Sens

Date : 20 juin 2017
| Chroniqueur.es : Nadia Veilleux
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Sens-tu cette pression? Juste là, sur tes épaules.

Elle est peut-être subtile. Tellement subtile que tu ne te rends pas compte que tes épaules sont courbées. Elle est peut-être immense. Tellement immense qu’elle pèse lourd sur ton existence. Dans les deux cas, cette pression s’est faufilée derrière ton cou pour ramper sur ta nuque. Elle est entrée, juste là derrière ta tête, pour aller faire son nid dans ton subconscient.

C’est elle que l’on appelle pression sociale.

Elle est sournoise cette pression, qu’elle soit subtile ou immense, elle n’épargne personne, elle affecte tout le monde d’une manière ou d’une autre.

De notre naissance à aujourd’hui, elle a grandi avec nous. Elle nous a montré qu’il y avait deux cadres dans lesquels on pouvait grandir, une boîte rose ou une boîte bleue.

Elle nous a appris ce qu’il fallait faire pour être une vraie femme ou être un vrai homme. Elle a créé une normalité, au détriment d’une diversité et elle nous a appris à vivre dans cette société qui valorise la beauté comme s’il s’agissait d’une histoire de normes.

Consciemment ou inconsciemment, cette pression sociale vient influencer notre attitude, nos pensées et nos actions. Elle nous pousse à faire des choix qui vont à l’encontre de nous-même, de notre bien-être et de nos envies. Chaque jour, nous sommes exposé-es à beaucoup plus de publicités et d’images irréalistes à travers les médias que de diversité au quotidien. En moyenne, les Nord-Américain-es sont la cible de plus de 3000 publicités par jour! Qu’on le veuille ou non, ces modèles non représentatifs de la réalité deviennent quand même nos images de référence. À force d’être autant bombardé-es, on peut en venir à avoir une perception déformée de la beauté, les impacts sur le développement de notre image corporelle étant loin d’être positifs. Les matins où ce que l’on voit dans le miroir ne nous satisfait pas, ce sont à ces modèles masculins ou féminins, pourtant falsifiés et contre-nature, que l’on se compare.

Alors influencé-es par cette pression sociale et désirant être reconnu-es par cette société, on est prêts à faire beaucoup pour atteindre ce fameux modèle de corps qui représente la norme.

On ne veut pas de ce corps qui est le nôtre, ce corps qui n’est pas «le bon», ce corps jugé et rejeté, celui qui n’entre pas dans cette boîte produite et construite par la société. La réalité étant que la majorité d’entre nous sommes pris-es avec un corps qui ne correspond pas aux standards de beauté véhiculés dans la société, nous sommes pris-es dans une société qui ne nous donne pas le droit d’être qui on est! Une société qui implante en nous des désirs inatteignables et fait son business sur nos insatisfactions, notre culpabilité et notre malheur d’avoir un corps naturel, mais soi-disant pas «normal».

Sommes-nous prêts-es à modifier notre nature pour entrer dans ce moule mal ajusté?

Sommes-nous prêts-es à être quelqu’un-e d’autre de qui on est réellement?

Si l’on veut comprendre d’où vient cette pression sociale, il faut se tourner vers la société et ses systèmes qui encouragent ces modèles irréalistes de beauté et véhiculent à outrance ces stéréotypes. Il faut remettre en question cette société qui nous enlève la liberté et la fierté d’être comme on est, dans toute notre différence, notre unicité et notre profondeur!

On ne peut plus prétendre que ces questions sont d’ordre individuel. Au quotidien, c’est à nous tous d’agir pour diminuer les dégâts de cette pression sur notre vie. Notre corps n’appartient à personne d’autre qu’à nous. C’est notre territoire. C’est à nous de le décoloniser de ces normes qui nous poussent à nous déformer nous-mêmes.

Pour y arriver, tu peux commencer par:

Célébrer qui tu es.

Valoriser la richesse de la diversité corporelle qui t’entourent.

Remercier ton corps pour tout ce qu’il te permet de faire.

Te permettre de vivre en cohérence avec tes propres désirs, et non ceux qui sont imposés par la société.

Tu as le droit d’être qui tu es.

Tu as le droit de t’échapper de cette identification et de sortir de cette boîte étouffante qui nous est imposée.

Surtout, donne-toi cette liberté d’être toi-même! Et je t’en prie, donne-la aux autres.

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