La crise du logement et… le sens de la vie!

Date : 1 octobre 2024
| Chroniqueur.es : Marc Bédard Pelchat
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La crise du logement est tributaire d’une autre crise beaucoup plus profonde : une crise de sens! En ce moment il y a un énorme champ d’interprétation au sens du mot ‘liberté’. Il est employé à toutes les sauces pour justifier tous les choix et toutes les actions, sans ambages. Pourtant cette liberté sans contrainte a un prix et il est de plus en plus lourd.

Cela peut sembler simpliste d’avoir à le répéter mais nous vivons en société. Nous ne pouvons faire fi de l’existence de l’Autre. L’autre, notre voisin•e, notre collègue, etc. L’Autre c’est aussi la communauté dans laquelle nous évoluons. Il est dit que chez les peuples premiers, il faut penser sept générations en avant de soi lorsqu’on veut faire quelque chose. On ne peut pas dire en ce moment que nous prêtons flanc à cette maxime dans l’élaboration de ce que nous faisons comme société!

Il n’y a peut-être a pas eu d’âge d’or de la vie en société car à toutes les époques nous retrouvons des conflits sanglants pour toute sorte de raisons imaginaires. Imaginaires car justifiées pour les besoins du moment. Rien ne peut justifier de se massacrer pour un bout de territoire ou tout autre objet de convoitise.

Nous avons à notre portée une quantité invraisemblable de connaissances accumulées sur des siècles et pourtant nous continuons à faire comme si tout ce savoir ne servait à rien. Dans cette optique nous ne pouvons parler d’avancement de civilisation mais plutôt de régression car si nous avons accès à des savoirs ancestraux ou scientifiques qu’il a fallu acquérir parfois à des coûts faramineux et que nous en faisons fi, nous sommes responsables des situations dans lesquelles nous nous retrouvons comme collectivités.

Une notion importante dans tout cela est celle-ci: il n’y a aucun lien entre économie et argent. Il existe une économie dans la nature qui s’équilibre par la symbiose. C’est de ce côté-là qu’il faut regarder. En autant que je sache, il n’y a dans la nature aucun échange d’argent. Nous n’avons besoin ni d’être matérialiste pur et dur, ni spirituel ou religieux pour l’observer. Cela se passe sous nos yeux depuis des millénaires. Nous le savons pertinemment puisque maintes activités que nous exerçons fort heureusement ne nécessitent pas d’argent, tels les échanges, etc. ; bien que certains voudraient bien voir cela cesser et insidieusement monétariser ne serait-ce qu’un sourire.

Il est pratiquement impossible à ce moment-ci de faire valoir qu’économie ne rime pas avec argent car la plupart des systèmes économiques actuelles ne sont que prédateurs. Dans la nature si les prédateurs ont le dessus, ils finissent par éliminer toutes leurs proies et se retrouvent à crever en masse parce qu’ils n’ont pas sur gérer de manière équilibrée ce dont il dépendait. Les prédateurs deviennent des parasites qui tuent leurs hôtes. C’est l’économie dans laquelle nous sommes en ce moment.

Tant que nous aurons « la tête dans les chiffres » avec des indicateurs économiques qui n’indiquent en bout de ligne que le niveau de prédation où nous sommes rendus, sans même regarder à quoi cela nous mène, il n’y aura aucune possibilité d’établir une économique symbiotique, une économie d’échange, de coopération et circulaire, en lieu et place d’une économie de compétition et de prédation.

Ainsi en est-il de l’habitat. Nous refusons de penser nos villes en termes de collectivité et nous compartimentons les gens et les activités à partir de critères matériels ou d’argent. Sont-ce cela les ‘valeurs québécoises’ que défendent certains ? Mes critères à moi sont d’un autre ordre. Ils ont à voir avec un sentiment d’appartenance ou non à une communauté et d’insérer les individus qui la compose dans son fonctionnement, selon leurs qualités et leur capacités. Parler de logement social ou de résidence individuelle c’est compartimenter les gens sous des critères de zonages indécrottables qui empoissonnent le vivre ensemble. De même en est-il des activités de toute nature. Comment s’insèrent-t-elle physiquement dans l’ensemble de l’occupation géographique d’un territoire donné. Notre façon de tout compartimenter sans vue d’ensemble de ce que cela produit en bout de ligne est pour le moins navrante sur tous les plans : esthétique, psychologique et physique, sans parler des milliers d’heures en déplacements inutiles. Toute la construction sociale (pas en termes d’immeuble mais en termes de paradigme) est à revoir de fond en comble pour que ce que nous faisons maintenant soit encore plausible dans sept générations.

À lire (parmi tant d’autres choses):

Janine M Benyus – Biomimétisme • Quand la nature inspire des innovations durables, 2017 408 pages
Isabelle Delannoy – L’économie symbiotique • Régénérer la planète, l’économie et la société, 2017 240 pages
Pablo Servigne, Gauthier Chapelle – L’entraide • L’autre loi de la jungle, 2017 384 pages
Suzanne Simard – À la recherche de l’arbre-mère, 2022 416 pages

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