Science et con-science

Date : 1 juin 2025
| Chroniqueur.es : Marc Bédard Pelchat
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J’avoue que depuis quelques années m’irrite passablement le point de vue selon lequel la science a réponse à tout et que quiconque oserait prétendre autrement devient un hérétique, tout comme c’était le cas autrefois lorsque c’était les religions qui traitaient d’hérétiques ceux et celles qui ne pensaient pas comme elles. Un glissement sémantique orchestré

Or la science n’est pas plus neutre que la religion. Même une voiture au neutre ne l’est plus si l’on lui donne une petite poussée et qu’elle va se fracasser contre un mur. Vous me direz: on a qu’à mettre les freins. D’accord, mais c’est exactement ce qui nous manque en ce moment: mettre les freins. Ça peut aussi s’appeler un principe de précaution. Il y aurait beaucoup d’instances où ce principe de précaution serait utile par les temps qui courent.

Les sciences c’est comme les armes à feu, dirait la National Rifle Association : elles ne tuent personne si on les laisse dans le placard. Les sciences sont tout de même tributaires des humains qui les manipulent et qui ne sont pas dépourvus d’objectifs plus ou moins vertueux. Roger Godement, mathématicien français, résumait bien l’enjeu dans une préface d’un ouvrage mathématique : « la science est politiquement neutre même lorsque quelqu’un la laisse par mégarde tomber sur Hiroshima ».

La marchandisation du savoir

C’est pire encore depuis quelques décennies où la recherche dite fondamentale a une grosse misère à prouver sa pertinence, remplacée par la recherche appliquée et l’infiltration des entreprises privées dans les laboratoires des universités et instituts de recherche publics. On ne fait presque plus de la recherche sur le long terme si ce n’est pas payant à l’autre bout. Le bien commun est devenu une donne très secondaire.

Lorsqu’on ne cesse de claironner sur toutes les tribunes qu’il faut se fier à la science, un doute m’assaille dans les conditions courantes. Jusqu’à l’invention du microscope, personne ne soupçonnait qu’il y ait tout un monde dans une goutte d’eau. La même goutte d’eau aujourd’hui contient un tas de saloperies qui n’étaient surement pas présentes à l’époque et qui sont le fait de la science.

Aux prises de nos jours avec des tonnes de pesticides, de PFAS, de phtalates et autres merveilles de la chimie qui nous rendent malades, on peut se demander en quoi la science nous est bénéfique. A-t-on pensé un instant à toutes les retombées radioactives des 2000 essais nucléaires de par le monde au cours du XXe siècle ? On découvre des isotopes de plutonium jusque dans le fond de lacs en Ontario! Ce ne sont pas les extraterrestres qui sont allés les y déposer.

Face à la quantité invraisemblable d’information scientifique à notre disposition, il est difficile de juger de la véracité de ceci ou de cela lorsqu’on sait que derrière cette mise à disposition d’information grand public se cachent parfois des lobbys qui ont pour mandat de faire valoir leurs camelotes. Il ne s’agit pas de dire que toute la science n’a que des buts mercantiles, mais d’être en mesure de faire preuve de discernement. Il est rare que les acteurs qui produisent la science se risquent à émettre un bémol sur les tenants et aboutissants de leurs découvertes, de leurs recherches, de celles de leurs collègues, de leurs bailleurs de fonds, surtout commerciaux sous peine de poursuites judiciaires, etc.

Le vrai danger : la démission politique

Les produits contenant des nanoparticules envahissent notre quotidien. Tout comme les particules de plastique, nous les inhalons au quotidien et leurs effets sur la santé, les écosystèmes et l’atmosphère commencent à peine à sonner l’alarme dans des organismes comme l’ONU pour en contrôler la production.

Ce ne sont pas les grenouilles de la tourbière de Blainville qui nous rendent malades. Ce sont des politiciens qui ont peu de scrupules sur les conséquences de leurs décisions, souvent séduits par des vendeurs d’huile de serpent qui savent très bien manipuler leurs interlocuteurs. Je ne sais pas comment ils dorment sur leurs deux oreilles, car de toute façon on ne peut pas dormir sur deux oreilles et il est clair qu’à moins de mettre des bouchons la rumeur, le grondement est assez intense pour ne pas pouvoir faire fi de la colère.

Avec les décideurs actuels, on n’a plus l’impression de vivre sur une planète exceptionnellement unique dans le système solaire, mais plutôt dans une gigantesque usine où tout est permis au nom de la « liberté »- surtout celle de la libre entreprise, érigée en principe sacré, plus sacré même que la vie elle-même, car la vie, elle, ne rapporte rien. 

 

 

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