Boire sa bière pas comme les autres

Date : 16 septembre 2013
| Chroniqueur.es : Alexandre Demers, Claude Dostie Jr
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Quoi de mieux en ce début septembre, avec la session d’automne qui commence, que de déguster des bons produits frais locaux. Et qui dit produits frais et études dit automatiquement bonne bière dans les microbrasseries locales. C’est pourquoi Entrée Libre, toujours aussi dévouée (Entrée Libre est une femme), a déniché des dégustateurs et dégustatrices qui le sont tout autant afin d’éclairer vos lanternes de biérophiles déboussolés.

Déboussolés, car lorsqu’il est temps de choisir quelle brasserie visiter, on en vient à se poser une question : pourquoi diable y a-t-il autant de microbrasseries dans Sherbrooke et ses environs ? Se trouve-t-il quelque chose dans l’eau de la ville qui pousse les gens à brasser leur propre bière ?

Quelqu’un, un jour, devra assurément se pencher sur la question… De notre côté, nous nous sommes plutôt, avec nos six goûteurs, éreintés à tenter de trouver LA meilleure bière de Sherbrooke, avec toute la subjectivité que cela implique. C’est donc le coude ankylosé que nous vous faisons part ici de notre périple microbrassicole.

Étape 1 : Le Lion endormi

L’épopée qui nous conduisit de bord en bars prit son envol vers 15 h 50, l’heure à laquelle un vieux Westfalia 1972 vert lime entra dans le stationnement du Lion’s Pub à Lennoxville. L’équipée constata rapidement que, comble de malheur et malgré-le-fait-qu’on-nous-avait-spécifiquement-assuré-que-le-pub-était-ouvert-à-la-fête-du-travail-Simonac!, la vénérable microbrasserie (la deuxième au Québec) fermée ‘cause of the Labor day. Parce que nous savons tous, au journal, nous revirer de bord sur un dix cennes et parce qu’heureusement le dépanneur Vent du Nord travaillait pour nous, pauvres âmes en simili congé, nous avons pu acheter les bières du Lion’s en compétition. La dégustation a pu suivre son cours dans un endroit qui a intérêt à rester secret. Cela dit, le lecteur attentif constatera que les bières du Lion’s n’ont pas été incluses au palmarès parce que l’équipe considérait qu’un produit en bouteille ne rendait pas justice au vénérable nectar de la brasserie.

Étape 2 : Le boque

17 h 30. Il est temps de reprendre la route à bord de l’antique Volkswagen et de se diriger vers le centre-ville. Prochain arrêt : le Boquébière, la microbrasserie qui, depuis 2008, fait tant d’heureux sur la rue Wellington Nord. Son emplacement a la particularité d’être un refuge contre les intempéries, étant situé dans un sous-sol directement en face du Théâtre Granada. En bas des marches, on trouve une terrasse fraîche qui coupe le client du trafic de la rue et des passants. C’est là que l’équipe de dégustation s’installe d’abord avant de devoir se déplacer à l’intérieur. Notons qu’il existe, tout l’été, une seconde terrasse au niveau de la rue, et tout aussi agréable à occuper au cours de belles températures.

Le Boquébière, bien que sombre par endroits, a l’avantage d’être spacieux et de posséder une porte de garage s’ouvrant sur la terrasse du bas. En cas de chaleur ou de spectacle trop populaire, la porte s’ouvre et permet aux spectateurs de sortir comme bon leur semble. En saison forte, le bar offre des spectacles abordables presque tous les samedis, et ce, en collaboration avec le Granada. Rien de mieux qu’une salle de cette taille pour se rapprocher de vos artistes favoris. Outre les spectacles, il est toujours possible d’aller danser le swing grâce à Swing Sherbrooke qui vous y accueille tous les mardis. Les lundis, cet automne, marqueront le retour des soirées Douteux : une présentation particulièrement douteuse de films ou courts clips de série B (pour ne pas dire série Z). À ne pas manquer pour les amateurs de sensations molles.

