration de l’illumination du sapin de Noël de l’Hôtel de Ville en compagnie Gustave le lutin. Et ces chansons de Noël que l’on entend partout et tout le temps. Tellement partout qu’il est inutile de compter y échapper; tellement tout le temps qu’on les écoute jusqu’à la nausée et que c’est même ça qui nous rend heureux. C’est le fameux syndrome de Stockholm, une ville de Scandinavie qui comme tout le monde le sait est la patrie du Père Noël et le syndrome est celui de ne pouvoir échapper à la joie de Noël.

Tu le sais mon cher journal, si je me suis lancé en politique et que j’ai la carrière fulgurante et couronnée de succès que l’on sait, c’est parce que je me suis donné comme mission d’apporter du bonheur à tout le monde. Un peu comme l’enfant Jésus dans la crèche. Et les observateurs et observatrices attentifs de la vie politique de Sherbrooke ne s’y sont pas trompés en me nommant le « ravi de la crèche ». Mais attention, même si ce qualificatif m’honore, je veux rappeler que je suis le ravi de la crèche de tous les Sherbrookois et toutes les Sherbrookoises : les croyants comme les non-croyants. Je ne fais aucune distinction et j’ai un sourire à offrir à toutes et tous!

Mais cette année, j’ai eu l’impression que mon sourire ne suffisait plus à définir une ligne politique. Parce que cette année a été TERRIBLE! Un virus c’est abattu sur toute la planète! Et comme j’avais réussi à mettre Sherbrooke sur la map, ben la conséquence a été que Sherbrooke a elle aussi été contaminée depuis la Chine d’où le virus est parti. La vie joue parfois de bien mauvais tours et réduit à néant le travail acharné de jours entiers enfermés au bureau à penser la prospérité de la ville. Parce que ce virus est bien plus grave que ceux que j’attrape parfois sur mon ordinateur lorsqu’en cachette, mais toujours après une journée de travail bien remplie, je vais voir d’un oeil curieux et effarouché, des madames et des monsieurs qui s’amusent tout nu ensemble. Avec ce virus, impossible de régler ça en apportant – incognito – l’ordinateur au réparateur et en lui demandant de garder le silence sur mes fréquentations en ligne.

Ce virus est une catastrophe pour les finances de la ville et pour mon beau budget bien ficelé de fin d’année que j’emballe toujours comme un bon gros sapin à faire passer aux Sherbrookois et Sherbrookoises. Imagine toi cher journal : nous avons perdu des millions de dollars parce que tout le monde devait rester chez soi pour ne pas attraper le vilain virus. Et comme les gens sont chez eux, ben ils ne mettaient plus d’argent dans les bornes de stationnement. Ce qui fait que toute la marge de manœuvre de mon budget s’amenuisait à chaque journée où aucune pièce de 25 sous n’entrait dans les machines de la prospérité disséminées dans tout le centre-ville.

Encore une fois, l’équilibre budgétaire de la ville ne sera pas au rendez-vous. Mais au final ça n’est pas très grave car j’ai annoncé que je voulais être encore maire pour faire le budget de l’année suivante. J’aurai bien le temps de me rattraper. Mais je n’attends pas mon nouveau mandat pour sauver le Temps des fêtes et Noël qui sont eux aussi menacés par le virus. Le Virus nous interdit de nous retrouver ensemble autour de la belle buche glacée de Noël ?! Qu’à cela ne tienne! J’ai invité tous les Sherbrookois et Sherbrookoises sur le pas de leur porte à admirer un feu d’artifice tiré des six coins de la ville. Pour un moment aussi grave et sérieux que le Temps des fêtes, je ne regarde pas à la dépense, car rien n’est plus précieux que de conserver son regard et son sourire d’enfant.

(à suivre)


Partager cet article
Commentaires