Les clamato-sceptiques préfèrent le V8?

Date : 25 août 2019
| Chroniqueur.es : Marc Bédard Pelchat
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Le sujet le plus important de l’heure — la crise climatique — fait à peine la Une des journaux et des autres médias, à moins qu’il ne s’agisse de parler de catastrophes. Une fois celles-ci «circonscrites», elles disparaissent du champ de vision. Nous sommes encore dans une forme de déni.

Pourtant la crise climatique a des impacts et continuera d’avoir des impacts graves dont l’ampleur est inconnu pour le moment. Certains parlent d’un effet domino qui pourrait avoir lieu si un cataclysme majeur entraîne tout le reste des activités humaines dans une tourmente imprévisible.

La démission en France, il y a un an en direct à la radio, de Nicolas Hulot, alors ministre d’État de la Transition écologique et solidaire, a créé une onde de choc dont les derniers soubresauts ont été ressentis de ce côté-ci de l’Atlantique. C’est sans doute l’une des rares fois qu’un politicien démissionne par conviction personnelle! Pour lui comme pour de plus en plus de gens, l’heure n’est plus aux palabres soporifiques, aux études et aux commissions pour noyer le poisson; déjà que le poisson se noie dans nos océans, prisonnier dans des sacs de plastique ou des supports à canettes.

Ce n’est pas que tout cela n’est pas su depuis très longtemps. Déjà à la fin du XIXe siècle, Svante August Arrhenius, chimiste suédois, estime qu’un doublement de la quantité de dioxyde de carbone devrait augmenter de 4°C la température moyenne. À l’époque pourtant, on voyait ce résultat de manière positive car on craignait une nouvelle ère glaciaire! Or il est évident qu’une augmentation de 4°C aujourd’hui est vue comme une catastrophe et que le dernier rapport du GIEC exhorte de s’en tenir à 1,5°C de plus qu’au début de l’ère industrielle, ce que nous sommes en train de dépasser. Ces paramètres de températures moyennes planétaires peuvent sembler minimes mais il faut multiplier par 5 ou par 10 les effets dans les océans et sur la terre ferme selon les régions, phénomènes auxquels on assiste depuis quelques années partout dans le monde.

Au moins deux nouveaux termes sont apparus ces dernières années pour parler de ce qui se passe. D’abord, il y a le terme anthropocène qui définit une nouvelle ère géologique qui est celle créée de toute pièce par l’activité humaine qui a une influence sur l’état de la planète. Et puis le terme de collapsologie qui désigne l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder.

Selon Pablo Servigne et Raphaël Stevens, auteur de «Comment tout peut s’effondrer — Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes», il n’y aucun doute sur la gravité de la situation. En cela ils ne font que suivre la tendance chez d’aucuns, scientifiques ou simples citoyen·nes qui s’inquiètent de l’allure des choses. Anxiogène, leur premier bouquin fut suivi de deux autres, «Une autre fin du monde est possible» et «L’entraide, l’autre loi de la jungle» où ils apportent des pistes pour s’en sortir plus ou moins bien. Selon eux tout passe par la coopération, l’apport de chacun.e par l’entraide.

Nous avons encore un peu de temps pour mettre en place collectivement les structures, les mécanismes et les méthodes pour ne pas simplement subir et s’entretuer, car si adviennent des pénuries, des cataclysmes, il nous faudra essayer de garder un semblant de civilisation ou de… civilité. Il ne faudra pas compter sur les autorités car elles seront dans la même situation que nous tous et, à peu de choses près, elles seront là surtout pour protéger les institutions. C’est du reste ce sur quoi se penche le département de la Défense américaine, à l’instar d’autres entités de sécurité nationale, depuis une quinzaine d’années, à savoir les mesures à prendre en cas de conflits dus aux changements climatiques et la nécessité de contrôler les populations.

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