1er mai  : La fête de nos luttes

Date : 2 mai 2024
| Chroniqueur.es : Normand Gilbert
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Le 1er mai, fête internationale des travailleurs et travailleuses, marque le massacre de travailleurs de Chicago en lutte pour la journée de huit heures.

Aboutissement d’une longue période d’organisation au sein du mouvement ouvrier américain, particulièrement autour de la revendication de la journée de travail de huit heures. le 1er mai 1886 est désigné comme la date à laquelle les huit heures devraient entrer en application. Sur 190 000 travailleurs et travailleuses qui firent la grève à travers tout le pays, durant la première quinzaine de mai, 80 000 étaient des ouvriers et ouvrières de Chicago. C’est donc là où le mouvement est le plus fort qu’il faut frapper.

À Chicago

Au matin du 3 mai 1886, à Chicago, la stratégie patronale et policière est au point. A la police municipale s’ajoutent les forces conjuguées de la Garde Nationale, de constables spéciaux et de plusieurs centaines d’agents de Pinkerton. Vers trois heures de l’après-midi, alors que 7 000 ouvriers et ouvrières manifestent devant l’usine & McCormick, les patrons en profitent pour faire sortir les « scabs » sous le nez des manifestant-e-s. Ceux-ci lancent des pierres et s’emparent d’un scab.

La police surgit en formation serrée, les armes à la main. Elle ouvre le feu à bout portant : six ouvriers sont tués et une cinquantaine sont blessés.

Le lendemain, 4 mai 1886, une manifestation est appelée pour répondre à cette agression soigneusement planifiée. Malheureusement, le dépôt d’une bombe lancée par un provocateur parmi les policiers fait une victime et plusieurs blessés entraînant par la suite une vague de répression contre le mouvement ouvrier organisé. Huit hommes furent finalement accusés de meurtre. Il n’y avait pas l’ombre d’une preuve qu’ils étaient liés à l’attentat meurtrier mais cela n’empêcha pas le tribunal de les reconnaître coupables de meurtre.

Après plusieurs procédures, quatre d’entre eux furent pendus vendredi Il novembre 1887 surnommé le «vendredi noir» du mouvement ouvrier américain.

Le 1er mai n’est donc pas une «fête» comme les autres. C’est le jour choisi par le congrès de 1889 de la Deuxième Internationale, organisation regroupant les militants et militantes socialistes, pour rappeler le sacrifice des travailleurs de Chicago, massacrés en 1886 à l’occasion de la lutte en faveur de la journée de travail de huit heures.

Aujourd’hui au Québec

Encore aujourd’hui, la journée de huit heures n’est pas réglementée. Au Québec, aucun règlement ne limite la durée de la journée ou de la semaine de travail, Pis, selon la loi 126, sur les normes minimales de travail, la semaine normale de travail serait de 44 heures puisque c’est à ce moment que l’employeur se doit de payer en haut du taux normal (le temps supplémentaire). Mentionnons ici qu’en 1983 au Canada, plus de 51 % des personnes rémunérées travaillaient 40 heures et plus par semaine et plus de 11 % en travaillaient cinquante heures et plus ! ! !

Nous voyons donc que la revendication d’abaisser la durée de la semaine de travail demeure bien vivante. A travers cela, nous prenons conscience aussi de nécessité de maintenir nos tractions d’organisation pour améliorer nos conditions de vie et de travail.

Le 1er mai, c’est le jour où les travailleurs et travailleuses se souviennent; c’est le jour où l’on jette un regard en arrière pour mieux préparer nos luttes futures.


Riche de son histoire, Entrée Libre souhaite mettre en valeur des articles puisés dans ses archives, témoignant d’une époque pas si lointaine, touchée par des enjeux toujours d’actualité. De souligner l’origine de la journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs, c’était pertinent en 1986 comme ce l’est toujours en 2024.

Article originalement publié dans le numéro 3 de mai 1986

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