Sherbrooke et l’urgence climatique

Date : 19 septembre 2021
| Chroniqueur.es : Thierry Nootens
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Quelle ville permet un développement immobilier en plein cœur d’une zone écologique exceptionnelle? Perce un boulevard (de Portland) dans un vaste milieu humide? Se propose de vendre un parc en bordure d’une grande rivière? Crée de toutes pièces des embouteillages monstres pour des postes d’essence? Trahit son schéma d’aménagement à cet effet? Laisse se construire un autre centre commercial gigantesque à proximité d’autoroutes? Vous l’avez dans le mille : Sherbrooke, Sherbrooke la « verte ».

Le plus récent rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) tire la sonnette d’alarme, jusqu’à arracher la dite sonnette. Or, on sait très bien, depuis au moins 20 ans, que l’urbanisme doit être radicalement et rapidement repensé pour réduire les GES (Gaz à effet de serre) et protéger les milieux naturels.

Le GIEC dit haut et fort que l’urgence est absolue. Nous pouvions donc nous attendre à des réactions fortes, à des sorties publiques empreintes de solennité et d’émotion de la part de notre maire, Steve Lussier, et du président du Comité consultatif d’urbanisme (CCU), Vincent Boutin.

Silence radio. Rien. Est-ce la période des vacances ou la très habituelle absence de volonté d’agir de nos dirigeants?

Le premier aborde tous ses dossiers avec une joie de vivre déconcertante, mais compte engloutir 11 millions de dollars en asphalte supplémentaire au Plateau Saint-Joseph, bien que ce soit un fait avéré que la multiplication des voies de circulation engendre… plus de trafic. Dit autrement, quand le monde fonce dans le mur, Steve Lussier appuie sur l’accélérateur. Cela avec notre argent et – on peut maintenant l’affirmer sans exagération – en taxant l’avenir, le capital écologique des jeunes générations.

On aura aussi relevé la vitesse stupéfiante avec laquelle la Ville vole au secours du Plateau Saint-Joseph, alors qu’un dossier d’une importance écologique cruciale comme l’acquisition de la ferme Rogeau, lui, traîne en longueur depuis plusieurs années. Voilà l’ordre de priorité de l’administration Lussier à l’heure où le monde suffoque.

Vincent Boutin, pour sa part, a récemment mis de l’avant la « délicatesse » dont il faudrait faire preuve avec des promoteurs immobiliers. C’est cette « délicatesse » ou cet à-plat-ventrisme qui a conduit Sherbrooke où elle en est. Il suffit, pour s’en convaincre, de passer par la véritable usine à GES que sont devenus les boulevards Lionel-Groulx et Monseigneur-Fortier à certains moments.

Un jour, tous les responsables de ce gâchis, et notamment les dernières personnes à avoir occupé le poste de maire, devront rendre des comptes à la lumière d’une véritable justice environnementale. En attendant, demandons-nous si donner notre appui à certains candidats lors des prochaines élections municipales, ce n’est pas, au sens propre comme figuré, jouer avec le feu.

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