Une drôle de démocratie que la nôtre

14 mars 2023Claude Saint-Jarre
Catégorie : Opinion

Moi qui origine d’Abitibi et qui suis né à Malartic, ville-minière, dont la mine a obligé une partie de la population à se déplacer pour élargir le trou afin de l’exploiter davantage… 

J’ai lu le livre d’un Chinois, détenteur du Prix Nobel de la paix et octroyé d’une peine d’onze ans de prison en plus : Vivre dans la vérité, de Liu Xiaobo. J’avais entendu parler de ce livre dans un autre : Crie-le, d’un auteur vu à l’émission La Grande Librairie, TV 5 le dimanche à 10 heures.

Moi, donc, qui ai lu ce livre, voici mon cri. 

J’ai fait spontanément une sorte d’association symétrique entre notre Loi des Mines et le comportement décrit par Liu, du Parti Communiste Chinois. 

Notre Loi des Mines qui date de la fin du 19e siècle, sans amendement malgré les souhaits de la société civile maintes fois exprimés,1 permet à toute compagnie d’acheter à un prix dérisoire, un titre de propriété – communément appelé claim – décrié par Richard Desjardins et le groupe Action Boréale, car ces titres de propriétés nuisent à la biodiversité, à l’encontre de la Convention de la biodiversité de la COP 15, occasionnent de la déforestation, polluent les cieux via les combustibles fossiles, à l’encontre de l’Accord de Paris, et de salir beaucoup d’eau avec en prime des milliards de tonnes de déchets irrécupérables, provenant des mines que ces titres de propriété ont permises, au lieu de tout simplement conserver la nature comme elle est.

Théoriquement, une compagnie qui souhaite commencer une mine là où il y a une ville…. peut le faire sans l’avis de la population.

C’est assez proche de la description que fait l’auteur Chinois du comportement de la Chine qui considère tout son territoire comme lui appartenant.

43 % du territoire québécois est « claimé », c’est-à-dire, propriété des compagnies minières par les titres de propriété consécutives à l’exploration minière. Il faut tellement de voitures électriques, gourmandes en minéraux !

Remarquez bien que ça fait travailler du monde. Quelques mineurs gagnent 100,000 $ et plus, font monter les prix des logements, par exemple à Val-d’Or.

Mon père a été cuisinier dans plusieurs mines et je dois donc ma vie et une partie de mon éducation à ce fait. 

Toutefois il ne faut pas exagérer. L’heure est à la décroissance économique2 ou bien à la post-croissance comme préfère la nommer le professeur d’économie François Delorme.

La colonisation de l’Abitibi au début du 20e siècle a permis de sortir de la misère, à l’occasion de la crise de 1929, des milliers de gens qui y sont déménagés, pour ouvrir des terres avec des haches et de la sueur.

Gratitude pour cela mais ce n’est pas une raison pour détruire la nature qui nous nourrit, nous fournit de l’air, un climat, de l’eau bonne au lieu de sale.

Car, voyez-vous, l’ONU et l’OMS étudieront bientôt le problème de l’eau, divisé en trois catégories : là où il y a trop d’eau, là où il en manque et là où elle est sale, dit expressément l’ONU. Et à Val-d’Or et dans bien des villes québécoises, elle est bel et bien « sale ».3

Je considère notre Loi des Mines comme une violation des droits de la nature ainsi qu’une violation des droits de l’homme à la santé et à un environnement sain. Il faudrait peut-être supprimer la propriété de l’État du sous-sol québécois que cet État transfère aux compagnies minières bien allègrement, avec inconscience écologique, en toute impunité via cette Loi très autoritaire sinon dictatoriale, que la participation citoyenne ne réussit pas à changer. Tu parles d’une démocratie manquée !5 J’entendais à la télé une peur que la Chine ne détériore notre système électoral; nous faisons pas mal la job nous-mêmes. Un autre exemple : L’UPA ce syndicat agricole unique, unique au monde, fait peur aux Ministres ! Interdit d’avoir deux syndicats en agriculture ! ! Partout, dans les autres domaines, le plurisyndicalisme est de mise ! J’ai tort? Alors adoptez le rapport Pronovost qui a été « tabletté ». 

Sus à l’« écoparalysie gouvernementale » ! 4

Claude Saint-Jarre, qui se voit parfois comme un réfugié écologique !


1 Voir : Pour que le Québec ait meilleure mine, Facebook.
2 Voir : Guérir du mal de l’infini, d’Yves-Marie Abaham.
3 Voir le Bulletin de l’ONU, abonnement gratuit.
4 Expression des étudiants en médecine membres de la FRESque !
5 Voir d’André Larocque : Robert Burns, le Ministre de la démocratie citoyenne.


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