Armées, médias, dollar$ et faim dans le monde

Date : 1 février 2023
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L’organisme américain FAIRNESS & ACCURACY IN REPORTING vient de publier un article de John Kempthorne titré « le New York Times et le Wall Street Journal se fient aux militaristes pour l’expertise ukrainienne », avec la photo et les extraits suivants.

Propagande médiatique guerrière

L’essentiel du message de FAIR exprime qu’une presse, qui serait libre et non au service d’un avide populisme, examinerait les cruciales perspectives de paix et critiquerait nos actions gouvernementales, plutôt que de se contenter de répandre de l’écrapout1

Le New York Times et le Wall Street Journal ont traité de la guerre en Ukraine en la quasi-absence de perspectives de paix négociées, en dissimulant l’enjeu de guerre nucléaire virtuelle et la solution du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires de l’ONU. En septembre, le président russe Vladimir Poutine avait intensifié la guerre en annonçant une mobilisation allant jusqu’à 300 000 soldats supplémentaires et menaçant d’utiliser « tous les moyens à notre disposition » pour assurer « l’intégrité territoriale de notre patrie », cette dernière appellation usurpant la partie orientale de l’Ukraine selon la propagande russe. Un mois plus tard, une lettre de trente membres du Congressional Progressive Caucus à la Maison Blanche, appelant à une « poussée diplomatique proactive » en vue d’un cessez-le-feu, fut rétractée par la suite (à cause des élections de mi-mandat ?).

Ces deux déclarations auraient dû fournir l’occasion aux médias de poser des questions importantes sur la politique américaine en Ukraine, qui est, selon le secrétaire à la Défense Lloyd Austin (Wall Street Journal, 25/04/22 !), d’« affaiblir » la Russie et non de sauver les Ukrainiens. Au lieu de quoi, les médias d’élite [tel le Devoir et Radio-Canada avec leur expert François Brousseau] continuent de publier les seules opinions d’experts qui appuient unilatéralement la stratégie de l’OTAN favorisant une guerre sans fin.

Ce long article du 21 septembre (Journée internationale de la Paix – ONU !) du New York Times ne cite que Vladimir Poutine et des sources exclusivement constituées « d’experts, de responsables et analystes occidentaux, de responsables de la Maison Blanche et de l’attaché de presse du Pentagone, du secrétaire de l’armée britannique, du président Biden et de responsables de son administration, de responsables militaires américains actuels et anciens, d’un porte-parole du Conseil de sécurité nationale, du directeur des études russes au Centre d’analyses navales (financé par le Pentagone), d’un ancien haut commandant de l’armée américaine en Europe, d’un spécialiste militaire russe et ancien Marine du Foreign Policy Research Institute, d’un ancien commandant suprême des forces alliées pour l’Europe, des services de renseignement américains et d’autres responsables de la sécurité, d’un haut fonctionnaire du Département d’État et du chef du Commandement stratégique américain » (énumération tirée de l’article de FAIR). 

Leur conclusion que Poutine encerclé n’osera jamais recourir aux armes nucléaires et qu’il faut lui faire la guerre (Biden) évacue toutes opinions contraires, y compris celles des jeunes favorables à l’option diplomatique (parce qu’ils seraient appelés à servir la guerre sous les drapeaux américains ?), exprimées lors d’un sondage par l’indépendant Levada Center. Le WSJ a ignoré deux sondages effectués par IPSOS et par le fiable Quincy Institute for Responsible Statecraft, selon lesquels la plupart des Américains appuient des négociations diplomatiques avec la Russie, comme 73% des Américains préféraient, avant la guerre et sa propagande, la diplomatie aux moyens guerriers de l’OTAN.

Réalités de cuisine vs vidéos de guerres

Le bon pape François a concentré son prêche d’aujourd’hui sur la faim dans le monde qu’on éradiquerait en suspendant une seule année de dépenses militaires ! Les envois de milliards de $ d’armes aux Ukrainiens qui ont faim et froid aggravent leurs problèmes et les autres dépenses absurdes militaires du Canada gonflent, chez nous, l’inflation à un point où les adultes n’amènent plus les enfants au cinéma, au théâtre, au restaurant ni même à l’épicerie, n’ayant plus les moyens d’y acheter des produits pointés par nos jeunes. Heureusement, les Daniel Pinard et Josée di Stasio vantent à Téléquébec la simplicité culinaire avec Danny St-Pierre, tandis que Benoît Roberge et l’Épicerie font de même à Zeste et à Radio-Canada et que notre philosophe-agriculteur Jean Bédard nous envoie ses capsules de sagesse. Mais notre culture périclite au profit des jeux vidéos solitaires vantant les sports brutaux tels les Ultimate Fighting Championships causes de lésions cérébrales.

Propagande pro-guerre continuelle et prononcée

1- Reportages sinophobes quotidiens

Au prix de conforter l’extrême-droite des camionneurs dans leurs préjugés anti-vaccinaux et anti-masques, nos médias publient (ou diffusent – Radio-Canada) des reportages quotidiens sur la, bien sûr, inhumaine gestion médicale chinoise du COVID19 et des infections virales respiratoires, pendant que nos hôpitaux pédiatriques débordent de bébés souffrant de tels cas. Allô ? Veut-on ainsi prioriser la catastrophique politique indopacifique de Trudeau qui dépense plus de deux cents milliards de $ pour ses bateaux de guerre Irving/Lockheed Martin envoyés en Mer de Chine, sans encourir aucune critique de nos éditorialistes ? Et comment Radio-Canada a-t-elle enterré la nouvelle, pourtant issue du gouvernement américain, qui, le 1er décembre, lavait de toute accusation madame Meng Wanzhou, que nous avons défendue pendant les deux ans et demi de son incarcération illégale au Canada ordonnée par Chrystia Freeland, alors vassale de Trump ?

