CULTIVER SA PATIENCE ET GARDER LE CONTACT

Date : 9 juin 2020
| Chroniqueur.es : Andrée-Anne Bourdreau
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À TRAVERS LES REPRÉSENTATIONS ANNULÉES ET LES BILLETS REMBOURSÉS, QUE FONT LES LIEUX DE DIFFUSION À SHERBROOKE EN TEMPS DE DISTANCIATION SOCIALE ? PETIT TOUR D’HORIZON.

Plusieurs lieux de diffusion soulignent l’importance de conserver le lien avec le public. À cet effet, différentes initiatives ont vu le jour durant le confinement. Les médias sociaux ont pris davantage d’importance comme lieu de diffusion pour rejoindre les confinés, branchés plus que jamais, en quête de divertissement culturel. À La Petite Boîte Noire, qui a notamment mis en ligne ses soirées Littérature et autres Niaiseries, on croit que « les spectacles virtuels vont donner un petit coup de pouce afin de garder le contact avec [le] public. »

La Maison des arts de la parole, de son côté, a adopté une offensive en présentant Les happenings numériques, des rassemblements virtuels au cours desquels un artiste prenait le contrôle de leurs réseaux sociaux pendant 24 heures.

Chez Danse Axile, juste avant le confinement, la chorégraphe Liliane St-Arnaud travaillait sur le projet Sagesse et folie qui s’adresse aux aînés et a été pensé pour être joué… dans les résidences pour personnes âgées. « Pour moi, tout est à repenser ! » s’exclame Mme St-Arnaud. « Au début, je me disais : je ne le fais pas du tout, mais finalement, j’ai envie de le présenter, je ne peux pas m’imaginer arrêter à cause de la COVID. »

À la Maison des arts et de la culture de Bromptonville, les expositions présentes avant la fermeture ont été diffusées virtuellement sous forme d’album photo ou de visite virtuelle. Les activités prévues à l’été sont toutes reportées en 2021, mais la Maison des arts continue de diffuser le travail d’artistes visuels de la région en publiant des portraits de membres artistes sur sa page Facebook.

Motiver les troupes
Le théâtre du Double-Signe a profité du confinement pour rejoindre les amateurs de théâtre. En clin d’oeil au concept des boîtes-repas livrées à la maison, leur Théâtre confit convie le public à un prêt-à-jouer à faire à la maison. Les textes composés par André Gélineau se veulent non genrés et ne comportent pas ou peu d’éléments de mise en scène, afin de laisser libre cours à l’imagination du lecteur. L’objectif est d’offrir une échappatoire à l’isolement. Le projet a suscité de beaux échanges sur leur page Facebook ; certains ont écrit pour manifester leur appréciation, d’autres pour partager leur performance, un graphiste a même décidé d’illustrer certains textes !

La diffusion sur le web comme alternative
L’ensemble des diffuseurs étudient différentes options en attendant une reprise éventuelle des spectacles. « Dans l’espoir d’un retour progressif à l’automne et complet à l’hiver 2021, tous les moyens sont bons pour tenir le coup » dit La Petite Boîte Noire.

Marie Lupien-Durocher de la Maison des arts de la parole soutient que pour l’instant, il s’agit surtout d’un laboratoire, d’un apprentissage. « On se doute que ça va rester. On envisage vraiment toutes les possibilités et on s’adapte constamment pour continuer à diffuser. »

Liliane St-Arnaud explique : « pour moi, c’est important que les artistes soient rémunérés et c’est compliqué quand on passe par le web ». Payer pour la diffusion en ligne n’est pas encore entré dans les moeurs. Au début d’une vidéo YouTube de Littérature et autres Niaiseries, soirées habituellement présentées à La Petite Boîte Noire, un avertissement informe les spectateurs de l’importance d’une contribution monétaire, néanmoins volontaire. Le Tremplin qui a maintenu les soirées de Slam du Tremplin sous forme de Facebook Live, invitait les gens à donner un montant, invitation à laquelle le public a bien répondu.

Un soutien attendu
La plupart des diffuseurs se disent heureux que le public se montre sensible et les appuie. Ils sont confiants que le Conseil de la culture les représente bien, mais l’impatience s’installe face au silence du gouvernement. Le flou entourant une éventuelle reprise des activités culturelles se prolonge et tous sont en attente de directives claires. Tant au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke que dans les plus petites salles, l’absence de consignes pour le secteur culturel limite la projection. Avant de proposer des projets, les diffuseurs doivent connaître ce qu’ils auront le droit de faire et avec quels moyens ils pourront le faire.

La situation est d’autant plus difficile pour les lieux de diffusions spécialisées qui souffrent souvent d’un manque de visibilité auprès des décideurs. Dans l’attente du feu vert, qu’est-ce que les diffuseurs culturels espèrent pour la relance des activités culturelles ? Liliane St-Arnaud le résume bien : « le souhait que je fais, c’est que le public soit présent, et que nos projets soient soutenus financièrement, parce qu’on va en avoir besoin ».

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