Pourquoi faut-il sauver la prison Winter?

Date : 7 décembre 2016
| Chroniqueur.es : Temzi Hamid
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Il faut croire que les incubateurs d’idées ont bien fonctionné quand il s’est agi de sauver la vieille prison Winter de Sherbrooke de la décrépitude et de l’abandon, et surtout de lui donner une vocation touristique.

En effet, l’appel signé par la Société d’histoire de Sherbrooke et appuyé par la Société de sauvegarde de la vieille prison de Sherbrooke, a permis de drainer une adhésion de plus en plus en plus importante, si on en juge par le nombre de pétitionnaires, soit près de 3000 personnes, et ce, après son lancement en août 2016.

Dans cet appel, la vénérable institution explique les raisons d’une prise en charge impérieuse de ce patrimoine immobilier ancien à haute valeur historique, laquelle tarde à venir, en invitant, notamment, les commanditaires privés, les gouvernements provincial et fédéral ainsi que la ville de Sherbrooke à s’impliquer dans le financement de cette opération.

Située au cœur de la capitale des Cantons-de-l’Est et inspirée de par sa conception du style palladien, une variation du style italien du XVI siècle, la prison Winter constitue un ensemble architectural unique. Mais depuis son inauguration en 1870, elle acquiert la réputation d’une prison dure et insalubre. Elle compte aussi à son passif l’exécution par pendaison de six de ses pensionnaires, dont Albert Saint-Pierre le 6 mai 1932, reconnu coupable du meurtre de Reny Maillot, fut le dernier supplicié.

D’autres condamnés célèbres, comme Donald Morrison, surnommé le hors-la-loi du Lac-Mégantic, ou Harry K.Thaw, le millionnaire meurtrier, furent aussi emprisonnés dans cet établissement carcéral.

En juin 1990, cette prison fut définitivement fermée et ses derniers prisonniers transférés ailleurs. Cependant, à la suite de l’abandon des lieux, et anticipant le potentiel historique et muséologique intéressant de cet établissement, la Société de sauvegarde de la vieille prison, créée à l’occasion, se porte acquéreuse des lieux contre un dollar symbolique. Elle devait, par ailleurs, lui trouver une nouvelle vocation.

La Société d’histoire de Sherbrooke, dans son appel, insiste et met en exergue un certain nombre de faits imparables et relatifs à l’intérêt réel de vouloir préserver et revitaliser ce site historique, comme le fait que cet établissement bâti en pierres est le troisième plus vieil édifice public de la ville de Sherbrooke. De plus, elle fait remarquer que l’ensemble patrimonial de la prison Winter ne bénéficie d’aucune mesure de protection, et par conséquent une demande de classement au Registre du patrimoine culturel a été déposée en 2016.

Elle évoque, en outre, la nomination par la fondation Héritage Canada de ce site à la liste des dix sites les plus menacés en 2008, et le fait qu’une expertise établie en 2014 préconise une intervention urgente pour en assurer la préservation.

Parmi d’autres actions que la Société d’histoire de Sherbrooke a développées, et en solidarité avec la propriétaire des lieux, celui d’un projet de mise en valeur de l’établissement et d’animation du site pour lequel une étude de marché a fait état d’un potentiel de 41 000 visiteurs par an, et ce, sans compter les groupes scolaires ni les groupes d’adultes rendant cet endroit potentiellement attractif et touristique pour la ville.

Qui sait, peut-être, de toutes ces actions et d’autres à venir, le phénix de Winter renaîtra de ses cendres, mais de cendres engluées de particules récréotouristiques, et la ville de Sherbrooke gagnera encore plus en splendeur!

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