Qu’arriverait-il si…on regardait le portrait d’ensemble?

L’année 2023 s’est amorcée avec les mêmes défis en économie, en santé, en logement et en éducation. Fini les chèques du gouvernement pour tout le monde, ça prend des mesures structurantes. Mais que dit le bilan du premier mandat de la Coalition avenir Québec sur les grands projets de société?

Hiver 2018

À l’approche des élections, Éric Caire annonce que si la construction du troisième lien n’est pas entamée au cours du premier mandat de son parti, il se verra dans l’obligation de démissionner. Il s’agit d’un projet principalement imaginé par quelques animateurs de radio, potentiellement irréalisable, qui ne repose sur aucune étude concluante et qu’aucun expert ne semble véritablement appuyer. La construction se fait encore attendre, tout comme la démission du ministre d’ailleurs. Mais bon… au moins on a un projet pour le Transport.

Été 2018

Alors que les conditions des aînés vivant en CHSLD sont largement dénoncées, la CAQ annonce sa volonté de construire des maisons des aînés. À plus d’un demi-million de dollars par chambre, la population devra vite se rendre à l’évidence, il n’y aura pas de chambres pour tout le monde. De toute manière, il manque tellement de personnel dans le réseau public qu’il faudra nécessairement couper encore un peu plus quelque part pour offrir du service aux quelques chanceux qui éviteront de se retrouver dans les vieux CHSLD laissés à l’abandon. Mais bon… au moins on a un projet pour les aînés.

Automne 2018

François Legault a choisi les maternelles quatre ans comme cheval de bataille pour les élections. Il s’agit d’un projet dont la nécessité était fortement remise en doute par quantité d’experts, notamment dans le milieu de l’éducation. François Legault ira pourtant jusqu’à déclarer qu’il quitterait ses fonctions si sa promesse de généraliser ce service à travers le Québec n’était pas tenue durant son mandat. De toute manière, en l’absence de suffisamment de locaux et de professionnels dans les écoles pour accueillir ces nouvelles classes, le projet était voué à l’échec avant même d’être présenté. Nul besoin de mentionner que cette promesse rompue concernant la mise en place de maternelles quatre ans n’aura pas mené à la démission du premier ministre. Mais bon… au moins on a un projet en Éducation et pour les familles.

Puis, quelques années au pouvoir se sont écoulées.

Été 2022 

Aux prises avec une crise d’une rare ampleur au sein du milieu de la Santé, la CAQ annonce, à la veille de nouvelles élections, de nouveaux mini-hôpitaux privés. Alors que le rôle du privé et de ses agences de placement en Santé est pourtant pointé du doigt de toutes parts pour son rôle dans l’aggravation du manque de personnel dans le réseau de la santé, la proposition du gouvernement demeure d’ajouter du privé. On ignore toujours d’où proviendront les personnes qui travailleront dans ces nouveaux hôpitaux. Mais bon… au moins on a un projet en Santé.

Puis, bousculée par des critiques sur la pâleur du vernis vert qu’elle avait tenté maladroitement d’apposer sur son bleu poudre habituel, un bleu quelques tons plus pâles que celui du parti qu’elle avait tout aussi maladroitement soutenu lors des dernières élections fédérales, la CAQ y sort un nouveau lapin de son chapeau. Elle propose la construction de nouveaux barrages hydroélectriques dont les Québécois sont si fiers. Les besoins énergétiques justifiant l’ajout de barrages sont sérieusement remis en doute, on ne sait pas réellement où ces infrastructures seraient construites, personne ne semble avoir été consulté et les impacts sur la biodiversité et les conditions de vie des Premiers Peuples ne sont même pas abordés. Mais bon… au moins on a un projet pour l’environnement et l’énergie.

L’horizon

Quand verrons-nous une réelle prise en compte des avis des personnes chercheuses et des Premiers Peuples pour décider des politiques environnementales, territoriales et énergétiques du Québec? À quel moment viendra l’écoute réelle des besoins exprimés par ceux et celles qui sont sur le terrain et qui assurent nos services sociaux, éducatifs et de santé? Quand prendrons-nous en compte les cris du cœur de cette jeunesse qui prend la rue, de ceux qui vivent dans cette rue, privés de logement, et des aînés que l’on semble avoir oubliés? À quand une vision cohérente qui va au-delà des annonces éparses et confuses auxquelles on a fini par s’habituer? À quand une réelle vision de société, pour un Québec qui se cherche?