Femme de parole

Date : 26 septembre 2018
| Chroniqueur.es : Jean-Benoît Baron
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Pauline Julien – intime et politique, c’est le nouveau documentaire de Pascale Ferland, scénariste, réalisatrice et productrice québécoise. Celle qui se consacre principalement aux documentaires nous invite cette fois-ci à découvrir ou redécouvrir Pauline Julien, femme de mots, mais également, femme engagée politiquement parlant. Je crois qu’on connaît davantage Pauline Julien la chanteuse, que la militante. En effet, celle qui nous a offert des classiques comme L’Âme à la tendresse, Jack Monoloy ou encore Mommy, résonne encore dans nos souvenirs collectifs aujourd’hui. Pourtant, celle qui a passé plus de 30 ans aux côtés de l’homme politique et poète Gérald Godin n’a pas eu peur de prendre parole. Ce sont ces deux aspects indissociables que Pascale Ferland met en scène dans son long-métrage.

Grâce aux studios de l’ONF et à une recherche vertigineuse d’archives, Ferland a réussi, par la multitude d’extraits vidéo et photos disponibles, à reconstituer une histoire, celle de Pauline Julien, cette icône de la chanson québécoise. Cette idée de film a submergé dans la tête de la réalisatrice, dans les années 90. Elle a laissé le tout mûrir, pour finalement la laisser prendre vie, 20 ans plus tard. Pourquoi aujourd’hui? Peut-être pour souligner la disparition tragique de la chanteuse, qui aurait souligné ses 90 ans et de le sortir en pleine campagne électorale québécoise n’est probablement pas non plus le fruit du hasard.

Personnellement, je suis trop jeune pour avoir connu le FLQ, la crise d’Octobre ou encore d’avoir eu la chance de voter aux deux référendums pour l’indépendance. En revoyant les images d’archives du film, en revoyant la flamme nationaliste briller dans les yeux des militants, de voir pour quels enjeux nos aïeux se sont battus en comparaison à la situation actuelle de notre gouvernement en place, je ressens comme un pincement au cœur.

Trêve de l’éditorial, revenons à la critique du film.

Le film s’ouvre sur une phrase coup de cœur, qui lance le ton du récit : Je me sens tellement seule, peut-être que j’ai trop aimé. Je reconnais le travail de la réalisatrice d’avoir eu cet énorme casse-tête à assembler, devant tout le matériel sur Pauline Julien. Il y a bien ces quelques moments en compagnie d’Alan Glass, ami intime de la chanteuse et militante, qui nous confie ses souvenirs avec elle. Le film m’a laissé sur ma faim malheureusement, se terminant un peu en coït interrompu. Je crois malgré tout que le film fera œuvre utile, ne serait-ce que pour ne pas oublier.

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