Entrevue avec Christine Labrie

4 mai 2022Sophie Parent
Catégories : Entrevue , Opinion

À l’occasion du bilan de la députée de Sherbrooke, ayant eu lieu le 15 avril 2022 dernier, l’équipe du journal Entrée Libre est allée à la rencontre de Mme Christine Labrie, afin de commenter quelques évènements de l’actualité politique et faire un retour sur ses quatre dernières années en poste. C’est de chez elle, par visioconférence, qu’elle a accepté de répondre à nos questions, le 22 avril dernier. 

Réaction au budget de la CAQ

À la veille des prochaines élections provinciales, prévues à l’automne 2022, nous lui avons d’abord demandé de commenter le dernier budget1 de la CAQ, ayant été déposé le 22 avril dernier : « C’est un budget qui ne prend pas du tout en compte les grandes crises que le Québec traverse en ce moment, notamment la crise climatique et la crise du logement. Il n’y a pas ce qu’il faut », déclare-t-elle de but en blanc. Puis, elle poursuit : « La crise de l’inflation non plus, même s’ils prétendent le faire! […] La mesure du 500$ va même nourrir l’inflation. […] Il n’y a pas de moyens pris pour contrer ni même ralentir l’inflation, ou encore d’agir sur la hausse de certains couts, comme le prix des loyers ou encore Hydro-Québec. » 

Incitée à poursuivre, à propos de la mesure proposée par la CAQ de donner un chèque de 500$ à toute personne produisant une déclaration d’impôt et gagnant moins de 100 000$ par année, la députée de Québec solidaire ajoute : « On peut même gagner plus de 100 000$ et l’avoir, si l’on a mis assez d’argent dans nos REER, tandis que si l’on ne peut pas remplir de déclaration d’impôt, on ne l’aura pas! Par exemple, si l’on est analphabète ou dans la rue. Puis, si l’on est à l’aide sociale et qu’on a une dette au gouvernement, on ne l’aura pas non plus! […] On a proposé des moyens pour aider les personnes les plus vulnérables, comme des déclarations d’impôt préremplies pour les personnes vivant de prestations gouvernementales, mais ils n’ont pas voulu. On a aussi proposé de ne pas pénaliser les personnes à l’aide sociale, mais ça non plus, ils n’ont pas voulu. Alors, on voit bien que c’est une mesure électoraliste, plus que pour aider ceux qui en ont vraiment besoin! »

Vulgariser le travail d’une députée

Au 15 avril dernier, Mme Labrie devait présenter son bilan auprès des gens de sa circonscription. Pour elle, ça aura été l’occasion de vulgariser son travail de députée, qu’elle résume ainsi : « On ne donne pas juste des entrevues! [rires] […] Si l’on a un problème avec une instance gouvernementale, un service public ou encore l’application d’une loi, ça passe par la députée de circonscription! » Si la plupart des dossiers citoyens sont traités de manière confidentielle, elle a toutefois pu nous parler de quelques grands dossiers ayant déjà reçu une attention médiatique auparavant. Par exemple, elle nous indique avoir travaillé à la remise en marche des chantiers résidentiels, lors de la pandémie, à la suite d’une demande en ce sens de la coop des grandes familles, dans l’ouest de la ville. Elle donne aussi en exemple le droit de rendre visite à un proche aux soins palliatifs, toujours pendant la COVID-19. 

Avant-gout du programme Solidaire

Bien que le programme électoral de Québec solidaire ne soit pas encore sorti, Mme Labrie a tout de même rappelé l’annonce2 faite lors de l’investiture de la Dre Mélissa Généreux dans Saint-François : «Afin de faciliter l’accès aux soins en santé mentale, nous aimerions recruter 900 psychologues de plus, en haussant leur salaire de 30%. À cela s’ajouterait l’embauche de 1000 autres professionnel.le.s de la santé et des services sociaux. » Ce à quoi elle ajoute que « depuis le début de la pandémie, les listes d’attente ont grandement augmenté, sans que les solutions proposées par le ministre Carmant dans son plan d’action en santé mentale aient donné de résultats concrets ». 

En matière de logement, la députée de Sherbrooke souligne aussi que son parti a l’intention de proposer des mesures concrètes, comme l’abolition de la case F du bail concernant les loyers de moins de 5 ans, qui ne protège pas les locataires de ces logements contre les hausses abusives. « À Sherbrooke, c’est 5000 ménages qui sont concernés », ajoute-t-elle. Dans les autres solutions proposées, on note aussi l’obligation éventuelle pour les propriétaires de respecter les hausses prescrites par le Tribunal administratif du logement, leur remettant ainsi le fardeau d’avoir plutôt à justifier la demande pour une hausse supérieure auprès de cette instance. Elle décrit du même coup le manque de logements abordables disponibles sur le marché, qui permet la spéculation immobilière.   

Montée de la droite au Québec

En réaction aux mesures sanitaires, les partis de droite ont semblé gagner du terrain, notamment pour ce qui en est du PCQ. Nous avons demandé à Mme Labrie si elle était inquiète à ce sujet : «Non, puis Québec solidaire n’enregistre pas de pertes au niveau des intentions de vote. Les hausses dans les rangs du PCQ semblent plutôt venir du PQ, du PLQ et même de la CAQ… quoi que l’on reconnait l’existence de quelques cas marginaux! 3 »  Elle ajoute que « une fois que la poussière sera retombée par rapport aux mesures sanitaires, les gens vont se rendre compte que ce ne sont pas des valeurs qui les rejoignent tant que ça. […] C’est un parti avec des connexions fortes avec l’industrie pétrolière, alors qu’au contraire, on souhaite la fin de l’exploitation pétrolière! »

Pour Sherbrooke, elle indique que les citoyen.ne.s lui parlent beaucoup d’environnement. Elle ne croit donc pas que ce soit un terrain très fertile pour le PCQ. 


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