Salaire minimum

Catégories : Droit , Société , Travail

Lors de l’annonce de la hausse du taux du salaire minimum en janvier, de 1,00 $ applicable au 1er mai 2023, le ministre du Travail a mentionné que cela représentait une hausse de 7 %, soit la plus forte hausse jamais consentie, et que cela allait favoriser le pouvoir d’achat des personnes à bas salaire.  

La plus forte hausse, pas nécessairement…

Il serait bon de lui rappeler qu’en 2007, 2008 et 2009 il y a eu trois hausses consécutives de 0,50 $ qui représentait 6 % à l’époque.   En 2018, il y a eu une hausse de 0,75 $ soit 6,67 %, ainsi qu’une autre hausse de 0,75 $ en 2022.   Il y a donc eu des hausses de plus de 6 % qui ont été octroyées dans les quinze dernières années, et ce, dans des périodes qui ne se comparaient en rien à la crise inflationniste que nous vivons. Pour nous, cet ajustement de 1,00 $ est nettement insuffisant pour garantir aux travailleuses et aux travailleurs de sortir de la pauvreté, de l’endettement et leur permettre de vivre dignement et décemment.

Dans un contexte de flambée des prix où il devient difficile de couvrir des besoins essentiels comme le logement, la nourriture, le transport, les soins de base, etc. nous attendions davantage de la part du gouvernement pour contrer les effets dramatiques de la crise actuelle sur le budget des personnes à bas salaires, qui doivent parfois cumuler des emplois et/ou qui doivent parfois compter sur le salaire des enfants pour aider la famille et le recours à des services d’aide. Les demandes des banques alimentaire explosent, ainsi que les services de repas, les demandes de dons de lunettes, d’articles scolaire et sportif, de vêtements. etc. Les rénovictions et la rareté des logements ont fait augmenter le prix des loyers de manière exponentielle, ainsi que le nombre de personnes et de familles itinérantes. Cela provoque une augmentation de l’anxiété, du stress, de la détresse, du nombre de suicides et de la violence engendrée par l’insécurité financière.

Questionné à savoir pourquoi il n’augmentait pas le salaire minimum en 2019, le premier ministre Legault avait affirmé que les emplois aux salaires minimums étaient appelés à disparaître et qu’il n’était pas stratégique d’investir pour sauver ces emplois. Pourtant, il y a toujours des personnes travaillant dans des secteurs comme le commerce de détail, l’alimentation, l’hôtellerie et la restauration, les soins et l’hébergement pour les personnes âgées, l’industrie de la confection, l’agriculture, etc. qui sont au taux du salaire minimum ou juste un peu plus. Lors du dernier budget, le gouvernement a annoncé qu’il investira davantage dans la formation professionnelle où il y a plusieurs domaines à bas salaires. La présomption que ces emplois vont disparaître ne tient pas la rampe.

Rappelons que le premier ministre a affirmé en décembre dernier, qu’il est impossible de sortir de la misère avec un salaire avoisinant le 18 $. D’ailleurs, au plus fort de la COVID, afin de reconnaître la contribution des travailleuses et des travailleurs à bas salaire, le gouvernement avait qualifié beaucoup de ces emplois « d’essentiels » allant jusqu’à leur verser des salaires plus élevés pour les « récompenser ».

Avec la crise de pénurie de main-d’œuvre que nous connaissons, beaucoup d’employeurs ont déjà haussé les salaires pour attirer du nouveau personnel. Toutefois, les augmentations consenties à la pièce peuvent entraîner des disparités de traitement qui ne sont pas équitables envers les autres personnes employées.  

Si le gouvernement a des craintes concernant des faillites ou la délocalisation des entreprises, il pourrait envisager de revoir la fiscalité des petites et moyennes entreprises pour les aider à franchir le pas d’un salaire minimum à 18 $ et plus et pour garantir le maintien des emplois. Il a déjà annoncé lors de son dernier budget qu’il y aura un nouveau congé fiscal relatif à la réalisation de grand projet de développement qui permettra de bénéficier d’un congé d’impôt sur le revenu et d’un congé de cotisation des employeurs au Fonds des services de santé (« FSS »). 

Car il faut bien le dire, ce n’est certes pas la très légère baisse d’impôt qui aura un effet sur le portefeuille des personnes au salaire minimum ou à bas salaire… Il est indéniable que le salaire est une mesure importante contribuant à sortir de la pauvreté, sans dépendre de la charité, des ressources d’aide, des dons, etc., mais encore faut-il qu’il soit suffisant !


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