C’est toutefois dans une ambiance très relaxe que nos courageux dégustateurs se sont attablés pour gouter aux bières de l’endroit, tout en croquant des arachides BBQ et discutant de divers sujets que nous nous devons de censurer ici.

Étape 3 : Les pieds dans la Mare

18 h 30. La pluie n’allait pas tarder à tomber à profusion lorsque nos valeureux grimpèrent la côte King pour se rendre à la Mare au Diable, la troisième micro sur notre liste.

Le propriétaire Christophe nous reçoit avec le sourire en coin qui a fait sa célébrité. Il couvre les gouteurs de bières qu’ils noteront parmi les meilleures de la soirée. Signe que la soirée est bien entamée, et même si les portions ont été scrupuleusement mesurées et pesées (pas vraiment), l’équipe de dégustation commence à lorgner du côté de la belle sélection de scotchs qui pendent au-dessus de leurs têtes.

Il faut savoir qu’en entrant dans cette ancienne maison reconvertie en bar, on n’y entre pas comme dans n’importe quel autre bar. Le client là-bas n’est pas roi (comme disent si bien les Français, le dernier roi qu’ils ont eu, on lui a coupé la tête), mais sur un même pied d’égalité que le brasseur (sauf s’il est de mauvaise humeur bien entendu). Autant qu’il est propice d’aller au Boquébière pour faire la fête entre amis ou avec une foule d’inconnus, il est propice d’aller s’installer dans les divans de la Mare avec nos êtres chers ou pour un premier rendez-vous. Au fond, pour dire simplement, c’est un beau et grand salon où on nous sert d’excellents poêlons (pommes de terre gratinées avec de la viande, de la crème et des oignons). Malheureusement pour l’estomac d’Entrée Libre, il faut attendre le prochain arrêt et traverser un rideau de pluie avant d’avaler quoi que ce soit.

Last call : Le Siboire

20 h et des poussières – Sur les vapeurs de scotch, la joyeuse troupe s’échoue finalement au Siboire pour un ravitaillement bien mérité de smoked meat. Pendant qu’Entrée Libre dégrise afin de remplir son rôle de chauffeur désigné, les gouteurs se délectent des choix du brasseur, Jonathan Goudreault.

Depuis 2007, le Siboire offre pignon-sur-les-bus ses diverses bières et son ambiance branchée, le tout dans le décor quasi féérique de la vieille gare de train du centre-ville. À défaut de prendre toujours un train, ceux qui y passent prennent généralement tous un verre.

Le point fort du bar ? La déco moderne et le design qui fait la réputation de la microbrasserie : logo minimaliste, sous-verre avec d’amusants jeux de mots avec le célèbre « Si boire te… », et depuis peu, la grosse hélice d’hélicoptère au plafond qui ventile les clients telle quatre épées de Damoclès. De jour, on peut, en attendant un autocar à la gare d’à-côté, s’asseoir au café Siboire pour faire le plein de café/pâtisseries. De soir, il est propice de déguster le menu de smoked meat, hot dog européen, ailes de poulets ou même de fish and chips.

La pluie tombe toujours à l’extérieur et le ciel s’éclaire par moment. L’équipe a perdu depuis longtemps toute notion du temps. Malgré cela, la dégustation va bon train et la bouffe remplit les ventres affamés. Entrée Libre est si heureuse de se rassasier à sa faim qu’elle oublie la question de départ, à savoir pourquoi y a-t-il autant de microbrasseries à Sherbrooke. À ce stade, elle ne peut qu’être heureuse de vivre dans une ville avec une telle diversité de broues de qualité et d’endroits pour se reposer ou faire la fête, seule ou en bonne compagnie. Bien sûr, Sherbrooke peut sans conteste être reconnue pour la qualité de sa compagnie et des gens qu’on y croise à toute heure de la journée. C’est grâce à cette tournée bien divertissante qu’Entrée Libre peut se permettre de nommer Sherbrooke : Capitale québécoise de la bière (Vous êtes libre de nous dire que c’est pompant comme titre, mais bon, on s’en fout, c’est nous qui écrivons l’article, pas vous).

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