Un an plus tard… toujours pas de retour à la normale ? À LA NORMALE OU À L’ANORMALE..?

14 mars 2021Cassandra Boyer
Catégories : COVID-19 , Opinion , Santé , Société

C’EST QUOI ÇA, LA NORNALITÉ? C’EST QUI? ÇA MANGE QUOI EN HIVER ? LA LIGNE ENTRE LE NORMAL ET L’ANORMAL SE CACHE OÙ? TIM BURTON A BEN DÉCRIT CETTE RELATIVITÉ DE LA NORMALITÉ : « ONE PERSON’S CRAZINESS IS ANOTHER PERSON’S REALITY. » (1)

Toi, l’es-tu, normal?
Le suis-je?
Pis Tim Burton lui?

Comment ne pas être perdu.e quand tout ce qu’on a connu n’est plus ? Cette réalité qu’on ne nous a jamais appris à questionner. Qui devait être le meilleur de tous les vécus. Cette réalité dans laquelle vivre dans l’instantanéité est plus important que de réfléchir au passé. Pourtant on l’sait tous.tes, ignorer son histoire, c’est se condamner à la répéter. Cette réalité qui était nôtre représentait-elle vraiment la normalité?

Franchement, je l’sais pu. J’pense même pas l’avoir déjà su. Anyway, cette réalité-là n’existe plus. Du moins, on en semble convaincu.

Mais, l’est-elle vraiment?

J’en doute…
N’avez-vous pas cette impression d’être dans une caricature? Caricature qui nous force à regarder des réalités qu’habituellement, on préfère ignorer. Sur lesquelles on préférait fermer les yeux.

«On le voit pas, ça n’existe pas !»

Demandons à nos anges gardiens à quel point le système de santé fait dur, et ce n’est pas d’hier qu’illes l’endurent. Système défaillant qui s’attend à ce qu’illes soient surhumain.es…

Ce chaos qui nous semble insurmontable, c’est leur réalité, leur normalité. C’est pas parce qu’on fermait les yeux que le problème n’existait pas. La situation est peut-être plus stressante. Normal. C’est lourd à porter 8 millions de Québécois.es qui te délaissent le fardeau d’une pandémie entre les mains. Nos anges, c’est comme le goaler du CH, quand ça va bien, on l’aime, quand ça va mal, on le blâme. Quand ça va bien, on dénonce leurs conditions de travail «ça pas d’allure d’être exploité.es d’même». Puis, s’il y en a qui rentrent pas, la reconnaissance s’envole parce que «ça pas d’allure, y l’ont choisi c’te job là !».

C’est vrai, illes sont à bout de souffle, mais c’est pas nouveau. Illes le disent ‘fait longtemps ! Mais on s’en crissait. En temps normal, on les prend pour acquis.

Ce que j’ai constaté lorsqu’hospitalisée ne laisse aucun doute quant au traitement auquel illes ont droit. Des préposé.es et infirmier.ères qui se font demander de rester pour un 8 h de plus. Et ce, même s’illes venaient d’en faire 16, sans même vérifier !

Malgré le manque de reconnaissance de la part de leurs supérieurs, de collègues, même de patient.es, ils m’ont convaincu. Du bon monde, y’en existe encore. C’est cet espoir qui m’a sauvé. Ces moments réconfortants passés en leur compagnie. Après ma dernière chirurgie cardiaque, c’est de la joie qui aurait dû m’habiter, j’aurais dû être soulagée, Enfin, vivre dans l’incertitude, c’était terminé. Pourtant, en quittant, ce qui m’habitait, n’était ni joie ni soulagement, j’étais triste, nostalgique. Je n’aurais plus la chance de côtoyer ces personnes.

À ma sortie la fin décembre 2018, je publiais sur les médias sociaux Hommage à notre personnel hospitalier, un article montrant ma reconnaissance à leur égard et voulant sensibiliser la population à leur réalité quotidienne. À la manière dont ces personnes dévouées se font exploitées sans recevoir la moindre reconnaissance de ceux et celles à qui illes ont procuré des soins. Je l’ai écrit suite à un moment particulièrement troublant. J’ai remercié une infirmière en lui disant que, sans elle, sans ses collègues, je ne serai plus là. Les médecins, bien que cruciaux, auraient travaillé en vain si ce n’était de ces contacts humains. Ladite infirmière s’est mise à pleurer en répondant que c’était pour ça qu’elle était infirmière.

Pourtant, cette reconnaissance serait rare. C’est normal ça? Je réécris à ce sujet puisque le 12 février dernier j’ai constaté que tous mes textes, y compris celui-ci, avaient disparus des médias sociaux. Pourquoi ? Dû à leur supposée connotation politique. Certains l’étaient. Celui-là, non ! Je n’y remettais pas tant en question le système que le manque de reconnaissance de la population générale.

Un an plus tard, on en est là. Demandons-nous, tout ça, c’est normal? Être censuré dans le plus meilleur pays du monde, c’est normal? Ben non ! Cela dit, ça ne diffère pas tellement de cette normalité que l’on souhaite retrouvée. Ne devrions-nous pas commencer par reconnaître que les choses doivent changer avant de parler de normalité?

Un an plus tard, y’est tu trop tard? Y’est tu pas trop tard? On l’sait pas. J’garde espoir. Pourquoi, comment, je l’sais pas, mais j’garde espoir. J’peux pas croire que cet éveil covidien ne soit que provisoire.

(1) « La folie de quelqu’un représente la réalité de quelqu’un d’autre », citation de Tim Burton

Photo de couverture: Dessin par Métyvié (fev 2018); Turcotte, S. (2019, 12 mars). Top 5 Facebook 2018 -. Le Nord-Côtier. https://lenord-cotier.com/top-5-facebook-2018-le-nord-cotier/


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