Dissidences et votes : s’opposer pour s’opposer ?

1 décembre 2022Denis Pellerin
Catégorie : Politique municipale

Dans une démocratie, l’opposition est saine et nécessaire : elle permet de mettre de l’avant des idées qui ne rejoignent pas toujours la volonté de la majorité. Parfois, la suite des évènements démontre que c’est l’opposition qui avait raison. Même si celle-ci se résumait à une seule voix.

Une personne élue peut mentionner son opposition en « inscrivant sa dissidence » ou en « demandant le vote » sur une résolution. Dans ce dernier cas, ça oblige les autres membres du Conseil municipal à se prononcer en faveur ou contre la résolution (l’abstention n’est pas une option) alors que lors d’une dissidence, on suppose que les élu·es qui ne se prononcent pas sont en accord avec la résolution.

Encore faut-il que cette dissidence soit amenée en en donnant les raisons. Celles-ci, si elles sont perçues comme « valables », pourraient amener d’autres membres à se prononcer contre la résolution et, si elles rallient une majorité, à rejeter la résolution ou amener son retrait.

Inscrire sa dissidence sans en donner les raisons est perçu comme « s’opposer pour s’opposer » parce qu’on ne peut pas être pour ou contre des raisons qu’on ne connait pas. 

Peut-on « trop » s’opposer ?

Dans le mandat précédent, des élu·es et chroniqueurs ont souvent reproché à la conseillère du district du Carrefour (devenue mairesse par la suite) de « trop s’opposer » ou de « s’opposer pour s’opposer ». 

Si on présume de la bonne foi et que la mauvaise foi doit être prouvée, cette preuve reste à faire. 

Toutes choses étant relatives, il est vrai que le nombre de résolutions contestées est en augmentation constante (voire exponentielle) depuis 2009, surtout dans la dernière année. Mais ça ne prouve rien. On ne peut que présumer que chacune de ces oppositions était justifiée.

L’augmentation peut être due à d’autres facteurs tels qu’une meilleure circulation de l’information (transparence), la diminution des séances à huis clos, la nouvelle gouvernance depuis la réforme Sévigny de 2017, la diffusion complète des séances du Conseil (où on peut voir si les élu·es défendent leurs dossiers convenablement ou pas), etc.

Si l’opposition est un pilier important de la démocratie, il convient de ne pas abuser des dissidences et votes sous peine d’y perdre en crédibilité. La population n’apprécie pas tellement qu’on crie au loup quand il n’y a pas vraiment de loup. 

Et c’est à la population de juger du sérieux des oppositions, qu’elles viennent d’un parti ou d’individus. Il y a un an, la population votante a choisi de mettre le parti de l’opposition au pouvoir. Je vous laisse en tirer vos propres conclusions. 


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