Chronique du vivant : luttes d’aujourd’hui, récoltes de demain

22 septembre 2025
Crédit image : AGTNA

« Alors, d’un côté, il y avait notre lutte pour obtenir de l’argent et du temps à nous, qui constituait un terrain obligé; mais, de l’autre, nous devions aussi lutter sur un terrain différent pour ne pas laisser la partie adverse (le capital) toute l’initiative de la définition de « quel monde » et de « quelle vie ». » (Silvia Federici et Mariarosa Dalla Costa, La crise de la reproduction sociale, 2020)

Produire plus pour le PIB et les résultats financiers des actionnaires? Espérer faire une distribution sociale de ce butin monétaire arraché du travail humain et de la nature? Remettre en question cette extorsion et l’accumulation de ce butin pas juste le redistribuer? La pauvreté est-elle seulement le fait de chiffres ou bien de dépossession de moyens de vivre? Se cantonner à nos vies individuelles sans récit collectif, sans passé, ni futur, seulement le moment présent? Lutter chacun·e de notre côté, isolé·e pendant que l’on se fait attaquer et diviser?

Récoltes amères d’aujourd’hui

Voilà quelques réflexions sur les récoltes d’aujourd’hui : endettement public et actifs privés pluri milliardaires, génocide du peuple palestinien sur nos écrans et complicité des compagnies d’armements et des gouvernements, la politique parle commerces, croissance, projets de développement en même temps que les alertes sur la pollution de l’air et les yoyo climatiques sont déjà là, coupures massives annoncées dans l’éducation, la santé, les services publics, déjà amochés par plus de 30 ans de néolibéralisme dont nous récoltons les fruits actuellement. Le tout enrobé d’un discours public et médiatique, de lois et de politiques qui vise l’altérité, c’est-à-dire l’autre qui vit ici avec des différences et, ou, l’autre qui vient d’ailleurs. Le terroriste ne peut être général d’une armée. Le criminel ne peut être à la tête d’un fonds d’investissement comme Black Rock. C’est le musulman, c’est l’immigrant.

Nous récoltons aussi des luttes d’hier que l’on nomme des acquis sociaux, des victoires et des avancées. Pensons aux droits des femmes et des personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité de genre. Au fait d’avoir des syndicats et la possibilité de faire grève, de négocier nos conditions de travail. Toutefois nos récoltes d’aujourd’hui sont fragiles et limitées. Et pour certains, c’est déjà trop et ces forces réactionnaires veulent rétablir leur loi et leur ordre. Oubliez les droits humains, nous parlons de choses sérieuses; tarifs, guerres, innovations technologiques, métiers payants, divertissement.

Semences de résistance

Et pourtant, il y a des façons de vivre, de faire, de lutter qui dépassent le carré de sable alloué pour des revendications et le langage commercial des négociations. Prenons par exemple l’Alliance MAMO (Ensemble en langue atikamekw) qui lutte contre le projet de loi 97 sur la réforme du régime forestier. Créé en avril dernier et réunissant des représentant·es des territoires Nehirowisiw Aski, Nitassinan et Ndakina d’abord puis élargi à d’autres territoires depuis. Les membres de MAMO ont adressé un ordre d’expulsion et de cessation des coupes forestières à l’industrie puis formé des blocus depuis le mois de mai dernier. Non pas pour négocier des redevances ni prendre part à l’exploitation telle que dictée par l’industrie à profit, mais bien pour refuser la destruction des forêts, de leurs territoires ancestraux, de leur culture, de leurs moyens de vivre.

Pour appuyer les Gardien·nes des territoires, vous pouvez faire un don sur GoFundMe. Il y a également l’initiative du Front de résistance écologique et de défense autochtone (FREDA) qui mobilise depuis l’été dans plusieurs villes sur le sujet. Semer, prendre soin et récolter dans un horizon de sept générations, une conception loin du prochain résultat du trimestre financier…

La saison des réserves

Finalement, il est toujours temps de semer des radis et des épinards en succession pour la fin de la saison et couvrir nos planches de cultures, nos terres dans les bacs, de feuilles ou autre paillis. Ou pour une plus grande surface, de toile d’occultation pour éviter le lessivage et diminuer la pression des adventices, appelées mauvaises herbes.

Et pour des récoltes sucrées, vous pouvez attendre avant de récolter carottes et betteraves même s’il y a de petits gels nocturnes d’un à trois degrés sous zéro. N’attendez pas un -5 degrés par contre, car les légumes racines risquent alors d’éclater. Les petits gels feront en sorte d’amener plus de sucre des feuilles et des tiges de la plante vers ses racines que nous voulons manger.

De plus, si vous en avez une bonne quantité, en les récoltant plus tardivement vous les conservez dans la terre pour ne pas remplir votre frigo qui doit accueillir beaucoup d’autres légumes que l’on doit ramasser avant les gels. Et c’est un merveilleux temps pour faire des réserves de plats et de sauces congelées avec nos récoltes et pour les plus motivé·es c’est le temps de faire du « cannage », de mettre en pot scellé par température ces concombres, tomates et betteraves marinés!

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