ILLUSION EMPLOI ESTRIE S’OPPOSE À LA RÉFORME DU PEQ

Date : 1 octobre 2020
| Chroniqueur.es : Guillaume Manningham
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LA RÉFORME DU PEQ (PROGRAMME D’EXPÉRIENCE QUÉBÉCOISE), PERMETTANT UNE VOIE PLUS RAPIDE VERS LA RÉSIDENCE PERMANENTE, A ÉTÉ ADOPTÉE LE 22 JUILLET DERNIER PAR LE GOUVERNEMENT CAQUISTE. CETTE RÉFORME CONCERNE LES ÉTUDIANT.ES INTERNATIONAUX.ALES ET LES TRAVAILLEURS.EUSES MIGRANT.ES. MALGRÉ LE CHANGEMENT DE MINISTRE ET DES RÉVISIONS MINEURES, CETTE RÉFORME N’A FINALEMENT PAS RÉPONDU AUX DEMANDES DES MOBILISATIONS COMME CELLES DE JUIN ET DE JUILLET À SHERBROOKE AUXQUELLES S’EST JOINT ILLUSION EMPLOI.

Notre organisme existe depuis 25 ans et, comme son nom l’indique, il défend entre autres le principe suivant : même emploi, mêmes conditions, mêmes droits, même protection ! Nous pouvons affirmer que ce principe est de plus en plus bafoué par la disparité de traitement entre les travailleur.euses temporaires migrant.es et les autres salarié.es dans un même milieu de travail. Le PTET (Programme des travailleurs étrangers temporaires) est de plus en plus un programme d’utilisation permanente et récurrente d’une main-d’œuvre moins protégée dans ses droits et plus vulnérable aux abus. En effet, ces personnes sont plus dépendantes de l’employeur avec l’existence des permis fermés et il n’y a pas de cours linguistiques prévus.

Par exemple, cette année, le Réseau d’aide aux travailleurs.euses migrant.es agricoles au Québec (RATTMAQ) et le Centre des travailleurs.euses immigrant.es (CTI) reçoivent des dizaines de cas d’abus graves concernant : les heures de travail (jusqu’à 16 heures par jour, 100 heures par semaine), le travail sans période de repos minimum de 32 h consécutives par semaine donc du 7 jours sur 7, des menaces par rapport à l’obligation continue de faire des heures supplémentaires et même le contrôle des allées et venues en dehors de la ferme après la période de quarantaine. Certains employeurs ont aussi chargé les frais pour les mesures sanitaires aux employé.es malgré que le gouvernement fédéral couvre ces frais. Les employeurs fautifs reçoivent donc deux fois ces montants ! Et cette réalité vécue sur une même ferme est différente pour les travailleurs.euses à statut régulier plus à même de faire valoir leurs droits. Racisme systémique au Québec et au Canada ? Bien présent effectivement!

Le gouvernement de la CAQ actuel accentue ce phénomène en utilisant le discours « Moins, mais mieux ! », discours politique utilisé dans la réforme du PEQ prétendant réduire le nombre de personnes immigrantes admises en les « intégrant mieux ». Avec la crise sanitaire, cela a rendu plus visible des parts importantes de travailleurs.euses migrant.es temporaires dans des secteurs clés et essentiels de notre économie et de notre société. Ces secteurs sont souvent dévalorisés et faiblement payés, comme celui des aides-soignantes, des aides familiales (des femmes en quasi-majorité), des conducteurs de camions, des travailleurs.euses agricoles ainsi que des travailleurs.euses dans les industries alimentaires de transformation. Eh bien, ce sont en grande partie ces travailleurs.euses qui se font dire, avec la réforme caquiste, de continuer de façon temporaire, mais récurrente pendant des années. Comme le disait Donalee Martinez, un camionneur d’origine philippine qui parcourt de longues distances depuis plus de deux ans dans l’espoir de pouvoir profiter du PEQ : « assez bons pour travailler, assez bons pour rester ! ».

C’est pourquoi nous revendiquons plus spécifiquement par rapport à la réforme du PEQ :

1. D’annuler le prolongement des années d’expérience de travail requises pour que les candidates et candidats, étudiantes et étudiants ou travailleuses et travailleurs, puissent être admis dans le PEQ, car ce prolongement enfermera plus longtemps un grand nombre de personnes dans un état précaire et vulnérable. (Passe d’un an à deux ans)

2. D’annuler l’exclusion des travailleuses et travailleurs occupant des emplois peu ou non qualifiés (catégories C et D selon la classification nationale des professions) : Le PEQ devrait être ouvert à toutes les personnes ayant accumulé de l’expérience au Québec, sans discrimination fondée sur le niveau de qualification professionnelle. De plus, contrairement au Conseil du patronat, nous nous inquiétons de la prolifération des projets pilotes sectoriels (aux préposées aux bénéficiaires, aux technologies de l’information ou à la transformation alimentaire) qui risquent entre autres de rendre le système d’immigration soumis à la fluctuation du marché sans une vision à long terme. Notamment dans la perspective d’améliorer les droits et les conditions de travail de tout le monde. Les personnes qui travaillent ici et qui désirent vivre ici ne sont pas des marchandises jetables, mais des personnes qu’on doit traiter avec dignité et égalité.

C’est pour cela qu’Illusion Emploi Estrie joint sa voix à l’opposition à la réforme du PEQ, une réforme discriminatoire et injuste.

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