Solidaire des populations du Sud face à l’injustice climatique

Ces derniers mois, la pandémie de COVID-19 a mis en lumière les vulnérabilités de notre société : les injustices et les inégalités, qui étaient déjà criantes au Sud, ont été exacerbées, menaçant les progrès accomplis au cours des dernières décennies en matière de lutte contre la pauvreté et de respect des droits de la personne. Elle a réitéré l’urgence d’agir et l’importance de la solidarité internationale dans notre réponse aux crises (climatique, sociale, économique, sanitaire) qui affligent le monde entier.

S’il s’agit d’une occasion unique de mieux reconstruire, il n’y a pas de compromis à faire devant l’ampleur des défis qui se dressent devant nous: les répercussions de la crise climatique, par exemple, bouleversent aujourd’hui la vie de milliards d’individus.

Si cette crise nous menace toutes et tous, elle affecte de manière bien inégale les différentes populations. Ce sont, en effet, souvent les groupes ayant le moins contribué aux changements climatiques (pays du Sud, femmes, peuples autochtones) qui en subissent les plus lourdes conséquences.

Conscient de la responsabilité du Canada, grand producteur de gaz à effet de serre, envers ces populations, le Carrefour de solidarité internationale (CSI) s’affaire, depuis près de quatre ans, à soutenir l’adaptation de ces communautés aux changements climatiques.

Changer de culture

Dans le département du Nord-Est d’Haïti, la culture du café fait partie du quotidien des agriculteurs depuis tellement d’années que les récoltes servent maintenant de mesure de temps. Toutefois, en raison des aléas climatiques, le caféier se meurt ; la plante est trop fragile pour résister aux conditions inhospitalières (sécheresses, forts vents, pluies torrentielles). Résultat: les paysans n’arrivent plus à répondre aux besoins fondamentaux de leur famille.

Face à ce constat, un « changement de culture » s’est imposé. Le CSI et son partenaire ont décidé de délaisser la culture du café dans le cadre de leurs projets de coopération, et ce, au profit de nouvelles pratiques agroforestières plus diversifiées et adaptées à la nouvelle réalité.

De cette transition essentielle est née une initiative, Jaden nou se vant nou (Notre jardin, notre sécurité alimentaire, en créole), élaborée et menée en étroite collaboration avec son partenaire local, l’Institut de recherche et d’appui technique en aménagement du milieu (IRATAM), et le Centre universitaire de formation en environnement et développement durable de l’Université de Sherbrooke.

Un projet de trois ans qui aura permis d’amorcer des changements de comportement chez les paysans et de transformer petit à petit leurs plantations, éléments clés de l’accroissement de leur résilience face aux changements climatiques.

Consolider le changement

Plus tôt cette année, le gouvernement du Québec a confirmé l’octroi d’une aide financière de 321 618  $ au CSI dans le cadre du Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques, lui permettant de poursuivre ses actions d’adaptation aux changements climatiques en Haïti. Une nouvelle qui réjouit l’organisation, qui se dit reconnaissante de pouvoir être aux côtés de son partenaire pour relever ce défi colossal.

Ce soutien gouvernemental assurera la deuxième phase du projet Jaden nou se vant nou, qui prévoit notamment la promotion et l’intégration de la banane plantain, une culture de transition vers des pratiques d’agroforesterie climato-intelligentes qui est bénéfique au point de vue environnemental et rentable économiquement.

À long terme, le projet permettra aux populations du Nord-Est d’Haïti de stabiliser leurs activités économiques et leurs revenus, d’améliorer leurs pratiques agricoles et la qualité des sols ainsi que de renforcer leur sécurité alimentaire et la résilience de leur milieu face aux aléas climatiques.

En ce début de deuxième phase du projet, la mobilisation du personnel de l’IRATAM et des membres des coopératives caféières et agroforestières est grande, et ce, malgré la crise multidimensionnelle que traverse Haïti. Le projet représente même une voie privilégiée par les populations locales pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté et arriver enfin à vivre avec une plus grande dignité.


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