Féminisme : un devoir pour les hommes

2 mars 2020Jean-Sébastien Houle
Catégories : Féminisme , Réflexions

Dans le cadre de la journée internationale des femmes* (selon l’appellation officielle de l’ONU), quel est mon rôle d’homme dans la lutte vers l’égalité des femmes? Considérant toutes les femmes qui m’entourent (mère, sœurs, conjointe, amies, fille, tantes, etc.) il m’est impossible de demeurer impassible face aux inégalités dont les femmes sont (encore) victimes aujourd’hui.

Je vous prierai d’avance de par­donner toute dérive intellectuelle fortuite qui aurait pu mener cette chronique à du « mansplaining » – Messieurs, le « mansplai­ning » désigne une situation où un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà, sur un ton généralement pater­naliste ou condescendant. Ça vous rappelle quelqu’un, peut-être?

Je me sens fortement concerné par les droits et les conditions de la femme, comme par exemple l’égalité d’emploi et les violences dont elles sont encore victimes. Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), en 2018, 31% de femmes sur le marché du travail possèdent un diplôme universitaire (baccalauréat ou supérieur) contre un peu moins de 25% chez les hommes. Pour­tant, toujours selon l’ISQ, le sa­laire hebdomadaire est de moins de 800 $ contre un peu plus de 1000 $ pour les hommes.

Selon Statistique Canada, en 2011, « les hommes étaient responsables de 83 % des actes de violence commis contre les femmes et déclarés par la police. Le plus souvent, l’au­teur présumé était le partenaire intime (comprend les conjoints et les partenaires amoureux) de la femme (45 %); […] En revanche, les crimes violents à l’endroit des hommes étaient le moins souvent commis par des partenaires in­times (12 %) »

Pour d’autres statistiques sur les violences faites aux femmes, leurs impacts, je vous invite à (re)lire le texte de Marie-Danielle Larocque dans l’édition du 8 dé­cembre 2019 d’Entrée Libre.

L’époque des soutiens-gorges enflammés est peut-être loin (ou, pas si loin), mais je pense qu’on peut s’entendre pour dire qu’il y a du chemin à faire. Puisque nous – les hommes – occupons plus de places de pouvoir, de déci­sion, que les femmes, peut-être devrions-nous en faire davantage pour réduire les inégalités, dimi­nuer les violences?

Maintenant, si les femmes veulent prendre la place qui leur est due dans la société, est-ce suffisant pour les hommes de changer leurs comportements envers elles? Avant « d’agir mieux », peut-être faut-il tout d’abord « être mieux » – peut-être faut-il redéfinir notre iden­tité masculine? Par exemple, est-ce que nous sommes aussi fier d’un homme qui demeure à la maison pour s’occuper des enfants (comme tant de femmes l’ont fait depuis des décennies) que de celui qui fait croitre son entreprise ou qui gravit les éche­lons hiérarchiques d’une entre­prise ou de la fonction publique? Pourquoi?

Historiquement (anciennement) l’homme (s’il n’était dans les ordres) se définissait par son rôle de pourvoyeur de la famille. Il de­vait être fort de caractère, stable émotivement, quoique des débor­dements de colère étaient accep­tables aux yeux de la société. Les signes de faiblesses étaient mal perçus, surtout la tristesse « un homme, un vrai, ça ne pleure pas! ». Pourquoi, encore?

J’ai récemment eu une petite discussion avec mon fils de 18 ans au sujet du consentement dans une relation amoureuse. Le mot en soi lui semblait flou au départ. Pourtant, j’ai été ravi de l’entendre m’expliquer, entre autres, que pour lui, il est impor­tant que les deux partenaires se comprennent dans la définition et dans l’application du consen­tement. Pour lui, c’est aussi une question de confiance mutuelle qui doit être respectée. Évidem­ment, en tant que parent, j’ai une part de responsabilité dans le développement de ses valeurs de respect envers les femmes. Je crois aussi pouvoir influencer d’autres hommes, de tout âge, au moins par mes actes et paroles, aussi en cassant les stéréotypes tant masculins que féminins.

Peut-être que de cette façon on travaillera plus à la source, pour que plus d’hommes en in­fluencent d’autres à leur tour. Pour ces femmes proches de nous – conjointe, fille, mère, nièce, tante, cousine, voisine, amie – et celles qu’on croise à un moment ou l’autre de notre vie – chauffeuse d’autobus, notaire, présidente-directrice générale, soudeuse-monteuse, ensei­gnante, préposée à l’entretien, ingénieure…

*NDA : Au Québec, le Collectif 8 mars « utilise […] le vocable Journée internationale des droits des femmes […] afin de lui don­ner une perspective militante et féministe, de rappeler qu’il s’agit d’une journée pour dénoncer les nombreuses discriminations, inégalités et violences faites aux femmes et de souligner le chemin parcouru. »

« Le Collectif 8 mars, composé de la FFQ (Fédération des femmes du Québec) et des instances en condition féminines de toutes les centrales syndicales et syndicats, travaille conjointement à pro­mouvoir cette journée au Québec par la production d’une affiche et d’une épinglette, ainsi que des activités de représentation poli­tique


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