Les choix de Trudeau, pour sa famille et pour le Canada

17 août 2022Pierre Jasmin

Pour sa satisfaction personnelle, Trudeau choisit le Costa Rica.

Étrange tout de même que, pour la deuxième année (sa famille y avait passé ses vacances de 2019  !), le premier ministre choisisse un pays éloigné de sa politique.  

Car le Costa Rica

  • a fait adopter par l’ONU en 2017 grâce à son ambassadrice Elayne Whyte Gomes le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires que Trudeau attaque en épousant les politiques guerrières de l’OTAN ; 
  • a été la première nation mondiale à bannir les carburants fossiles en juillet 2018, en vue de son 200e anniversaire d’indépendance en 2021 ; alors que le Canada a décidé sous Trudeau d’acheter pour un coût qui ne cesse de gonfler un pipeline d’un des carburants les plus toxiques au monde, celui issu des sables bitumineux ; a été la première nation importante à supprimer son armée en 1949, imitée en 1990 par le Panama pourtant voisin d’une Colombie militariste de droite (appuyée par le Canada de Trudeau qui a voulu la faire adhérer à l’OTAN en créant le groupe de Lima, renié par le Pérou  !) Heureusement, des élections il y a un mois ont retourné la Colombie vers une gauche amie du Venezuela, du Chili et de la Bolivie et qui sait si elle ne supprimera pas elle aussi son armée, alors que Trudeau augmente ses dépenses militaires de 14 % par année au détriment de l’aide sociale à ses pauvres. 
  • Wikipédia affirme que le Costa Rica se sort, lui, peu à peu de sa pauvreté en donnant la priorité à l’éducation, à la santé et à la protection de l’environnement, où il est classé depuis 2009 à la première place mondiale du Happy Planet Index ; surtout grâce à sa politique active de développement des énergies renouvelables (essentiellement hydraulique, mais aussi éolienne et géothermique, qui produisent depuis 2015 la quasi-totalité de son électricité) et de protection de ses ressources naturelles (reforestation, moratoires interdisant l’exploitation pétrolière). C’est également le premier pays d’Amérique centrale à avoir légalisé le mariage homosexuel et surtout l’un des premiers au monde à avoir supprimé la peine de mort dès 1882.

Le Canada, la semaine dernière, a fait des progrès notables : au lieu de s’opposer, il a approuvé, avec l’assemblée générale de l’ONU quasi unanime, un texte dont la rédaction provenait en partie du Costa Rica reconnaissant le droit à un environnement propre, sain et durable comme un droit humain à part entière. Jeudi le 28 juillet, 161 États ont votéA cette résolution à New York, sans voix contre et avec huit abstentions (Russie, Chine, Iran…). Bien que cette résolution ne revête pas de caractère juridiquement contraignant, les représentants de la communauté internationale ont néanmoins parlé d’une étape historique et d’un appel lancé aux gouvernements, aux organisations internationales et aux entreprises. L’assemblée générale avait en dernier reconnu en 2010 le droit à l’eau et aux installations sanitaires comme un droit humain : voir toutefois les lacunes pointées par l’Agora des Habitants de la Terre de Riccardo Petrella et dans nos six articles avec Eau-Secours et Raôul Duguay.

Pour le Canada, Trudeau choisit… la guerre

En une journée seulement, le 31 juillet, deux actions lâches du gouvernement libéral

  • qui a remis à 2023 l’action pourtant promise à l’ONU de lui fournir deux cents  Casques bleus pour appuyer les projets de paix en 2022. Pour faire la guerre, pourtant le Canada est bien là au rendez-vous (voir plus bas) ;

qui a terminé ses transferts afghans bien en deçà des 40 000 qu’il s’était fixés comme objectif parmi ceux qui avaient «  collaboré  » avec l’armée canadienne, les abandonnant aux mains des taliban après une guerre absurde et coûteuse en vies humaines qui a démoli le pays et que nous avons condamnée tout au long de ses vingt ans (1) .

En Ukraine, non seulement le Canada poursuit ses transferts d’armes, jugés très venimeux par «  les pacifistes ukrainiens  » , mais continue à appuyer le président  Zelensky pourtant discrédité par son renvoi de sa procureure  en un geste d’inspiration nazie. C’est sans doute la peur des nazis (pensons aux
bataillons Wagner, du côté russe, et Azov chez les Ukrainiens) qui empêche les diplomates canadiens de revenir s’installer confortablement dans l’ambassade canadienne vacante de Kyiv  ? La présence du
ministre John Baird lors du Maidan de 2014 donne probablement un casse-tête à la ministre Mélanie Joly pour un travail qui ne consistera pas seulement à aller à Washington se gaver de hors-d’œuvre…


(1) Échec à l’hypocrisie, échec à la guerre texte du 9 février 2008 de Bruno Roy, secrétaire des APLP et représentant pendant des décennies des Orphelins de Duplessis dont l’Église du Québec s’est bien gardée de parler pendant la visite papale http://www.artistespourlapaix.org/?p=20585


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