Buffet critique : Les mères

Date : 2 mai 2023
| Chroniqueur.es : Sylvain et David
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Sélection par la librairie Les Appalaches

L’Élu, Catherine Perreault, Éditions Quartz

L’élu, c’est Éli, fils d’Isabelle. Ce grand enfant, ce jeune ado, qui est autiste, et qui est capable de violences envers lui-même et les autres.

Le livre commence sur une scène de crise intense qui va amener Eli à être hospitalisé, puis placé dans un centre d’hébergement où il devra désormais vivre.

Elle, la narratrice, c’est Isabelle, qui se voit privée de son enfant, dépossédée de son rôle de mère. Qui devra faire face au vide, à l’absence de cet enfant. L’amour fusionnel d’une mère pour son fils transcende les pages de ce roman qui ne s’en tient pas pour autant à la résilience et l’abnégation. On y lit aussi la dépression du fait de la perte, la colère envers le système hospitalier, le bonheur des autres, elle-même ou son fils.

L’Élu est un premier roman non dénué d’humour, où le « tu » à l’attention de l’enfant est particulièrement touchant. Un récit d’une grande force sur l’amour maternel.


Mon fils ne revint que sept jours, David Clerson, Éditions Héliotrope, 2023 

Ce récit est celui d’une mère entourée de disparus. Il y a d’abord son époux parti à la chasse et qui n’en revint jamais, puis la fille détachée, qu’elle ne voit que lorsqu’elle lui amène ses petits-enfants l’été.

Son fils, lui, est parti bourlinguer les Amériques il y a bien des années. Il lui a toujours écrit cependant, la tenant au fait d’un parcours aussi erratique et confus que ses propres pensées.

Puis un jour, le revoilà. Mère et fils vont passer sept jours à se baigner et à se promener ensemble dans la forêt environnant le chalet familial, étant tout à la fois réuni et absents l’un à l’autre.

Mon fils ne revint que sept jours est un livre dense et compact comme les mousses et les tourbes qu’il évoque inlassablement, dans lesquels s’enracine cette famille douce-amère. Les souvenirs et le présent s’entrelacent sans cesse.

La prose de Clerson est à la fois fantomatique, brumeuse et végétale. Elle explore avec soin l’amour à la fois incommensurable et incertain d’une mère pour sa famille.


Ne m’oublie pas, Alix Garin, Éditions Dargaud

Clémence visite souvent sa « Mamycha » qui vit en résidence. Celle-ci est maintenant à un stade assez avancé de la maladie d’Alzheimer : cela fait même plusieurs fois qu’elle fugue. L’équipe médicale envisage maintenant un traitement pharmacologique puissant.

Et donc, sur un coup de tête, Clémence décide de partir sur la route avec sa Mamycha pour aller voir une dernière fois la maison d’enfance de celle-ci.

Dans ce road trip peu ordinaire, il y a certes des moments de connexions magiques entre les deux femmes, mais le trajet est aussi rythmé par les confusions de Mamycha. C’est parfois comique et parfois ce l’est beaucoup moins.

La conception narrative est plutôt classique, mais sait être inventive au bon moment pour se mettre au service d’un récit où, il va sans dire, l’émotion est à fleur de peau.

C’est de façon tout à fait juste et touchante que sont abordés les impacts que cette maladie peut avoir sur la vie d’une personne et de ses proches.

Un récit plein d’amour et d’empathie.

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