Covid-19 un an après : PERSPECTIVES DE DROITS HUMAINS

VOILÀ UN AN QUE NOUS SOMMES PLONGÉS DANS LA PANDÉMIE DE LA COVID-19. NOUS SAVONS QUE TOUS NE SONT PAS ÉGAUX POUR SE PROTÉGER CONTRE LE VIRUS NI MÊME POUR FAIRE FACE AUX MESURES PRISES POUR L’ENDIGUER. CECI SE CONSTATE CHEZ NOUS, MAIS LES DISPARITÉS À L’ÉCHELLE MONDIALE SONT AUSSI ALARMANTES. PIRE, LE CONTEXTE LUI-MÊME PROVOQUE PARFOIS DES VIOLATIONS DES DROITS FONDAMENTAUX. TOUR D’HORIZON ÉCLAIR DE QUELQUES ENJEUX DE DROITS HUMAINS À TRAVERS LE MONDE.

Populations marginalisées

Partout, les populations déjà marginalisées écopent plus que les autres. Dans le cadre des mesures de confinement et de couvre-feu en Europe, « la police a visé de manière disproportionnée les minorités ethniques et les groupes marginalisés […], par des violences, des contrôles d’identité discriminatoires, des mesures de mise en quarantaine forcée et des contraventions. » Les personnes roms, réfugiées ou migrantes ont particulièrement été ciblées.

Mireille Elchacar, coordonnatrice Arabie saoudite et Pays du Golfe, Amnistie internationale Canada francophone – Crédit photo: Annick Sauvé

Données et traçage

Certaines applications de traçage sont particulièrement intrusives. Si la possibilité de retracer les personnes infectées peut faire partie d’une stratégie efficace de lutte au virus, ces mesures doivent être temporaires et, surtout, « intégrer dès leur conception la protection de la vie privée et des données, c’est-à-dire que les données collectées doivent correspondre au minimum nécessaire et être conservées de manière sécurisée(1). » Amnistie internationale dénonce les applications de traçage « BeAware Bahrain » au Bahreïn, « Shlonik » au Koweït et « Smittestopp » en Norvège. À titre d’exemple, cette dernière signalait en temps réel « le lieu où se trouve l’utilisateur en transmettant fréquemment les coordonnées GPS à un serveur central », pratique particulièrement intrusive(2).

En Israël, la rapidité de la campagne de vaccination a été maintes fois soulignée, mais il ne faut pas oublier que le géant pharmaceutique Pfizer a échangé ses vaccins contre les données médicales des citoyens. Par ailleurs, cette campagne ne prend pas en compte les quasi 5 millions de Palestiniens qui vivent sous occupation militaire israélienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Le personnel de la santé et les femmes

En Égypte, des professionnels de la santé qui ont dénoncé leurs conditions de travail dangereuses (pénuries d’équipements, tests retreints, formation insuffisante, manque d’accès aux soins) ont été arrêtés, inculpés et poursuivis en justice.

Ce que tous les pays ont en commun, c’est les difficultés que vivent les femmes dans le contexte actuel. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elles constituent environ 70 % du personnel de la santé à travers le monde (infirmières, préposées aux bénéficiaires…). Les femmes sont également plus nombreuses à avoir perdu leur emploi dans le cadre de la crise, comme nous le rappelait Françoise David. Enfin, les cas de violence conjugale ont explosé, ici comme ailleurs. Une récente étude d’Amnistie montre que les femmes en Afrique australe font face non seulement à une hausse de la détresse et de la violence conjugale, mais également à une stigmatisation pour celles qui tentent d’appeler à l’aide. « Au cours de la première semaine de confinement, le service de police sud-africain (SAPS) a enregistré 2 300 appels à l’aide pour des violences liées au genre. À la mi-juin 2020, le pays comptabilisait 21 femmes et enfants qui avaient été tués par leur partenaire. »

Accès au vaccin

La question de l’accès au vaccin est particulièrement préoccupante. Dans un effort de lutte mondiale, il est à l’avantage de tous que tous les pays aient accès à une vaccination adéquate. Amnistie internationale dénonce le manque de leadership des pays du G20 à cet égard. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Les pays du G7, notamment l’Union européenne (UE), ont acheté plus de la moitié des stocks mondiaux de vaccins, alors qu’ils ne représentent que 13 % de la population mondiale, et ont suffisamment de doses pour vacciner presque trois fois la totalité de leur population. À ce jour, la moitié des doses de vaccin au niveau mondial ont été administrées dans ces pays-là, tandis que 130 pays n’ont pas encore pu administrer ne serait-ce qu’une seule injection. » Le Canada ne s’est pas montré à la hauteur des mesures proposées par le COVAX (C-TAP), initiative de l’Organisation mondiale de la santé pour mettre en commun des licences volontaires pour améliorer l’accès aux médicaments et vaccins contre la Covid.

La lutte contre la Covid doit se faire dans un esprit de solidarité mondiale, tout comme la lutte pour les droits humains.

(1) https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2020/06/norway-covid19-contact-tracing-app-privacy-win/
(2) Alertée par le rapport d’Amnistie, la Norvège a choisi de mettre fin au déploiement de son application.


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