2- Même les cartes géographiques sont malléables…

3- Selon FAIR, le Center for Strategic & International Studies, généreusement financé par les pétrolières et les compagnies Northrop Grumman, Lockheed Martin, Boeing, Bechtel, Raytheon, General Dynamics, Jacobs Engineering et Huntington Ingalls tirant leurs profits de la fabrication de bombes nucléaires et de F-35 et autres (B-2 et B-21) est le chouchou des médias dans la période du 24 février au 9 novembre, ses articles pro-guerre y étant trente fois plus répandus que ses rarissimes avertissements de modération.

4- « Depuis le début de la guerre », il est quasi-impossible de trouver des références des sept ONG cosignataires de la lettre des trente congressistes au président Biden : le New York Times n’a pendant cette période publié qu’une seule entrevue, le 7 mars (le WSJ aucune) d’un de leurs représentants, Just Foreign Policy. Les Artistes pour la Paix contestent l’appellation depuis le début de la guerre, nos articles datant son début en 2014-2015 quand l’OTAN et ses 27 pays sabotaient les Traités de Minsk de l’ONU. Pour les Américains, les débuts de guerre surviennent quand ils s’en mêlent officiellement.

5- L’humanitaire s’emmêle aussi. Un reportage sur un individu ouïghour musulman immigrant d’une des régions les plus sèches du monde, le Xinjiang, qui raconte des sévices subis aux mains de l’administration chinoise en omettant ses accusations de terrorisme importé de la région islamiste du Pakistan limitrophe, sert la politique de guerre de Trudeau en justifiant mensongèrement sa politique pseudo-humanitaire de frégates dépêchées en mer de Chine pour « protéger » Taïwan. Alors qu’un reportage sur un membre des 40 Premières nations encore privées d’eau potable au Canada sous-entend des dépenses de 200 millions de $ (dépense mille fois moindre que les frégates !), mais dans la hiérarchie de notre pays militarisé, ce reportage viendra en second ou sera même censuré, et la RCMP emprisonne toujours les militants Wet’suwet’en qui protègent leur eau et leur culture. 

6- Nos animatrices de Radio-Cadenas (expression du regretté Pierre Falardeau) recevront l’Ordre du Canada pour leur agressivité russo et sinophobe, tandis qu’on tolérait à grand peine les reportages indispensables de Sophie Langlois sur l’ostracisme qu’on a fait subir au Dre Joanne Liu quand elle présidait les Médecins sans Frontières à cause de ses protestations contre deux bombardements de l’OTAN sur ses hôpitaux en Afghanistan et au Kurdistan. 

Incidemment, les Kurdes sont présentement bombardés par les Turcs : où sont les reportages de Radio-Canada sur ces victimes de la Syrie, de l’ISIS, de l’Iran, de l’Iraq et des Américains ?

COMMENTAIRE

Les guerres en Ukraine, au Moyen-Orient et ailleurs ont alimenté la montée en flèche des ventes d’armes aux États-Unis et dans le monde. Ces ventes augmentaient déjà avant même le début de la guerre de 11 mois en Ukraine. Selon les chiffres publiés cette semaine, il y a eu sept années consécutives d’augmentation rapide des profits de guerre.

Un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm indique que les ventes d’armes et de « services » associés par les 100 plus grandes entreprises de fournitures militaires du monde ont augmenté de 1,9 %  pour atteindre 592 milliards de dollars en 2021.

Selon l’institut, 40 entreprises américaines ont réalisé des ventes totalisant 299 milliards de dollars en 2021. Ces chiffres n’incluent pas les nombreux milliards de ventes d’armes au Pentagone pendant la guerre d’Ukraine.

Cinq entreprises américaines étaient en tête de liste des fabricants d’armes les plus vendus : Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Boeing, Northrop Grumman et General Dynamics. Chacune de ces entreprises a versé des milliers de dollars de contributions aux législateurs républicains et démocrates, assurant ainsi un soutien non seulement à la guerre en Ukraine, mais aussi à d’autres aventures militaires dans le monde. 

Le Pentagone a contacté ces cinq entreprises au début de 2022 et leur a demandé de fournir ce qu’il a dit être un approvisionnement continu en armes nécessaires à une guerre à long terme contre la Russie. Ils n’ont même pas prétendu se soucier de la liberté ou de la paix en Ukraine. (…)


1 Au temps de Rock & Belles oreilles, Guy A. Lepage accusait les médias populistes de présenter de l’écrapout : reportages de guerres, de meurtres, d’accidents de voitures, de maisons incendiées et d’enlèvements-viols de jeunes filles, afin d’attirer les masses avides de sang. Radio-Canada, TF1 et la BBC, notamment, succombent de plus en plus à cette tendance pornographique favorisée par la guerre en Ukraine, en diffusant des images de tortures russes, mais jamais celles du régiment ukrainien nazi Azov. 

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