Sherbrooke, 26 mai 2025 — Depuis le début de l’année, déjà huit femmes ont été assassinées au Québec (possiblement neuf), la plupart dans un contexte de violence conjugale ou familiale. Quatre dans les 11 derniers jours. Deux en deux jours. Le quart des victimes étaient autochtones de Puvirnituq au Nunavik. D’ailleurs, les femmes autochtones représentent 36% des victimes de féminicides, mais seulement 5% de la population au Canada.
Connaissez-vous leurs noms? Lisa Marie Rytar, Ginette Gosselin, Luuku Luukku, Denise Brouillette, Nellie Tullaugak-Wilson, Lyne Fournel, Simone Mahan, Patricia Lynda Thériault, et possiblement Jeannine Durocher.
Relisez encore. Encore. ENCORE. Jusqu’à temps que leurs noms soient bien étampés sur votre rétine et que vous ne puissiez plus ignorer ces femmes assassinées dans la plus grande insensibilité. De simples faits divers. Le genre d’articles qu’on évite sur le web et dont on tourne rapidement les pages papier.
Nous sommes en colère.
Les violences genrées et les féminicides sont possibles seulement dans une société patriarcale qui les banalise. On en est là collectivement. Même si on se vante de bien des avancements pour l’égalité entre les femmes et les hommes et entre les femmes elles-mêmes, on sait très bien que s’il y a eu de tels avancements, c’est parce que les femmes elles-mêmes ont défendu leurs droits et revendiqué leurs libertés. C’est la même chose pour nos camarades des communautés 2SLGBTQIA+ et tout autre groupe vivant à la croisée des oppressions.
Nous sommes en colère.
Du cash, ça suffit pas François. Va falloir que tu comprennes que du logement social, du transport en commun gratuit et adapté, l’accès à des banques alimentaires, à de l’aide à la recherche d’emploi, à de l’aide au budget, les éducatrices à l’enfance, les profs, l’accessibilité à la santé au grand complet, plus de programmes pour adapter des domiciles et des maisons d’hébergement… tout ça sauve la vie des femmes.
On a toujours haï les gens qui se moquent de la justice sociale, de l’équité, de la solidarité. En ce moment, on fait le constat qu’on haït ben du monde. Parce que le monde est dégueulasse et violent. Dans le monde, une femme est tuée par un proche toutes les 10 minutes. Au Canada, une femme est assassinée tous les 48 heures.
Y’a des féminicides partout, François.
Quatre féminicides en 15 jours. Entre le 7 mai et le 22 mai 2025.
Trois féminicides en 9 jours entre le 7 mai et le 15 mai.
Deux féminicides en 2 jours. Les 14 et 15 mai.
Pas ailleurs : au Québec.
Nous, on appelle ça une crise.
On est écoeuré-es. On exige que les vies des femmes et des personnes à la croisée des oppressions, notamment les personnes trans et non-binaires, qui se font d’ailleurs assassiné-es en silence et dans l’indifférence, soient une priorité!
Plus qu’un pipeline, plus qu’une game de hockey, plus qu’un troisième lien, plus qu’un énième projet de loi nuisible et raciste adopté en utilisant une clause dérogatoire de la Charte des droits et libertés, PLUS QUE TOUT!
PAS UNE DE PLUS est une Collective citoyenne de Sherbrooke qui rassemble des féministes en action contre les violences envers les femmes et les personnes à la croisée des oppressions. Nous sommes une collective autogérée qui travaille avec une analyse féministe, intersectionnelle et transinclusive des luttes. Nos actions sont politiquement orientées vers la déconstruction des systèmes de domination, comme le patriarcat et le capitalisme.