Papiers et patrimoine en péril!

Date : 1 mai 2010
| Chroniqueur.es : Alison Jane Brunette
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On le sait, les journaux, et forcément tous les autres médias écrits, font face à plusieurs menaces depuis le début de la révolution technologique et de la démocratisation des médias numériques. Néanmoins, un changement récent au Ministère du patrimoine canadien risque de pousser beaucoup de ces publications au bord de l’extinction. Il s’agit du Fond du canada pour les périodiques, anciennement appelé le Programme d’aide aux publications (PAP).

L’ancien programme permettait la survie et l’épanouissement de nombreux journaux, des magazines et des publications littéraires canadiens en assumant une grande partie des frais postaux pour les envoyer à des centaines de milliers d’abonnés à travers le pays.

Selon une formule mathématique qui considérait entre autres le tirage, une somme était attribuée à chacune des publications et le montant fixé était envoyé directement à Postes Canada.

Patrimoine Canada a cessé cette pratique le 1er avril dernier, mais le nouveau fond qui est censé remplacer l’ancien n’est toujours pas entré en vigueur.

Cela fait en sorte que la subvention s’est arrêtée subitement, et depuis quasiment deux mois les éditeurs doivent s’occuper eux même de payer les frais complets à Postes Canada.

Selon M. Francis Poitié de l’Association de la presse francophone canadienne, ces frais représentent des sommes importantes. Il se dit sûr que l’argent va sortir des coffres du gouvernement fédéral bientôt, mais il reconnaît qu’entre temps, les petites publications auront de la misère à s’en sortir.

C’est le cas de M. Jean-Yves Durocher, éditeur du journal anglophone estrien The Stanstead Journal et ancien éditeur d’un journal francophone de Saskatchewan. M. Durocher affirme que les journaux de langues minoritaires (anglais au Québec et français ailleurs au Canada) sont particulièrement touchés.

«C’est désagréable pour tout le monde, mais les plus gros journaux sont chapeautés par des empires médiatiques qui ont de bons revenus publicitaires et des plus gros budgets, alors, en ce qui les concerne, le décalage est moins important, car ils ont les moyens de couvrir Les frais imprévus », explique-t-il.

M. Durocher précise que les plus petits journaux ciblent souvent des communautés particulières et minoritaires, mais que les gens qui font partis de ces communautés ne vivent pas toujours près l’une de l’autre, alors les éditeurs n’ont pas le choix de se servir de la poste pour la distribution.

M. Durocher affirme qu’il peut couvrir Les frais postaux pour quelques mois seulement. Il dit que s’il n’a toujours pas reçu cet argent à la fin de l’été, son journal ne pourra pas survivre.

Il faut noter qu’il y a eu de nombreux changements au sein du programme de subvention. Les éditeurs canadiens ont dû faire chacun de nouvelles demandes pour obtenir la subvention. Les nouveaux critères exigent que chaque publication ait imprimé et vendu au moins cinq mille copies au courant de la dernière année.

Les petites publications d’art et de littérature ne font donc plus partie du programme.

Il y a aussi un autre effet qui était inattendu pour beaucoup : plus de mille demandes ont été faites de la part des éditeurs canadiens.

Cela est peut-être une des raisons pour lesquelles l’argent n’a pas encore été distribué.

Personne à Patrimoine Canada était disponible pour nous accorder une entrevue, mais par courriel il nous était possible d’obtenir de l‘information. Le Ministère nous explique qu’il est en train de réviser les nombreuses demandes. Il nous informe que tes décisions concernant les publications admissibles au nouveau fond, ainsi que le montant qui leur sera attribué, seront rendues sous peu.

Oui mais quand? Il n’a donné aucune indication concernant le moment où l’argent sera distribué.

Les petites publications indépendantes peuvent simplement espérer qu’elles vont en effet recevoir une subvention, et que l’argent arrivera avant qu’elles soient obligées de fermer leurs portes.

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