Les féminicides ne se sont pas arrêtés juste parce qu’on a changé d’année. Ils ne prennent pas de vacances, pas de congé férié. En 2024, il y a eu un total de 25 féminicides au Québec. C’est plus que pendant la pandémie ou un peu après, alors qu’on disait que c’était le pic des violences conjugales et qu’il fallait absolument sécuriser les femmes.
Au Canada, une femme est assassinée tous les deux jours. Chaque 48 heures, à toutes les 2880 minutes. Les femmes et les filles autochtones représentent 36 % des victimes des féminicides, alors qu’elles composent seulement 5 % de la population du pays. D’ailleurs, deux des six victimes de féminicides en 2025 sont des femmes autochtones. On a appris leur mort des semaines plus tard en raison de la piètre couverture médiatique.
À la Collective PAS UNE de PLUS, on refuse le statuquo et on exige que la vie des femmes et des personnes à la croisée des oppressions, notamment les personnes trans et non-binaires, qui se font d’ailleurs assassiner en silence et dans l’indifférence, soient une priorité!
Plus qu’un pipeline, plus qu’une game de hockey, plus qu’un énième projet de loi nuisible adopté sous baillons. Plus que tout!
À chaque féminicide, on se rassemble aux coins des rues Belvédère et King Ouest pour une action-éclair qui dure environ 60 minutes. On apporte pancartes et bannière, on se partage notre indignation, on se nourrit de l’énergie des autres et on sensibilise les personnes qui passent, peu importe leur moyen de locomotion. Si vous saviez le nombre de personnes qui n’ont aucune idée de ce qu’est un féminicide ; qu’il y a eu déjà 7 féminicides (au 15 mai) / 25 en 2024 ; ou que le plus récent féminicide est arrivé à à Châteauguay c’est pratiquement 100 % des personnes qu’on croise.
La grande majorité des gens s’étonne, nous encourage à continuer, nous remercie de visibiliser ces femmes, d’être en action. On reçoit aussi des insultes, des propos hyper misogynes, des injures criées par une fenêtre d’auto ou carrément de l’intimidation physique. Par exemple, pendant tout le temps d’une lumière rouge, un homme nous a crié à partir de sa voiture : « C’est pas ça un féminicide! Va lire ton dictionnaire! » en boucle jusqu’à sa lumière verte. (Oui, l’ensemble des comportements négatifs sont, sans surprise, tenus par des hommes.)
Mais nos actions-éclair sont les seules actions existantes visibles en ce moment contre les féminicides et les violences genrées. Nos actions citoyennes, organisées à bout de souffle, avec de l’énergie qu’on n’a pas forcément. Ça démontre à quel point on trouve ça IMPORTANT.
Chaque fois, on est un peu émues de voir toutes les personnes qui se déplacent pour se joindre à nous. Des visages familiers et de nouveaux visages, pour tisser et développer des liens de solidarité, de care, de force et d’amitiés féministes.
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En mémoire de :
Lisa Marie Rytar, 42 ans, assassinée par son fils le 21 janvier 2025 à La Salle. Selon les médias, 13 appels ont été faits à la police en 2 ans concernant des comportements violents à leur domicile.
Ginette Gosselin, 71 ans, assassinée par son mari le 13 février 2025 à Boucherville ; ce dernier s’est donné la mort ensuite.
Luukuu Luukku, 30 ans, assassinée par un partenaire intime le 28 février 2025 à Puvirnituq, au Nunavik. Son agresseur faisait l’objet d’une ordonnance de mise en liberté sous condition lui interdisant de harceler, importuner, suivre ou espionner Luukuu, ainsi que de détenir ou porter des armes. Il a été accusé d’avoir commis cinq violations de cette ordonnance entre le 16 février et le 28 février. Il avait également été accusé en mars 2023 d’avoir agressé un autre membre de la famille Luukuu.
Denise Brouillette, 79 ans, assassinée chez elle par un inconnu, le 16 mars 2025.
Nellie Tullaugak-Wilson, 79 ans, assassinée par un homme le 21 avril 2025 à Puvirnituq, au Nunavik. Les liens entre eux ne sont pas précisés. En janvier 2025, cet homme a été condamné à 10 mois d’emprisonnement pour violence conjugale, mais il n’a fait qu’une seule journée en raison de sa détention préventive. Des accusations de voies de fait, de harcèlement et d’entrave lui ont aussi valu divers séjours derrière les barreaux. C’est le deuxième meurtre d’une femme à Puvirnituq en moins de deux mois, une communauté d’environ 2 000 personnes.
Lyne Fournel, 62 ans, assassinée par son conjoint à Granby, le 7 mai 2025 ; ce dernier s’est donné la mort ensuite. C’est le deuxième féminicide à Granby en deux ans. En janvier 2024, Chloé Lauzon-Rivard, 29 ans, y avait aussi été assassinée.
Simone Mahan, 45 ans, assassinée par son conjoint, le 14 mai 2025 à Châteauguay. C’est le 3e féminicide en 3 semaines, le 2e en 7 jours.