Legs à l’enfant

Date : 18 décembre 2012
| Chroniqueur.es : David Goudreault
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Embrasse ta langue
C’est mon présent à t’offrir
L’unique héritage à protéger

Je prends parole pour te la rendre
Elle seule sauvera l’espace entre nous
Elle préservera l’espèce et l’espoir
Car sonnera le glas des saveurs uniques
Dans nos vastes forêts six fois recyclées
Sous le cadastre du dernier endroit
Là où tu n’y seras pour rien
Pourtant

La seule issue sera le courage
Prends chacun de nos mots sous ton aile
Ils t’érigeront des pans de réel où tu auras appui
En équilibre sur la mince ligne du sens
Entre la mort et les vertiges inutiles
Tu nommeras des matières
Se réalisant sous tes pas
Tu marcheras sur l’onde
La parole s’échappant avec toi
De ta bouche et de ta condition
Désamorcera toute menace
Passée et future, confondue
Ici et hier
Le possible sous la dent
Auroch, liberté, mammouth
Révolution armée, tranquille, sexuelle
En Sainte-Bosnie-sur-le-lac-à-l’épaule
Vratachiure canou vilass lasso lasso
Et tamdidlidam didlididlididlidam
Excusez-là jamais
Reste fière

Toutes les réalités immuables
Situeront leurs naissances
Entre tes tripes et tes lèvres
Chuchotant la lumière à l’oreille des apeurés
Bricolant des lendemains chantant aux soins palliatifs
Poêlant un pays avec les restants de nos maîtres
Tu n’auras de limites que les termes à inventer
Tu es déjà matière à surpassement
Sois le souffle
Balançant tes ancêtres pendus
Au bout des cordes de bois
Devant chauffer les espérances
De tout un peuple étourdi
En cours de route
À faire

Sois le vent alimentant les flammes
De tous les moines immolés
De tous les bûchers du juste droit
De tous les lynchages organisés
Chacune de leurs brûlures
Cautérise en profondeur
Le discours poli des crânes spacieux
Te donnant le droit de parler
Parler la bouche pleine d’eux

Tu as quelques choses à dire
Tu porteras le message et l’enfant
Avance sans angoisse
Tu es moins importante que l’horizon
C’est merveilleux et rassurant
Tiens tête, tiens cœur
Ne crains rien
Rien n’a jamais changé
Il n’y a rien de rien de grave à briser ici
Tu peux ruer tout ton saoul
Dans les brancards et les vieux

Plein de solitude au sein de la liberté
L’inverse est aussi reconnu
Ce sont les messagers qui se font tirer
À la douze comme au tarot
C’est pour les reconnaître
Avant Dieux

L’ordre des choses est inoxydable
C’est une propriété privée
Il faut se l’approprier
Changer son titre
Lui planter un drapeau
Au fond de la sémantique

Alors
Même violée
Au fond de la cage rouillée
Des mathématiques inébranlables
Dépossédée des choses qu’ils nomment
Tu pourras encore leur offrir notre sourire
Tu auras le dernier mot

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