Manger sa plate-bande!

Date : 8 avril 2012
| Chroniqueur.es : Jean-Denis Giguère
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À chaque fois que je me promène dans la ville, je suis renversé par la beauté des aménagements paysagers proposés par tous et chacun. N’est-ce pas un bel exemple de générosité et d’attention que d’offrir de son temps pour embellir notre environnement collectif? Ce ne sont pas toujours les aménagements les plus somptueux qui me touchent le plus. Parfois, quelques fleurs témoignent d’une beauté tellement simple et touchante.

Je me questionne parfois sur ce que nous pourrions faire pour rendre ces magnifiques aménagements encore plus profitables pour leurs propriétaires et pour les passants. Une idée qui me vient alors en tête est d’ajouter d’autres usages à la fonction esthétique qu’ils remplissent déjà si bien. Pourquoi ne pas choisir pour nos plates-bandes des plantes comestibles, aromatiques, utilitaires? De nombreuses plantes combinent plusieurs de ces fonctions!

Je dois être honnête, ce n’est pas vraiment mon idée… Ce sont plutôt Bill Molisson et David Holgrem, les fondateurs de la permaculture, qui sont responsables de cette réflexion. La permaculture est une approche systémique visant une intégration harmonieuse des activités humaines dans leur environnement. Parmi les enseignements importants de la permaculture, il y a justement cette idée qu’un élément, pour véritablement trouver sa place dans un système, doit y jouer plusieurs rôles.

Une permacultrice cherche à concevoir des aménagements qui prennent soin de la terre et des humains et s’assure d’obtenir sa juste part, pour ensuite redistribuer les surplus.

Donc, si vous souhaitez concrétiser cette idée dans vos plates-bandes, ce n’est pas très compliqué. On peut d’abord y intégrer des plantes communément présentes dans les potagers. Plusieurs légumes ont de grandes qualités ornementales. Les plantes aromatiques sont souvent très jolies aussi. De plus, certaines peuvent jouer un rôle dans le contrôle des insectes ravageurs. Ensuite, on peut remplacer quelques fleurs par des fleurs comestibles. Plusieurs d’entre elles poussent très bien dans le Sud du Québec.

Et si vous n’avez pas de plates-bandes, pourquoi ne pas vous y mettre? Jardiner, c’est un geste très écologique qui peut s’avérer très économique. Vous pouvez peut-être jardiner en solo sur le terrain de votre domicile; si vous habitez un logement, votre propriétaire serait peut-être ouvert à l’idée de vous laisser colorer et aromatiser un petit coin. Il est également possible de le faire avec des voisins ou au jardin collectif ou communautaire le plus proche. Le jardinage en groupe permet de partager des trucs et des connaissances, de s’entraider et aussi d’avoir beaucoup de plaisir!

Si vous jugez qu’il est trop tard pour vos plates-bandes estivales, sachez que certaines plantes peuvent être plantées tardivement et récoltées jusqu’à une période avancée de l’automne. Notez également que la fin de l’été et l’automne constituent des périodes de prédilection pour préparer le sol pour les aménagements du printemps suivant.

Il est possible d’aller bien plus loin. En Amérique du Nord, 65 millions d’hectares sont cultivés en pelouse, ce qui en fait la plus importante culture en termes de superficie, devant le maïs par exemple. Imaginez un peu que l’on transforme toute cette belle pelouse en des environnements d’une biodiversité beaucoup plus riche, qui rempliraient davantage de fonctions pour nous, mais aussi pour toutes les plantes et tous les insectes, oiseaux et animaux qui nous entourent. Quelle opportunité d’accroître la quantité d’aliments produits localement : difficile d’être plus local qu’à côté de sa porte!

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